Urban Act convoque le public

Les rappeurs tchadiens, réunis au sein de l’association “Urban act”, lancent la 1ère édition du festival du même nom Urban act, cette semaine du 22 au 25 septembre. Les activités se tiendront à l’Institut français du Tchad (Ift) et à l’Espace culturel Talino Manu au quartier Moursal dans le 6ème arrondissement.

Considérés tantôt comme des bons à rien, voyous, délinquants et consorts, les rappeurs sont ceux-là qui veulent se passer pour des objecteurs de conscience, des moralisateurs de la vie publique, des miroirs de la société, et tout ce qu’on pourra en dire. Ils sont toujours regardés de travers, parce qu’ils ne proposent pas souvent grand-chose, comme solutions concrètes aux problèmes qu’ils dénoncent. Aujourd’hui, ils convoquent le public n’djaménois, histoire de lui dire que c’est une lecture biaisée du regard porté sur eux et qu’ils sont porteurs de projet d’une vie urbaine assainie, dans sa diversité culturelle à proposer aux partenaires et à la population. Ils auront pour invités cinq artistes français, trois camerounais et deux sénégalais, qui vont se joindre à eux, afin de donner un caractère international à l’évènement. Les activités programmées seront portées à 80% par les artistes nationaux (musique rap, danse hip hop, peinture, graffiti, reggae), afin qu’un autre regard soit posé sur le travail qu’ils abattent depuis belle lurette. Ils ambitionnent contribuer au développement des villes.

Etre acteur de développement de sa propre ville

Le thème “Tissons l’avenir de notre ville ensemble” est perçu à double volet, souligne le président de l’association Urban act, Ndilbé Koriguim, alias Pif Pikini. “C’est d’abord créer un métissage et brassage entre les artistes qui viendront d’ailleurs avec ceux d’ici et à la longue s’ouvrir à l’international à partir de ces ponts qui vont être jetés. Le deuxième volet, c’est que nous allons organiser des opérations de salubrité dans trois arrondissements retenus”. Les 3ème, 6ème et 7ème arrondissements sont retenus pour cette première édition, qui entend impliquer les populations et associations respectives diverses, à s’investir pour vivre dans un environnement sain et salubre. Les artistes seront à leur côté, pour amplifier les actions. Etre des acteurs de leur propre ville est la démarche qu’entend désormais mener Urban Act.

Les directeurs artistiques (musique) Bouhmon Saradoumngué, alias Dj Boom et (danse) Rodrigue Ousmane, ont déroulé le programme des activités. Le concert d’ouverture est pour le 22  septembre 2021, dans le jardin de l’Ift à partir de 19 h. Le village artistique, avec des stands, sera installé à l’Espace Talino Manu. Un village qui va accueillir les 23 et 24 septembre, une série de spectacles les soirs. Ainsi que des ateliers de formation (en danse et rap) dans la journée, puisqu’un des objectifs du projet est de créer des échanges avec les artistes qui viennent d’ailleurs, afin de bénéficier de leurs expériences. Il y aura aussi des conférences débats. Le 25 septembre, retour à l’Ift pour la soirée de clôture, avec la restitution des divers ateliers.

Un projet, une culture, un mouvement

A quelques jours de sa tenue, ses promoteurs ne désespèrent pas de rallier les partenaires qui sont encore hésitants. Ils reconnaissent que le plus dur pour cette 1ère édition, c’est d’inculquer dans la conscience collective, que les rappeurs sont également des artistes qui peuvent contribuer au développement de la cité, afin de changer les regards. C’est d’ailleurs ce qui a sous-tendu la création de cette association, autour de son slogan : “Un projet, une culture, un mouvement”.

Le fait de ne pas impliquer à l’événement le ministère de la Culture a surpris plus d’un, mais les initiateurs choisissent d’être pragmatique. “Le ministère de la Culture a également son propre festival, et par expérience, les sollicitations n’ont jamais rapporté quoi que ce soit. Sinon, on vous nourrit d’espoir et cela pénalise votre activité à la dernière minute”, justifie Pif Pikini. Voilà pourquoi, Urban act a choisi de s’en passer, pour mieux se projeter avec des partenaires, qui perçoivent sa démarche.

Sur la périodicité du festival naissant, les promoteurs informent que cette première édition se tient à la veille du mois d’octobre urbain, pour servir de test et éventuellement, intégrer le mois d’octobre urbain à partir de la 2ème édition en 2022.

Urban act est un projet associatif des cultures urbaines, qui met en valeur toutes les richesses culturelles en milieu urbain. Et comme le hip hop est un mouvement qui se trouve au centre des activités artistiques et culturelles urbaines, les rappeurs l’ont saisi comme leitmotiv. Outre le festival, les autres activités menées vont de la production à la promotion, en passant par la distribution des œuvres artistiques et les formations. Urban act est composé des associations Toumaï Rap, Nagdoro (danse), des peintres, des “reggaemen” et également des anciens rappeurs.

Roy Moussa