Éric Topona publie deux livres

“Misère et grandeur de la liberté d’informer” et “Essai pour la refondation du Tchad” sont deux ouvrages écrits par Eric Topona Mocnga présentés par l’Agence littéraire le Souffle et les éditions le Souffle, le samedi 12 février 2022 au Céfod.

Le premier livre intitulé “Misère et grandeur de la liberté d’Informer” de 196 pages, paru chez Édilivre en France est un ouvrage témoin du métier de journaliste qu’a exercé l’auteur au Tchad jusqu’au 4 mai 2013 où il reçoit une convocation du juge d’instruction du tribunal de grande instance de N’Djaména et sera placé sous mandat de dépôt et envoyé à la maison d’arrêt d’Amsinéné. Pour motif, complot et atteinte à l’ordre constitutionnel, fait comprendre le Directeur général de l’Agence, Sosthène Mbernodji. Il ajoute que c’est grâce à la mobilisation des journalistes et organisations internationales qu’Éric Topona a pu être libéré, sinon il y avait de lourdes charges qui pesaient sur lui avec une peine de prison à perpétuité. “La suite est connue, il pose ses valises en Allemagne. Au-delà de son expérience propre, il rend hommages aux journalistes qui prennent des risques inconsidérés au Tchad et partout ailleurs pour informer”, renchérit le directeur des éditions le Souffle.

Quand au deuxième livre intitulé, “Essai pour la refondation du Tchad”, plus volumineux que le premier avec 225 pages, comportant 12 chapitres paru aux éditions l’Harmattan, est une invitation à l’action, une réflexion sur le Tchad, indique Sosthène Mbernodji. “C’est pourquoi, il établit la connexion entre le passé et l’actualité (présent) et il revient aux tchadiens, artisans, de leur propre destin, de s’entendre et s’unir”, suggère-t-il.

Pour Célestin Topona, père de l’auteur, organiser une cérémonie relative à la situation politico-sociale du Tchad, un 12 février, c’est faire forcément un arrêt douloureux sur une date fatidique pour le pays faisant allusion du déclenchement de la guerre civile entre le Conseil supérieur militaire et les groupes militaro-politiques le 12 février 1979 et qui a duré pendant neuf (09) mois au Tchad. Pour lui, cette date est chargée de souvenirs certainement, les plus apocalyptiques qu’ait connus le Tchad même si l’auteur n’était pas encore né. “En ce temps-là, Éric n’existait pas mais, c’est en 1980 qu’il a vécu un bout de ces affrontements fratricides, dont les conséquences tragiques, dramatiques provoquent encore la chair de poule à leur seule évocation et c’est cette date que l’auteur de cet essai a choisi, pour que l’on présente son ouvrage au public tchadien, comme pour signifier qu’il faut que les tchadiens arrêtent de détruire leur pays et de se détruire eux-mêmes”, raconte Celestin Topona. Revenant dans les souvenirs de son fils pendant son incarcération de 3 mois en 2012, Célestin Topona estime que c’est lui qui a été visé pour son choix politique. “A dire vrai, ceux qui en voulaient à Éric Topona Mocnga ont manqué de courage, et ont raté le coche. Pour une question d’opinion politique, les tenants de l’intolérance ont voulu prouver leur toute puissance sur un citoyen, sur sa famille, sur ses amis nombreux qui sont les jeunes. Ils croyaient atteindre un but en frappant le fils au lieu du père…”, fustige-t-il.

“J’ai choisi de commencer ma réflexion par une immersion dans l’histoire récente et ancienne du Tchad, tout au moins depuis son accession à l’indépendance. Je suis resté fidèle en cela au Pr Joseph Ki-Zerbo, de regrettée mémoire, lorsque l’historien affirme : “Pour être conscient de l’avenir, il faut être héritier d’un passé”. Je me suis tout d’abord rendu à l’arrière-plan historique du chantier de la construction nationale dans notre pays. Nous savons tous qu’au Tchad, comme dans la quasi-totalité des Etats africains, le tribalisme, le régionalisme, le communautarisme, bref, le repli identitaire ont malheureusement encore de beaux jours devant eux le lot d’exclusions, de conflits parfois violents, voire extrêmement meurtriers”, constate Éric Topona. Dans son “Essai pour la refondation du Tchad”, Eric dit l’avoir construit autour de trois axes fondamentaux. De son lieu de résidence à Bonn en Allemagne, où il a fait parvenir un audio au amoureux du livre, présents dans la salle multimédia du Céfod, l’auteur dit tenter de montrer, avec des exemples à l’appui, que ces crispations identitaires reposent parfois sur des clichés, des préjugés et des prénotions créées par une certaine ethnologie coloniale, savamment et cyniquement entretenus par celle-ci. Pour Éric, c’est sur ces fondements théoriques que l’administration coloniale a bâti la carte anthropologique des jeunes États. C’est pourquoi, avec forces arguments, il s’est employé à déconstruire ces systèmes de pensées pernicieuses afin de faire réfléchir, d’éclairer la lanterne des générations présentes et futures du Tchad et la plonger dans le passé. C’est aussi un rappel important, suite aux lectures diverses sur la genèse et les séquences majeures qui ont jalonné 62 années d’indépendance de ce pays. “Dans cette partie de mon ouvrage, je convoque des faits et des arguments historiques pour démontrer que l’État tchadien n’a quasiment pas été construit par les Tchadiens ni pour les Tchadiens. Dès avant sa naissance et des décennies après son accession à l’indépendance, notre pays n’a eu cesse de susciter convoitises et tentatives de prédation, en raison de ses richesses et de son importance géostratégique. Dès lors, il devient manifeste que le premier pilier de la refondation du Tchad et du dialogue à venir sera de le bâtir par les Tchadiens et pour les Tchadiens” exhorte-t-il.

Revenant sur son livre, “Misères et Grandeurs de la liberté d’informer”, il dit s’être appesanti sur les avanies dont il fut victime, jusqu’à la privation de sa liberté, du seul fait d’avoir exercé noblement son métier d’informer et, pense que ces pages sombres doivent être tournées pour la refondation du Tchad parce que dit-il, c’est une épée de Damoclès en suspens qui pèse sur la presse et la liberté d’expression, alors même que cette liberté est exercée dans le respect des lois de la république. “Pour réussir la refondation de notre pays, l’ouvrage porte un accent particulier sur notre capital humain, le plus précieux de tous et propose les voies en vue de l’émergence d’une citoyenneté nouvelle et véritable, mais aussi pour la pleine mobilisation de ce capital, qu’il s’agisse des Tchadiens de l’intérieur comme de l’extérieur. En somme, le présent ouvrage est une contribution à cette grande rencontre qui aura lieu à partir du 10 mai prochain. Puissions-nous, chacun dans cette réflexion collective, tirer de l’Essai pour la refondation du Tchad le meilleur pour un Tchad enfin apaisé et prospère pour tous”, conclut-il.

Ce lancement annonce une autre qui sera fait par l’auteur lui-même à Paris en France.

Biographie

Éric Topona Mocnga est né le 19 novembre 1984 à N’Djaména (Tchad) et titulaire d’une maîtrise en sciences juridiques, option sciences politiques et relations internationales obtenue en 2009 à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. Il fut intégré, en 2008, dans le cadre régulier de la fonction publique de son pays, puis affecté à l’Office national de radiodiffusion et télévision du Tchad, actuel Office national des médias audiovisuels, à la rédaction du journal parlé de la Radiodiffusion nationale tchadienne. Il a également collaboré dans la presse écrite avec les journaux de la place et correspondant de médias internationaux, tels que BBC Afrique et la Deutsche Welle. Arrêté le 6 mai 2013, il est libéré le 19 août de la même année et décide de continuer sa collaboration avec la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle depuis Bonn en Allemagne où il réside jusqu’aujourd’hui.

Modeh Boy Trésor