“Donnez-nous ce qui revient de droit au Logone oriental”

Pour diverses raisons, le Comité provisoire de gestion des 5% des revenus pétroliers (Cpgrp) du Logone oriental a cessé de fonctionner depuis deux ans. A la tête d’un mouvement des jeunes, Yobelngaral Giscard, natif de Doba et délégué du 1er arrondissement de la ville, mène des actions pour sa réouverture.

Pourquoi le Comité provisoire de gestion des revenus pétroliers a fermé ses portes ?
Les raisons qui ont milité pour la fermeture du bureau du Comité de gestion des 5% des revenus pétroliers destinés à la zone productrice de Doba sont en premier lieu, l’élaboration d’une clé de répartition. D’une province au départ, nous sommes aujourd’hui à trois : Logone oriental, Logone occidental et Chari-Baguirmi. L’on évoque aussi la mauvaise gestion des 5% par les membres du
comité. Cela a été détecté après une mission de contrôle. Cette mauvaise gestion a été encouragée par l’ex-Collège de contrôle, de surveillance des revenus pétroliers (Ccsrp) qui octroyait les marchés et les projets par copinage et appartenance politique.
Quelles sont les conséquences de cette fermeture sur le Logone oriental en général et la ville de Doba en particulier ?
La fermeture du Comité de gestion des 5% a entraîné le chômage local accru. Il y a manque d’approvisionnement de carburant des cinq centrales électriques des chefs-lieux des départements, notamment Bodo, Béboto, Bébedjia, Goré et Baïbokoum mettant ainsi ces villes dans le noir. Cette rupture en électricité a créé des conséquences néfastes sur les activités génératrices de revenus. Les
mairies de Doba, Bébedjia et Goré recevaient de la part du comité de gestion des subventions d’un montant global de 500 000 000 francs CFA répartis comme suit : 200 000 000 francs CFA pour la ville de Doba et 150 000 000 francs CFA chacun aux départements de Goré et Bébedjia. Aujourd’hui, il n’y a plus rien. Cette fermeture a conduit aussi à l’arrêt du projet : “un village une Pompe à motricité humaine” qui devait faciliter l’accès à l’eau potable.
Nous assistons à la réduction du panier de beaucoup de ménages, car les 5% constituaient une chaîne à travers le fonds de solidarité ; le non-paiement de salaire du personnel technique du Cpgrp.
Pour la ville de Doba, cette fermeture a entraîné l’arrêt de l’extension du réseau électrique et la non alimentation de la centrale électrique quand les citernes des carburants, en complément, destinés
à la Société nationale d’électricité (Sne) ne sont pas prêtes.

Aujourd’hui vous êtes à la tête d’un mouvement des jeunes qui réclame la réouverture du Cpgrp. Quelles actions menez-vous déjà et quelles sont celles prévues ?
En termes d’actions menées sur le terrain, nous sommes en train de sensibiliser à travers les
réseaux sociaux et les médias locaux. L’objectif est d’expliquer, de sensibiliser la population afin
qu’elle sache que les 5% des revenus du pétrole sont un droit et qu’on doit se mobiliser pour
exiger la réouverture du comité de gestion. Nous faisons aussi le porte-à-porte pour cette sensibilisation. Nous envisageons organiser une marche populaire simultanée dans les six départements du Logone oriental afin de faire entendre notre ras-le-bol. Notre marche ne se limitera pas seulement à la revendication de la réouverture du comité de gestion des 5% des revenus du
pétrole qu’accorde la Loi à la zone productrice, mais nous allons aussi mettre un accent particulier sur la gestion de ce fonds par les natifs de la province du Logone oriental.

Avez-vous le soutien des cadres ressortissants du Logone oriental résidant à N’Djaména ?
En ce qui concerne le soutien des cadres de notre province résidant à N’Djaména, nous avons l’appui de quelques-uns, mais les autres s’éclipsent face à ce débat qui concerne la survie de notre province.
Nous sommes exclus des 65% et maintenant, il y a des manigances par-ci et par-là pour fermer nos 5%, d’ailleurs pilotés par quelqu’un qui n’est pas de la localité.

Comment peut-on comprendre que l’État qui dispose de tous les moyens, prend des décisions sous prétexte que la mauvaise gestion soit à la base de la fermeture de cette institution ? S’il y a une mauvaise gestion, c’est aussi à l’État de prendre des sanctions contre les auteurs et procéder à la mise sur pied d’une nouvelle équipe pour gérer. Fermer le Comité de gestion des 5% pour des raisons
de mauvaise gestion ou malversation revient à nier qu’il n’y a pas de compétences possibles dans le Logone oriental pour gérer ce fonds. Il y a un paradoxe dans cette histoire. Si on se réfère à un document actuellement en notre disposition émanant du Secrétariat général de la présidence, il est instruit au ministère des Finances de rouvrir les 5% mais jusque-là rien n’est fait. Nous demandons juste de rendre au Logone oriental ce qui lui revient de droit.

Interview réalisée par Hermann Mbaïtolnan,
stagiaire