Caltouma Sindigué a rendu officiellement le tablier le 06 mars dernier. Alors qu’elle a passé l’écharpe à celle qui a pris les rênes de la beauté tchadienne, la Miss Tchad 2019 passe en revue ses activités pendant son règne. Un mandat apparemment luxueux, en réalité douloureux.
C’est avec sourire que la native de la Tandjilé se prononce sur son mandat, pendant que la beauté et la valeur des cadeaux de la Miss Tchad 2020 cristallisent les débats. Dans d’autres pays, une Miss est celle qui vit des choses extraordinaires durant son mandat. Au-delà de la couronne qu’elle porte, le titre de Miss a beaucoup d’avantages. Mais elle doit travailler et être disponible pour réaliser son projet de société sur la base duquel elle est élue.
Au Tchad, le mandat d’une Miss ne dure qu’un an. Pendant ce temps il y’a toute une démarche administrative qu’il faut obligatoirement respecter pour entrer en possession des fonds pour le financement du projet en question.
Ce temps a coulé trop vite pour Sindigué. “Je dirai que je n’ai pas réalisé mon projet, peut être à 50 %. Dans ma programmation, j’aurai voulu touché beaucoup de points comme faire des dépistages, la prévention, les vaccins et tout, chose qui n’a pas été possible” affirme-t-elle. Cette réalisation à mi pourcentage résulte du fait d’un manque de financement. “La première chose que j’ai faite quand j’ai été élue Miss, c’est de demander au comité comment les choses fonctionnent parce qu’ils n’ont pas énuméré un aspect financier à part les cadeaux. Je n’ai pas eu un budget qui me permettrait de réaliser mon projet. J’ai eu un mandat sans budget, sans salaire. Je ne sais pas ce qui s’est passé concrètement, car ce n’était pas comme ça dans les années précédentes”, explique Caltouma. Le financement du projet a été pour elle le véritable parcours du combattant. “J’ai remonté le problème au ministère de la culture où les responsables m’ont fait la promesse de se pencher sur la question. On était censé avoir une rencontre avec le comité d’organisation pour en parler mais cette rencontre n’a jamais eut lieu”, poursuit Caltouma Sindigué.
Dans le souci de tenir à ses promesses, l’ancienne Miss a même envisagé la vente de ses gadgets. “Pendant un moment, avec mes dauphines, on a voulu vendre nos billets d’avion pour avoir de l’argent et mener des actions. Sauf que les compagnies nous ont dit que ce n’était pas possible, que nous devons consommer les billets”.Tout compte fait, la Miss a fait avec les moyens de bords, grâce à ses revenus. Elle a multiplié des actions caritatives. “J’ai fait des visites dans les hôpitaux, j’ai offert des lingettes aux bébés à l’hôpital de Walia avec la Miss Young Fashion. J’ai organisé une marche sportive, j’ai fait des dons à l’orphelinat Shalom, à la prison, à l’hôpital de la mère et de l’enfant. J’ai organisé une kermesse pour les enfants pour noël. J’ai faits des sensibilisations dans les établissements, on a organisé un nettoyage de la ville, etc.”, a-t-elle énuméré.
Le mandat est terminé mais Caltouma ne compte pas en reste là. Elle envisage continuer ses œuvres, sans faire ombre à la nouvelle Miss, pour le bien-être de ses concitoyens. “Je vais mener mes activités en parallèle parce que la lutte projet le cancer de col de l’utérus me tient à cœur. J’ai perdu deux proches suite à cette maladie. Ce n’est pas le titre de Miss Tchad qui me l’a imposé. Je vais sensibiliser les femmes et jeunes filles sur leur suivi médical, le contrôle de l’alimentation et la pratique du sport”. L’ancienne beauté nationale encourage sa successeuse à faire davantage et lui souhaite une totale réussite. “Je lui demande de se mettre au travail et il ne faut pas qu’elle se décourage, car les gens de l’extérieur ne connaissent pas les difficultés d’une Miss. Je serai toujours disponible pour elle et ses dauphines si elles me sollicitent pour partager mes expériences”, conclut-elle.
Nadjindo Alex.