A Bongor, chef-lieu de la province du Mayo-Kebbi Est, le 27 février dernier, le président de la République du Tchad et le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, ont posé la première pierre de construction du pont frontalier sur le Logone.
La ville de Bongor au Tchad et celle de Yagoua au Cameroun seront reliées en janvier 2023 par un pont d’une longueur de 620 mètres sur 7 de largeur circulable. Le lancement des travaux de construction de l’ouvrage a mobilisé les deux pays comme l’illustrent la présence du chef de l’Etat tchadien, celle du représentant du président camerounais et de la marée humaine qui a déferlé des deux rives pour assister à la cérémonie.
Situé à 7 km de Bongor, le lieu où est posée la première pierre de la mise en œuvre du projet du pont Bongor-Yagoua a été pris d’assaut très tôt par la quasi-totalité de la population bongoroise et celle de Yagoua. Le 27 février, la ville de Bongor a été mouvementée. Un mouvement qui s’est transposé au bord du fleuve, lieu de l’événement, vidant ainsi la ville de ses habitants. Pour la circonstance, Bongor a donné l’impression de vivre un Etat de siège, un jeudi non ouvrable.
Au marché du carrefour, les boutiques dans leur majorité sont fermées. Les parcs des agences de voyage désertés. Les voyageurs éprouvent des difficultés à trouver des occasions. Des bus en provenance de Sarh, Koumra, Doba et Moundou entrent tardivement à Bongor. C’est aux environs de 16 h que quelques-uns apparaissent dans la ville de Bongor. Les services et administration tout autour semblent ne pas fonctionner. Les responsables des services sont majoritairement conviés à la cérémonie. La très étroite voie bitumée engloutie par le sable a retrouvé propreté. La commune de Bongor a voulu réserver un accueil exceptionnel à son hôte de marque, le président de la République, Idriss Déby Itno. Pour cela, même le tronc des arbres a reçu un coup de pinceau. Depuis le poste de péage routier à l’entrée de Bongor, on observe un nettoyage conséquent de la voie jusqu’en ville. Et la sortie massive de la population qui s’est alignée le long du trajet donne l’impression qu’une sensibilisation a été faite de porte à porte pour accueillir le chef de l’Etat. Telle dans une campagne électorale, les couleurs du Mouvement patriotique du salut (Mps), le parti au pouvoir et celles des partis politiques alliés dominent. Des casquettes, des T-shirts en passant par des foulards aux effigies du Mps s’exhibent pour exprimer la joie de voir lancer, enfin, les travaux de construction du pont. Un vœu cher à la population bongoroise très attachée aux activités économiques transfrontalières. Désormais, elle peut facilement exporter et importer des produits grâce à la construction de ce pont dont le délai d’achèvement est de 36 mois.
Le président-fondateur du Mps a eu les honneurs d’un cortège de mototaxis, des voitures, des groupes de danses folkloriques de la province du Mayo-kebbi Est, habillés aux couleurs du parti au pouvoir tout le long de son parcours.
Les voisins camerounais par contre ont brandi le vert-rouge-jaune, la couleur du drapeau national, exprimant leur fierté d’être camerounais au lieu de s’apparenter à un parti politique, fut-il au pouvoir, comme les nôtres l’ont montré! “C’est le pays d’abord. La réalisation de cette œuvre n’engage pas le parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais. C’est au nom du pays tout entier que nous sommes ici aujourd’hui”, fait comprendre Barthélemy, citoyen camerounais dans l’un des groupes de danses traditionnelles venus agrémenter la cérémonie.
Sept kilomètres à pieds parcourus par les élèves. Mais aussi par l’ensemble de la population pour assister à la cérémonie de pose de la pierre, “ne sont rien, comparés au pont qui soulagera à jamais, les populations de Bongor et leurs voisines de Yagoua”, estime Abakar Mamoud, un commerçant installé à Bongor, depuis plus de dix ans. Habitué au trajet Bongor-Yagoua, il sait de quoi il parle, connaissant les tracasseries auxquelles il a l’habitude de faire face sur le fleuve Logone, surtout en pirogue. Des deux rives du fleuve, la joie se lit sur les visages à l’idée de voir se dresser d’ici trois ans, un nouvel ouvrage qui affranchira beaucoup de gens.
Nadjidoumdé D. Florent.