Des rumeurs entretenues autour de l’utilisation des méthodes contraceptives conduisent de nombreuses femmes à s’en méfier. Des sensibilisations devraient aider à un changement d’attitudes.
“Depuis que j’ai commencé à prendre les contraceptives, j’ai les troubles menstruels. Je peux avoir deux à trois menstruations dans un mois”, explique Bénédicte qui vient d’avoir un bébé, il y a six mois.
“C’est depuis presqu’un an que j’ai arrêté de prendre les contraceptives, mais jusque-là, je n’arrive pas à concevoir. Je suis repartie voir les sages-femmes et elles m’ont rassurée que ce sont les effets et que ça va passer mais jusque-là je ne vois rien. Je suis obligée d’aller consulter un gynécologue qui m’a dit les mêmes propos, mais ça m’inquiète déjà puisqu’on ne se comprend plus avec mon mari”, raconte Angeline. A l’image de ces femmes, bien d’autres encore vivent les mêmes complications liées à l’utilisation des contraceptives. Menstruations abondantes ou difficultés à concevoir constituent entre autres le souci de celles-ci.
Mais pour Rosalie, c’est tout à fait le contraire. Elle est sous contraception mais tombe enceinte, pourtant. Ce qu’elle n’arrive pas à comprendre. “J’étais malade, et j’étais partie à l’hôpital pour les examens. C’est ainsi qu’après avoir fait les examens, le médecin m’informe que je suis enceinte. Je n’ai pas cru un instant et je suis repartie expliquer aux sages-femmes qui ont fait un autre test qui a toujours donné un résultat positif. Dès lors, je ne crois pas à ces méthodes contraceptives”. Pour Zara Ali Langolo, cheffe de division de la clinique de l’Association tchadienne pour le bien-être familiale (Astbef), le non-respect de temps et de rendez-vous de la prise de ces contraceptions peuvent provoquer des effets, dont la grossesse. “Dans la méthode orale, si la femme doit prendre un comprimé par jour à la même heure et qu’elle ne respecte pas l’heure, elle peut tomber enceinte, si elle fait le rapport sexuel. Par exemple, si la femme doit prendre son comprimé chaque 6 h du matin et qu’elle oublie, et se rappelle après deux ou trois heures plus tard, elle peut se rattraper. Mais si elle ne prend pas carrément et qu’elle fait le rapport, elle peut tomber enceinte”, explique-t-elle. Zara d’ajouter que c’est la méthode injectable qui fait circuler les rumeurs. “Cette méthode fait trop circuler les rumeurs parce que, dans celle-ci, si la femme arrête ses injections, elle peut passer trois à six mois, voire plus avant de concevoir. Il y a aussi certaines femmes qui tombent enceinte juste après avoir abandonné les injections. Tout dépend de l’organisme de chaque femme. Et là, nous-mêmes à notre niveau, nous préparons déjà l’esprit de toutes celles qui viennent nous consulter”, explique la responsable.
D’après les expériences sur le terrain, Sara, une sage-femme à l’hôpital de Guinebor, rassure les femmes que les contraceptions ne rendent jamais stérile mais elles ont plutôt des effets secondaires. “Pour celles qui n’arrivent pas à concevoir après avoir été sous contraception, il faut qu’elles consultent un gynécologue. Leur problème est certainement ailleurs. Et pour ces femmes qui saignent beaucoup, il faut qu’elles comprennent que ce sont les effets secondaires du produit qui agissent sur l’endomètre de l’utérus. Mais on demande à ces femmes-là de revenir pour qu’on corrige. De fois, c’est la méthode qui ne correspond pas à l’organisme. Pour celles qui prennent trop de poids, nous les contrôlons à chaque rendez-vous. Si ça persiste, on arrête. Je répète encore que les contraceptives ne rendent jamais stérile”, rassure Sara.
Mendjiel Virginie,Stagiaire