Hépatite: l’urgence de l’heure

Le Tchad à l’instar des autres pays du monde célèbrera le 28 juillet 2021, la journée internationale de lutte contre l’hépatite. Cette journée sera commémorée sur le plan national sous le thème : “Les mères ne peuvent plus attendre l’élimination de la transmission de l’hépatite B à leurs enfants”. D’ores et déjà, les chiffres relatifs à la contamination de cette maladie sont inquiétants au Tchad.  

Échanger avec le corps soignant sur l’évolution de la maladie, et à travers les émissions interactives dans les médias avec le public sur la nécessité d’éradiquer l’hépatite, tel est l’objectif de la journée internationale de lutte contre l’hépatite commémorée chaque 28 juillet. Le thème l’édition 2021 met l’accent sur l’urgence d’éradiquer cette maladie qui tue plusieurs millions de personnes annuellement, soit une personne toutes les trente secondes selon les données publiées dans le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) 2017. Selon Mayanna Habkréo, hépato-gastroentérologue et assistant du point focal hépatite au Tchad, il faut dire que le virus de l’hépatite se présente sous diverses formes. “Il y a l’hépatite A, B, C, D et E. Les modes de contamination de ces virus varient en fonction du type de virus. Le virus A et E sont beaucoup plus transmis par les mauvaises conditions d’hygiènes. Ils peuvent être transmis par la consommation des eaux non potables et par la consommation des viandes non ou mal cuites. La compagnie de certains animaux tels que les porcs et les chameaux peut-être aussi un des facteurs déclencheurs du virus de l’hépatite E car ces animaux en sont porteurs. En ce qui concerne le virus de l’hépatite B, la contamination est beaucoup plus sanguine. Le virus se transmet généralement à la petite enfance pendant l’accouchement si la mère est porteuse du virus”, informe-t-il. Pour lui, le virus de l’hépatite B peut aussi se transmettre par la voie sexuelle. Mais ce cas n’est pas récurrent car l’organisme de l’adulte est adapté à rejeter ce virus. “L’on peut trouver que dans les couples l’un est porteur du virus et l’autre non. Ça veut dire que le porteur a certainement contaminé son partenaire mais le partenaire aurait éliminé car la contamination se fait à la petite enfance lors de l’accouchement et cette forme évolue vers une maladie chronique. Ce sont les formes chroniques qu’on craint parce qu’elles peuvent évoluer à la longue vers une cirrhose et après c’est le cancer. Et ceci est responsable de beaucoup de décès”, explique-t-il.

Pour atténuer le taux de contamination et de décès liés à l’hépatite, le corps soignant préconise le test de dépistage afin de permettre une prise en charge à temps. C’est dans cette optique qu’en 2019-2020, une large campagne de dépistage de l’hépatite B a été lancée sur l’ensemble du territoire national. “Le résultat de cette campagne révèle que sur 19000 personnes dépistées, il y’a plus de 19% des cas testés positifs. Ce chiffre classe le Tchad parmi les pays à haute contamination du virus de l’hépatite B” s’inquiète Dr Mayanna Habkréo. Le virus de l’hépatite C se transmet beaucoup plus lors des transfusions sanguines.Mais il serait en train de devenir rare grâce aux tests préalables effectués sur les sangs à transfuser. Quant à l’hépatite D, elle ne peut exister que s’il n’y a pas la forme de l’hépatite B car ce virus est dérivé de ce dernier d’après le spécialiste. “A la phase aigüe, les virus de l’hépatite sont asymptomatiques. Si les symptômes apparaissent, ce ne sont pas des signes spécifiques. Ces signes peuvent être l’ictère, des douleurs musculaires ou articulaires, des maux de tête, des douleurs abdominales, la fièvre”, renseigne le gastroentérologue.

 

Préventions

Pour Dr Mayanna Habkréo, le moyen le plus efficace d’éradiquer le virus de l’hépatite B est le dépistage et la vaccination. Hormis ces deux méthodes, il faut également les campagnes de sensibilisation à tous les niveaux pour atténuer la propagation de cette maladie. Le dépistage des femmes enceintes et la bonne cuisson des aliments écartent également le risque de contamination des virus. Sur le plan curatif, l’hépatite C ne constitue pas un grand souci explique Dr Mayanna, car il y a des nouvelles molécules et des antiviraux à action directe qui sont très efficaces permettant d’obtenir une guérison de plus de 95% des cas en 12 semaines de traitement. “On a expérimenté en mettant des personnes sous traitement et après contrôle à ce jour, on a eu 2 cas positifs sur 292 personnes qu’on a mises sous traitement pendant 12 semaines”, informe-t-il.

Pour la prévention de l’hépatite à bas âge, le gouvernement a introduit le vaccin contre l’hépatite B depuis 2008, mais ce vaccin ne contribue pas vraiment à l’éradication de cette maladie dès le bas âge du fait que le traitement est administré tard, à partir de la sixième semaine, et ce temps permet au virus de s’installer. “Aujourd’hui nous sommes en train de nous battre pour introduire le vaccin de l’hépatite dès les 24 premières heures de la naissance, d’ici 10 à 20 ans, l’hépatite sera un souvenir pour nous si cela est respecté”, projette Dr Mayanna Habkréo.

Ngarsounda Dounbé Narcisse, Stagiaire