Finalement Kebzabo fait cavalier seul

L’ancien chef de file de l’opposition ne soutiendra plus Théophile Bongoro, comme il l’a dit le lundi 8 février. Saleh Kebzabo a été investi candidat de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr) à la présidentielle du 11 avril 2021 à l’issue d’un Conseil national statutaire de son parti tenu le 12 février.

Le lundi 9 février, à la surprise générale, Me Théophile Bongoro, avec 9 voix contre 5 pour Saleh Kebzabo, a été désigné pour représenter les 16 partis politiques de “l’Alliance victoire” à la présidentielle. “C’est une blague de mauvais goût !”, commente le 1er vice-président de l’Undr, Célestin Topona. Cette surprise n’aura duré qu’à peine 5 jours. Les réactions des militants de l’Undr, le 9 février, présageaient déjà le retrait du parti de “l’Alliance victoire”. Pour ce retrait, rien ne pouvait tomber mieux que le Conseil national statutaire du parti reporté plusieurs fois depuis avril 2020 à cause du coronavirus, puis, de l’Etat d’urgence sanitaire et des couvre-feux répétitifs. Pour son retrait de “l’Alliance victoire”, le parti évoque des magouilles lors du vote du 9 février. Saleh Kebzabo dit détenir les preuves, d’après lesquelles le Mps avait versé 10 millions de francs CFA à Bongoro Théophile et à ses acolytes (soit 1 million par personne) pour influencer le vote en défaveur de l’Undr.

Kanabé Passalet lisant l’une des résolutions du conseil lève l’équivoque : “Le conseil national statutaire, réuni le 12 février 2021, après analyse approfondie de la situation politique du pays, considérant la mascarade orchestrée pour dévoyer les critères du choix d’une candidature unique de l’opposition, décide du retrait immédiat de l’Undr de l’Alliance victoire”. Les militants acclament et des youyous percent le toit. Dans la foulée, une autre résolution transforme le Conseil statutaire en congrès extraordinaire investissant ainsi le président national de l’Undr candidat à la présidentielle d’avril 2021. Le candidat désigné et investi prend la parole pour dire qu’il accepte l’investiture de ses camarades avant d’adresser humblement un message spécial au président français, Emmanuel Macron. “La France nous a imposé M. Déby depuis 30 ans sous le fallacieux prétexte que c’est seul lui qui peut combattre les djihadistes. Monsieur le président, est-ce que vous êtes fier de voir une ancienne colonie française dernière? Pourquoi n’acceptez-vous pas qu’en Afrique, qu’il ait la démocratie?”, a interrogé Saleh Kebzabo. Comme le président français ne vient plus au Sommet du G5 sahel de ce lundi, il demande aussi aux autres présidents africains de ne pas mettre pied à N’Djaména. “Nous avons un problème à régler entre nous”, fait-il savoir.

Le président de l’Undr n’a pas manqué de critiquer le processus électoral en cours. “Le couvre-feu et l’état d’urgence sanitaire qu’on renouvelle sans justification sont utilisés comme armes politiques contre les opposants. Il faut arrêter tout ça !”, exige-t-il. L’Undr a mentionné plusieurs exigences à l’issue de son Conseil national statutaire. Il exige l’organisation immédiate d’un dialogue électoral pour que les candidats à l’élection présidentielle s’entendent pour dénoncer la campagne électorale du candidat Idriss Déby Itno et celle en cours du Mouvement patriotique du salut (Mps), exiger de la Céni (Commission électorale nationale indépendante) d’imposer au Mps l’arrêt immédiat de la campagne qu’il a enclenchée et qu’il retire tous ses instruments de campagne jusqu’à la date légale de la campagne électorale. Saleh Kebzabo exige également la dissolution immédiate du Cndp (Cadre national de dialogue politique), qui est devenu un gouffre financier du Mps, la refondation Céni dans le strict respect de la loi, sa stricte indépendance, effectuer un audit du fichier électoral par un organisme extérieur indépendant, l’introduction dans le code électoral des dispositions pour une meilleure transparence, notamment l’article 74 et le kit d’identification de l’électeur dans le bureau de vote, la caducité de la sous-Céni du Wadi-Fira, de l’Ennedi Est et Ouest, du Borkou et du Dar Sila, pour non-conformité et manque de parité, en rapport avec l’Onu (Organisation des nations-unies), l’exclusion du fichier électoral des réfugiés enregistrés comme des Tchadiens, le remboursement dans les meilleurs délais des frais de campagne électorale de la présidentielle de 2016 restés impayés, à ces jours, en vue de l’organisation d’une élection présidentielle sincère et transparente.

      Lanka Daba Armel