C’est le titre d’un ouvrage paru aux éditions Edilivre en 2019, et sous titré “Ecrire c’est se mirer, lire n’en n’est pas moins”, sous la plume de dame Doumirose Ka Naïmian. Il comporte112 pages et est subdivisé en 13 parties inégalement réparties, dont la première propose un intertitre. La Une présente l’image d’un tournesol en pleine floraison.
C’est l’histoire de deux élèves, Max et Raïssa, qui se sont connus en classe de terminale et dont l’amitié s’est muée au fil du temps en désir charnel. Malgré la mise en garde de la maman de Raïssa à sa fille, l’irréparable se produit. Elle tombe enceinte après l’obtention de son diplôme, pendant que Max choisit de tourner le dos aux études supérieures. Cela, dans une société où une grossesse non désirée, et/ou hors mariage, est un acte honteux, dégradant et un déshonneur pour la famille de la fille. D’autant plus que la famille de Raïssa, qui est très impliquée dans les activités de l’église, est considérée comme le meilleur exemple en matière d’éducation formelle et informelle. Ses parents décident de se séparer d’elle. Max et sa famille, à cause de cet acte désobligeant, acceptent de l’accueillir. Avant son départ dans sa nouvelle famille, Raïssa bénéficie d’un lot de conseils prodigués par ses parents. Des conseils qu’elle estime lourds de sens, mais dont la portée ne semble pas évidente sur le coup. Des conseils avisés qui l’accompagnent dans sa nouvelle demeure, jusqu’à l’accouchement de leur premier enfant, prénommé Prosper Nédingam.
Une cohabitation difficile
Max, face à sa nouvelle situation, reprend les études, décroche son diplôme et trouve un stage concluant. Embauché, il gagne bien sa vie, voyage beaucoup, loue une villa, déménage sa famille et ouvre une boutique à sa femme. Mais, il sait qu’il a une obligation vis-à-vis des parents de Raïssa. Régulariser sa situation. Lors de la cérémonie de remise de dot, contre l’avis des parents de Raïssa, les oncles paternels de celle-ci, conviés pour la cérémonie, exigent un million de francs de dot, sans tenir compte de tous les présents assemblés. Un montant que les parents de Max versent. Ce dernier le digère très mal, perd le sourire et sa bonne humeur. Tout bascule alors pour Raïssa, qui vit désormais l’enfer sous le toit conjugal. Tenue pour responsable, elle est quotidiennement bastonnée par un mari qui découche, rentre trois ou quatre jours plus tard et lui inflige toutes les tortures possibles. Elle refuse d’admettre cette métamorphose, s’accroche aux conseils de sa mère et à sa croyance en Dieu. Mais excédée, défigurée, édentée et au risque de perdre sa vie, elle abdique, ramasse ses deux enfants et rejoint, méconnaissable, ses parents.
Le temps passe, Max réalise ce qu’il a perdu, veut tenter une reconquête, mais, personne ne le suit. Ni ses parents, moins encore son meilleur ami, qui a tenté en vain une énième conciliation. Seul, devenu ermite et souvent très malade par le fait de ses vagabondages sexuels, il décide de tenter le tout pour le tout. Il se présente chez les parents de Raïssa, est accueilli dans la cour par Innocent, le petit-frère de cette dernière qui a toujours juré d’avoir sa peau, à cause de ce qu’il a fait subir à sa grande sœur. Il le somme de rebrousser chemin. Max résiste et, dans la mêlée de la bagarre, reçoit plusieurs coups de poignard du garçon. Les cris de Raïssa alerte la maisonnée. Max est transporté à l’hôpital, subit des interventions chirurgicales et entre dans le coma.
Aujourd’hui, l’organisation du mariage, dans ses différentes étapes, épouse l’ère du temps et échappe aux traditions, us et coutumes. Ce que dénonce l’auteure, de son vraie nom Rose Doumtelem Milamem, le fait que les pesanteurs socioculturelles et le contexte économique difficile, tendent à déterminer la direction des foyers, avec leurs poids et charges émotionnelles environnementaux. Ce qui fait que la dot est considérée aujourd’hui à la fois comme synonyme de réussite sociale et une opération commerciale. Dès lors qu’une étape est brûlée, elle devient un motif ou argument de taille pour les défenseurs de l’ordre social nouveau.
L’écriture de l’auteure, entre nouvelle, récit et théâtre, est un genre à la démarche complexe, qui sous-tend un plaidoyer et s’apparente à un essai sociologique, car il est question de tradition, modernisme et religion. La triptyque, bâtie autour de “l’Amour” (familial, charnel et spirituel) rapproche et éloigne le lecteur d’une œuvre dramatico-tragique. C’est le libre arbitre qui est interpellé autour de la question : Une dot très élevée fait de la femme un objet, une obligée ou l’esclave de l’homme ? Peut-elle éloigner les familles ou être la cause d’un malentendu ou d’une cohabitation difficile entre le couple ? Il appartient à chacun de se procurer le livre, le parcourir, s’installer au cœur de la lecture et instaurer le débat quel que soit le milieu et arriver à une conclusion. En attendant bonne lecture !
Roy Moussa