Le Salon des belles lettres a organisé un concours des nouvelles autour du thème “Remuer la plume dans le virus” du 18 avril au 3 mai 2020. Ouvert au grand public, 25 textes ont été proposés. Le jury a retenu trois lauréats et proclamé les résultats le 17 mai dernier.
Madjitoubangar Djarim Bonaventure comédien, metteur en scène, animateur culturel et directeur du Théâtre Elan, membre de l’organisation du concours estime que ces textes inspirent une création théâtrale sous plusieurs formes d’expressions. Ce qui peut contribuer à la sensibilisation pour la prévention de la Covid-19. On peut effectuer la mise en voix, qui consiste à amener les textes dans un contenu auditif. Au-delà des mots, il question de créer une esthétique sonore autour des textes, faisant appel au bruitage. Ce qui est différent d’une mise en scène. La mise en voix se fait au studio avec sa technicité, pour une durée entre 5 à 7 mn. On peut aussi faire la mise en espace, qui consiste à ramener le texte dans un espace et le dire avec le corps, dans une scénographie qui s’approprie le contenu de la nouvelle écrite. À travers le texte, c’est la recherche de l’esthétique, puis d’un endroit adapté au texte et y créer un univers. Ici, les mots sont dits avec émotion, ce qui entraîne la réécriture du texte initial. La mise en espace est un spectacle vivant qui peut durer 10 à 15 mn.
Pour Bonaventure, la particularité de la création se trouve dans la quotidienneté. Les textes traduisent l’univers et le quotidien de chacun dans le contexte de la pandémie Covid-19. Tout le monde n’aura pas accès au livre, donc l’idéal c’est de le mettre en voix, pour permettre à ceux qui écoutent la radio d’avoir accès à l’ouvrage sous forme sonore et aux téléspectateurs de suivre la mise en espace à la télévision. Un texte qu’on lit est différent d’un texte qu’on entend ou qu’on interprète à travers des corps. C’est pourquoi, les textes deviennent des prétextes pour habiller le corps et l’espace dans un autre langage esthétique. Puis Madjitoubangar Djarim ajoute que techniquement, il faut lire le texte en entier plusieurs fois, le travailler et le découper. Et dans le nouveau texte, on y ajoute l’intonation en ressortant l’esthétique qui va avec, le silence qui l’entoure, la manière de le dire et non de le lire, etc. Toute une série de travail à faire avant sa mise en œuvre. C’est le travail de recherche de toutes les formes sollicitées qui aboutit à la création. Donc, on peut faire appel à des comédiens, musiciens, danseurs, scénographes, etc. Au-delà des textes, sur le plan artistique, il est question de donner de l’espoir aux gens et non rester scotcher au coronavirus. L’esthétique à construire c’est l’espoir. Il conseille d’aller au-delà de cette pandémie avec son corollaire de souffrance et de psychose. Bonaventure estime que “les deuils sont les lieux de sociabilité où les gens se rencontrent, se rapprochent et échangent. Avec la Covid-19, les habitudes changent et nous sommes en train de perdre nos lieux de partage et de prétexte pour se rapprocher et se réconcilier, quand on ne s’entend pas. Dans ce contexte de la pandémie de Covid-19, nous continuons de refuser de mourir, donc il faut incarner l’espoir. C’est devant une telle situation qu’il faut être fort et convoquer toutes les compétences. C’est maintenant que chacun doit dire “il faut que ce genre de situation n’arrive plus”. Donc, c’est d’écrire l’espoir dans cette dure réalité qui reste un champ ouvert au questionnement. Cette création peut contribuer grandement à la sensibilisation de masse”.
RM