Le détournement des deniers publics, considéré comme sport national au Tchad, a encore des meilleurs jours devant lui. Des informations provenant de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), semblent corroborer cet état des faits. A en croire l’état d’émargement difficilement compréhensible que la rédaction a réussi à s’en procurer.
“La Cnps est un Etat dans un Etat. L’Inspection générale d’Etat (Ige) n’y peut rien, mais Dieu est plus grand que tout”, lâche un agent au siège de la Cnps d’un air abattu. La forfaiture en question concerne un état d’émargement qui interroge. Titré “Etat d’émolument au directeur et son staff’’ suivant décision 013/CA/CNPS/2022 du 15 septembre 2022, celui-ci accorde 10 millions de francs CFA au directeur de la Cnps, 2 500 000 au trésorier comptable, 1 million au directeur financier et comptable, 1 million au directeur administratif et des ressources humaines, et 500 000 francs au chef de service trésorerie et portefeuille. Le total attribue une bagatelle de 15 millions de nos francs dévalués à ces responsables.
Pillage en bande organisée ?
Selon cette source qui a requis l’anonymat, un matin le directeur de la Cnps en compagnie de deux cadres de son staff et un responsable d’une centrale syndicale expert en décoration, sont allés convaincre le Président du conseil d’administration (Pca) de décerner une lettre de félicitation (témoignage de satisfecit en somme) au directeur pour ses “performances”, alors qu’il n’est en fonction que depuis six mois. “Le Pca s’est vu contraint d’accepter d’avaliser cette mise en scène (deal), étant donné qu’il vient de bénéficier de la faveur du directeur Rozi Mamai, qui a recruté le mois passé sans test, son fils (Bichara Abdel Fakhara Doudoua) en qualité d’informaticien à la Cnps”, dénonce notre source. Le 16 septembre 2022, le Pca en compagnie d’un seul administrateur, est allé remettre en catimini et dans un cadre restreint, une lettre d’encouragement au directeur, en présence de quelques cadres maison choisis. Le partage du butin a suivi la cérémonie de décoration du directeur, qui s’est dit “soucieux de la situation des veuves et orphelins” (sic !), tout en empochant sans honte, la rondelette somme de 10 millions de francs (voir fac similé état de paiement n° 183/TC/CNPS/2022 du 16 sept 2022).
Roy Moussa
