Donia expérimente le préscolaire communautaire

Le canton Donia, en même temps sous-préfecture dans le département de la Nya-Pendé, expérimente depuis l’année dernière, une école maternelle communautaire de niveau petite et moyenne section.

Installée sur un site d’emprunt, précisément dans le local qui abrite le château d’eau, l’école occupe une des deux pièces de l’unique bâtiment existant. Un gros arbre se tient devant le bâtiment et sert de salle de classe en plus de l’unique pièce qui comporte quelques tables bancs, mais également du matériel pédagogique et des kits de jeux ludiques. Le choix du site provient de sa clôture en grillage, qui permet d’assurer l’encadrement et une meilleure surveillance des enfants, pour éviter qu’ils s’égarent de l’aire destinée aux activités scolaires. Les cuisinières ont installé leur dispositif culinaire sous un second arbre qui fait office de hangar, distant de celui qui sert de salle, d’une vingtaine de mètres. Quatre animatrices formées par l’Unicef et deux cuisinières gèrent au quotidien les élèves, dont l’effectif cette année scolaire est de 64 élèves en petite section et 69 en grande section. Comparativement à l’année dernière où les petite et moyenne sections, avaient un effectif de 40 élèves par classe. Mme Mémadji Georgette, responsable des animatrices en poste depuis l’année dernière, explique cet état de fait par une demande croissante d’inscription des parents d’élèves. Ce que confirme Taroum Khamis, le président du comité de gestion de l’école : « le canton et sous-préfecture de Donia est la localité la plus peuplée du département, et n’a pas une école maternelle en dehors de celle de l’école catholique associée, qui ne peut contenir tous les enfants de la localité. Avec le site pétrolier de Badila situé dans la localité, beaucoup de travailleurs dans le domaine des sous-traitants des entreprises pétrolières, sont installés ici avec leurs familles, dont les enfants ».

Une réponse de l’Unicef saluée, mais …

Les habitants de Donia ont salué cette initiative de la création d’une école maternelle communautaire, fruit d’un partenariat entre l’Etat tchadien à travers le ministère de la Femme, de la petite enfance et l’Unicef, a informé Taroum Khamis. Un partenariat dont la réponse de l’Unicef s’est déclinée en la construction d’une école maternelle, à quelques pas du château d’eau. Une école constituée d’un bâtiment de deux salles de classe, dont la construction est en cours de finition. Taroum Khamis, le président du comité de gestion de l’école est préoccupé à l’approche de la finition des travaux : « nous allons d’ici peu intégrer le nouveau bâtiment, mais ce sera difficile parce qu’il ne dispose ni de clôture, ni de latrine, ni de point d’eau, ni de magasin et encore moins de cuisine. Pour l’instant, le comité de gestion s’arrange pour trouver les goûters aux enfants.  Le comité de gestion est préoccupé par rapport à la continuité en termes de perspectives. Tous les enfants qui étaient en grande section l’année dernière devraient en principe aller au Cp1 à l’école primaire. Mais à l’école officielle de Holo par exemple, au Cp1 vous avez 200 élèves. Or, nous tenons compte de la qualité de l’enseignement, c’est pourquoi nous avons limité le nombre d’élèves ». Pour ce dernier, puisque l’Unicef a formé les animatrices pour donner un enseignement de qualité aux enfants, le Cp1 doit sortir sous l’encadrement du comité de gestion. Et comme ce sont des enfants du Cp1 au Cm2, dit-il, cela doit intéresser l’Unicef.

 

Plaidoyer ou compréhension étriquée du partenariat entre le Tchad et l’Unicef ?

Pour Mme Mémadji Georgette, les difficultés résident au niveau du manque  et de l’insuffisance, des nattes. Des besoins importants et prioritaires selon elle, pour finir l’année scolaire dans de bonnes conditions, soutient-elle, sans oublier le nerf de la guerre qu’est l’argent. « L’Unicef a fourni à l’école des bassins, des seaux d’eau, des kits d’hygiène, et construit un bâtiment, ce qui est une bonne chose. Mais notre prise en charge, nous les animatrices, est insuffisante. Nous sommes des mamans qui avons laissé nos familles à Doba, pour venir enseigner ici. Donc, nous louons les maisons ici à Donia, nous nous déplaçons, on se nourrit et nous nous soignons avec les 60 000 francs de subside que l’Unicef nous alloue mensuellement. Vraiment ce n’est pas suffisant pour joindre les deux bouts. Nous avons beaucoup de difficultés », plaide-t-elle.

 

Pour une meilleure compréhension du projet

Mme Alexide Kassamba, responsable éducation du bureau zone sud de l’Unicef, précise qu’ « une enquête a révélé que plus les enfants accèdent au préscolaire, plus il y a la possibilité qu’ils restent longtemps et finissent les cycles ». Mais elle ajoute que la situation globale du préscolaire ne marche pas beaucoup au Tchad selon la même enquête. C’est pourquoi, ce projet financé par l’Ong canadienne Agape vise à booster le préscolaire. C’est un projet pilote qui est en train d’être mis en œuvre dans les provinces du Lac et du Logone oriental. Pour le cas du Logone oriental, cinq localités ont été choisies là où il y a beaucoup d’enfants en âge de scolarisation et qui pourront continuer les études. Egalement là où il y a beaucoup de filles, parce que le projet vise également à « briser les barrières qui empêchent aux filles d’aller à l’école ». Outre Donia quatre autres localités du département à savoir Danamadja, Goré, Kabaroangar et Yambodo bénéficieront également de la même construction. Dans ce projet, précise-t-elle, « il est prévu également la construction des latrines et un point d’eau, pour mettre les enfants dans de bonnes conditions d’apprentissage, jusqu’à finir le préscolaire avant d’intégrer le primaire », -t-elle.

Roy Moussa Envoyé spécial