La bibliothèque nationale non fréquentée

C’est pratiquement sous un climat de désertion qu’on observe la bibliothèque nationale du Tchad, quasiment tous les jours. Un constat qui laisse croire que les tchadiens ne lisent pas beaucoup.

C’est un silence de cimetière quand on franchit les portes de la bibliothèque nationale. Hormis les bruits des engins qui passent sur la voie bitumée, ce n’est pas une chasse aux connaissances livresques. La cour du joyau architectural est vide. Au parking, ce ne sont que des engins du personnel et de quelques rares visiteurs garés sous la garde placide du vigile et des gendarmes.

A l’intérieur de la bibliothèque, toutes les conditions sont réunies pour s’aventurer dans les livres. Un accueil chaleureux du personnel et un silence propice à la lecture. Malgré cela, les lecteurs sont très rares et quasiment absents quelquefois. Aucun étudiant ou élève n’est aperçu. Les sièges respirent le vide.  Les quelques personnes observées dans la salle de lecture ne sont que des chercheurs qui viennent consulter des ouvrages et des documentations. La fréquentation est tellement faible qu’à peine une personne fait son entrée dans la salle de lecture, elle est rapidement prise en charge par le chargé des services éducatifs et culturels de la bibliothèque et son stagiaire. Les deux sont plus que radieux de recevoir de la visite, telle est l’expression qui se dégage de leur sourire. Sinon, ils passent le clair de leur temps à s’ennuyer. Très vite, ils s’empressent avec enthousiasme à montrer les catalogues afin de procéder à la visite dans les différents rayons. Dans ces rayons se trouvent assez des ouvrages et de la documentation qui pourraient attirer plus d’une personne s’intéressant à la lecture.  Nguinambaye Ndoua Manassé, directeur de la bibliothèque nationale explique les causes. “La bibliothèque n’est pas très fréquentée, c’est beaucoup plus au musée que les élèves viennent en masse pour des visites organisées par les encadreurs. L’année passée, en 2019, il y a eu une excursion pédagogique qui a vu la participation de plus de 10 établissements sous la responsabilité du musée et de la bibliothèque nationale parce que la visite a été organisée dans la bibliothèque et au musée en même temps. C’est après cette excursion que les élèves se sont intéressés un peu à la bibliothèque mais juste pour un temps”. Le responsable  souligne que les tchadiens ne sont pas bien informés sur le processus de la fréquentation de la bibliothèque nationale. “Les gens pensent que la consultation des documents à la bibliothèque est payante, pourtant elle est gratuite. En cette période de la pandémie de Covid-19, on demande aux visiteurs de respecter simplement les mesures barrières”, informe-t-il.

     Elodie Yang-Vang, stagiaire.