Entrepreneuriat en milieu chrétien au Tchad

Deux auteurs, Dingamnodji Koïlo Nguinabé et Gong-Hibé Kerahn Fernand ont coécrit un livre de 142 pages, titré “Chrétien et entrepreneuriat au Tchad”, paru aux éditions AZ en septembre 2020. Il est présenté le 15 mai 2021, à l’Eglise la bonne nouvelle.

La conclusion est un cri de cœur et un appel à l’encouragement des jeunes chrétiens à entreprendre. A partir des exemples recensés et compilés sur la base des récits, témoignages et entretiens divers qui illustrent le livre, la conclusion laisse entrevoir que c’est le milieu chrétien tchadien, et sa conception erronée de la bible, qui est un frein et une difficulté pour le développement de l’entrepreneuriat au sein de la communauté. D’où cet appel au réveil et à un sursaut, pour faire bouger les mentalités.

Entreprendre n’est pas un péché

C’est ce qui ressort des passages proposés par Dingamnodji Koïlo à la conclusion : “(…) Nous avons fait appel à la seule observation selon laquelle, les jeunes chrétiens sont presqu’absents de l’auto emploi, de l’innovation et d’une manière générale de l’entrepreneuriat privé. Et nous avons voulu lancer un cri pour pousser les jeunes à bouger. La bible n’interdit pas l’entrepreneuriat ; au contraire de nombreux passages exhortent à le faire (…). Bien souvent, la non réussite dans l’entrepreneuriat provient de ce que Dieu n’est pas associé ou que ses œuvres ne profitent pas assez des ressources de la part des promoteurs qu’il a pourtant soutenus (…)”.

La répartition des chapitres entre les coauteurs, permet à Dingamnodji Koilo d’introduire au niveau du premier, l’entrepreneuriat à partir de son concept qui traduit l’esprit d’entreprise, facteur de création de richesse. Il distingue l’entrepreneuriat social de celui lucratif, et s’appuie sur les quatre piliers qui fondent un entreprise : produit, prix, place et promotion. Les qualités attendues d’un entrepreneur sont aussi passées en revue, notamment : la passion, le leadership et le management, les capacités relationnelles, une bonne organisation et gestion du temps, la prise de risques, la confiance en soi, la compétitivité et l’épargne. Le tout assorti de conseils avisés, pour relever les obstacles à l’entrepreneuriat au Tchad, contenus dans le chapitre 2. Parmi les causes identifiées, figurent le manque de culture entrepreneuriale, le système éducatif, la famille, les litiges d’ordre juridique, l’environnement politique, la pression fiscale, la société de consommation qui caractérise le Tchad, la question des infrastructures, le cout de l’énergie et de l’Internet. Il est relevé qu’au niveau des églises, il n’y a pas suffisamment d’enseignement sur le développement holistique, le montage et la mise en œuvre des projets et programmes visant l’éradication de la pauvreté.

Deux chapitres terminés par des références bibliques, et qui ont fait le lit au coauteur Gong-Hibé Kerahn Fernand, pour entretenir de qui peut entreprendre (chapitre 3). Sa théorie est étayée par des cas pratiques. Le cas d’un planton devenu patron, le jeune vendeur d’eau, le voyageur devenu vendeur, le chauffeur devenu son propre patron, Eric et la solitude du héros, ainsi que Clément un parcours atypique sont des exemples recensés comme histoires vraies triées sur le volet, mais différentes les unes des autres par le fait que chaque histoire est issue d’un milieu différent.

Dans quel domaine entreprendre, l’objet du chapitre 4, Fernand constate que s’il existe une équation difficile à résoudre, surtout pour ceux qui cherchent à entrer dans le business, c’est bel et bien dans quel domaine se lancer ? “Nous habitons un pays où tout est à faire et pourtant, il semble qu’il n’y a rien à faire. Le problème est en rapport avec notre éducation, ainsi que les formations reçues. Dans nos cultures, la plupart d’entre nous, avons été élevés avec une mentalité de consommateur et non de producteur. (…). Avec une telle mentalité, il est difficile de voir des opportunités d’affaires autour de nous. Quand bien même nous les percevions, il nous serait quasi impossible de voir les solutions, sinon d’adopter les bonnes attitudes”. Des propos étayés d’exemples, avant de recenser quelques domaines possibles d’entrepreneuriat, appuyés aussi de versets bibliques.

Au chapitre 5, comment diriger son entreprise. Dingamnodji Koïlo conseille quatre étapes : planifier, exécuter, faire le suivi et évaluer. Il s’appuie sur l’exemple de la construction d’une maison, qui va de l’identification du site, la fondation, l’élévation des murs, les travaux de finition et la réception. Il consacre le chapitre 6 à l’illustration de ses propos, par des exemples vivants et vécus : celui de dame Doundarial Berthe, enseignante, qui a fini par être une femme d’affaires de référence comblée, qui a témoigné le mardi 5 août 2019, au sein de l’Eglise évangélique n°12 de N’Djaména. Suivi d’un autre cas, celui d’Amos Tatoloum Ondé, architecte, fondateur de la Société africaine d’architecture et d’ingénierie (Saai), qui a pignon sur rue, et dont certaines œuvres nationales, notamment l’Hôpital de la mère et de l’enfant, ainsi que la Place de la nation, qui portent ses griffes.                  RM