Investir dans les secteurs prioritaires

Selon la Banque mondiale, le Tchad doit investir davantage dans la santé et l’éducation et protéger les plus pauvres face à l’impact de la pandémie de coronavirus

Deux nouveaux rapports publiés par la Banque mondiale analysent l’impact de la pandémie de coronavirus (Covid-19) sur les perspectives économiques du Tchad et les marges de manœuvre budgétaires que le gouvernement pourrait utiliser pour répondre efficacement à cette crise.

“Ces rapports visent à mieux orienter les décisions des responsables politiques dans la rude bataille qu’ils livrent contre les effets économiques et financiers de la pandémie de Covid-19”, explique Rasit Pertev, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Tchad. “Dans un contexte budgétaire difficile qui complique les arbitrages, le gouvernement doit maintenir les équilibres macroéconomiques tout en tenant compte des besoins des secteurs sociaux afin de préserver le bien-être des citoyens les plus pauvres et vulnérables”.

Selon le premier rapport, “Tchad : note sur la situation de l’économie et de la pauvreté au temps de la Covid-19, la pandémie a assombri les perspectives macroéconomiques du Tchad pour les deux prochaines années. Même si le nombre de cas dépistés reste relativement faible, les conséquences économiques de la pandémie devraient entraîner une récession en 2020. Représentant environ 90% des exportations du pays et 40% des recettes publiques, le secteur pétrolier a été sévèrement touché. La baisse des exportations, le ralentissement des investissements directs étrangers, la fermeture des frontières et les mesures de distanciation sociale devraient engendrer une contraction de l’économie de l’ordre de 0,2% (par rapport à un taux de croissance de 4,8% prévu avant la pandémie). Une situation qui devrait creuser le déficit du compte courant de la balance des paiements, diminuer les recettes budgétaires et les dépenses publiques et poursuivre l’accumulation des arriérés. Produits en mai 2020, ces chiffres seront actualisés au cours des prochaines semaines, lors des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui se tiendront virtuellement du 12 au 18 octobre 2020.

L’étude alerte également sur la fragilité du contexte socioéconomique : les conflits régionaux et la fermeture prolongée des frontières risquent de détériorer la situation et affecter fortement les populations les plus pauvres et vulnérables. Tout en reconnaissant que le taux de pauvreté a diminué au cours des quinze dernières années, l’étude souligne que son niveau reste particulièrement élevé, 42,3% de la population vivant en dessous du seuil national de pauvreté en 2019 (soit environ 6,5 millions de personnes).

Afin d’atténuer les effets négatifs de la pandémie mondiale au Tchad, les autorités ont annoncé des mesures économiques et sociales importantes de soutien à l’économie. “Les autorités ont la rude tâche de continuer à soutenir les ménages précaires et les entreprises privées qui ont été les plus touchées tout en continuant à investir dans des secteurs et infrastructures clés pour préparer l’avenir”, souligne Fulbert Tchana Tchana, économiste principal de la Banque mondiale pour le Tchad et coordonnateur de l’étude.

Le second rapport, intitulé “Tchad 2019 : Analyse de la dépense publique, marge budgétaire pour des dépenses productives dans les secteurs sociaux” s’inquiète des faibles niveaux de dépenses sociales dans le pays et souligne l’importance d’investir dans le capital humain pour améliorer les indicateurs sociaux et de développement humain. Selon l’analyse, les dépenses publiques affectées aux secteurs de l’éducation et de la santé sont extrêmement faibles et inefficaces. Entre 2013 et 2018, les dépenses publiques consacrées à l’éducation ont reculé de 3,2% à 2,2% du PIB. Par ailleurs, les dépenses de santé (en pourcentage du total des dépenses) représentaient 4,8% du PIB en 2018, soit plus de dix points de pourcentage de moins que l’objectif de 15% convenu par les pays de l’Union africaine. De fait, le Tchad affiche le plus faible indice de capital humain au monde (0,29). Pour les auteurs du rapport, les autorités tchadiennes gagneraient à redoubler d’efforts pour réorienter durablement leur politique budgétaire afin d’atteindre les objectifs du Plan national de développement.

Source Banque mondiale