La ville de N’Djaména a renoué ces derniers temps avec les coupures d’électricité, qui plongent toute la capitale dans le noir.
“Gattô…djabo, gattô…djabo…” ce sont des propos du rappeur et slameur Ray’s Kim EDM, et refrain de sa chanson sortie le 30 mars dernier. En arabe local, “ils ont coupé l’électricité, ils l’ont ramenée”. C’est le lot quotidien de la galère que vit la plupart des quartiers de la capitale ces dernier temps. L’électricité de la Société nationale d’électricité (Sné) est devenue une denrée rare.
Un tour dans les cyber-cafés ou les services de secrétariat public vous renseigne plus sur la gravité de la situation. Pour simplement faire une photocopie, il faut visiter plus d’une dizaine d’endroits, pour espérer trouver un service qui dispose d’un groupe électrogène. La même peine s’observe du côté des détenteurs des restaurants et bars. “Pour faire tourner ma sandwicherie, j’utilisais l’électricité pour alimenter mon congélateur et aussi mixer du jus. Avant ça marchait bien. Mais ces derniers temps, depuis l’annonce du président de la République par rapport à la gratuité de l’électricité durant trois mois pour atténuer les effets de la pandémie à coronavirus, j’ai tous les problèmes. Mon congélateur a pris un coup à cause des coupures intempestives. J’ai beaucoup dépensé pour la réparation, tout en cherchant une alternative par l’acquisition d’un groupe électrogène. Actuellement, il y a plus de découragement parce que mes bénéfices journaliers vont dans l’achat du carburant”, rapporte Marina d’un air triste, avant d’ajouter que “mon groupe n’est pas neuf et je passe deux à trois jours pour son entretien ou sa réparation”.
Kaltouma fait tourner ses activités génératrices de revenus essentiellement grâce de l’énergie électrique fournie par la Sne. “Je gagne ma vie en vendant du yaourt local et du jus d’oseille. Pour la conservation, il faut de l’électricité pour faire tourner le congélateur. Les coupures d’électricité engendrent d’énormes pertes pour mon commerce”, déplore-t-elle, avant de s’inquiéter : “ la reprise des cours est fixée au 1er octobre et c’est le moment où mon chiffre d’affaires augmente. Mais à cette allure, est-ce que je pourrais m’en sortir ?”.
L’impact de la coupure d’électricité ces derniers temps n’est pas seulement visible du côté des entrepreneurs, mais aussi dans les domiciles des particuliers. Si Marina et Kaltouma sont à bout de souffle par rapport à la survie de leurs commerces, Franklin, sa femme et ses enfants qui sont des accros des séries télévisées, sont angoissés presque chaque jour. “Je suis obligé d’acheter du carburant chaque soir pour permettre à ma famille de suivre la télévision”.
La majeure partie de la population apprend à s’adapter avec les lampes à panneau solaire, qui ont inondé les marchés de la capitale. “Depuis une semaine, la Sne a laissé la lumière deux fois de minuit à 8 h. Alors j’étais obligé d’acheter cette lampe à panneau solaire. Nous le mettons au soleil le matin et le soir. Nous l’utilisons pour éclairer la maison” informe Mbaïam Claude habitant le quartier Abéna. Il ne comprend pas comment cela se passe puisque la coupure d’électricité varie d’un quartier à un autre. “Dans mon lieu de travail, on a l’électricité chaque jour. Le matin je récupère tout ce qui est rechargeable à la maison pour aller charger au bureau”.
Modeh Boy Trésor