Les activités de la Semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet) ont été lancées ce mercredi 1er mars, par la ministre du Genre et de la solidarité nationale. Plusieurs interventions, axées autour de l’important rôle que joue la femme ont marqué la cérémonie.
Officialisée en 1977 par les Nations-Unies, la journée de la femme est décrétée ensuite par les différents pays pour valoriser la femme et ses actions. La 33e édition est célébrée au Tchad autour du thème : “Femme, paix, sécurité, justice et réconciliation nationale” conformément à l’objectif visant à renforcer le rôle des femmes et leur implication dans la consolidation de la paix, la prévention et la résolution des conflits.
Madame Elise Loum Ndoadoumngué Neloumseï, secrétaire générale du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires au (Refamp/t) a rappelé combien de fois les concepts que renferme le thème de la célébration de la Senafet sont importants dans la vie d’une nation car, tous les citoyens tchadiens aspirent à la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation. “Si les hommes sont à la recherche de la paix, au moment où les tchadiens commencent à gouter un petit peu au délice de la paix, la peur de revenir à la case départ où seulement les conflits armés et civiles sont légions, les femmes sont les plus inquiets”, déclare Elise Loum. Pour elle, la reconstruction ou la refondation du Tchad doit rester présente dans tous les esprits pour que chacun se rappelle de son devoir vis-à-vis du pays. “Autant nous exigeons la bonne gouvernance, autant nous devons y contribuer valablement à l’établir. Rappelons-nous que dans toutes les sociétés, il y a eu des mécanismes traditionnels de gestion des conflits, et les femmes avaient leur partition à jouer. Elles étaient autant capables du pire que du meilleur. Mais aujourd’hui en ce qui concerne notre pays, elles ne recherchent que la paix et la réconciliation”, relève l’ancienne députée qui ajoute que lors de la guerre civile de 1979, les femmes étaient devenues des grands stratèges. Ce qui a conduit à l’instauration d’une nouvelle configuration d’une société de femmes qui a su être résiliente face aux méfaits du conflit. La Sg du Refamp a renchérit en interpellant les femmes à ne plus se laisser aller par la compréhension erronée du rôle qu’elles doivent jouer dans la résolution des conflits, “Ne permettez plus qu’on vous en écarte”, car poursuit-elle, la résolution 1325 adoptée par le conseil de sécurité des Nations-unies reconnait l’impact des conflits armés sur les femmes et filles ; mais, elle reconnait également le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix. “Désormais, les femmes tchadiennes doivent s’appuyer sur les dispositions de la résolution 1325 pour agir et c’est légal”, conclut-elle.
Le gouverneur du Moyen-Chari, Ousmane Djouma Brahim lui, a déclaré que les femmes ont été aussi longtemps victimes de violence, c’est pourquoi, la journée du 8 mars a été officialisée pour protéger et garantir les droits de la femme. Il a rappelé aux femmes que cette journée n’a pas pour objectif les danses mais, c’est un moment de faire un bilan de la situation de la femme, de mobiliser en faveur des droits de la femme et de sa participation à la vie politique du pays. Car elles ont un important rôle à jouer pour la préservation de la paix. “Votre en tant mères, épouses et filles vous place à la première place dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix”, ajoute le Gal Ousmane Djouma Brahim.
La ministre du Genre et de la solidarité nationale, Amina Priscille Longoh pour sa part, a signifié que le contexte de la Senafet est revue et situé par un décret qui accorde une semaine à la femme tchadienne en prélude à la journée internationale de la femme en faveur de ses droits. “Pour cette édition, nous nous sommes assis pour réfléchir à comment, peut-on réorienter les activités de la Senafet de manière à ce qu’elle contribue au développement de notre pays. C’est pour cela que le décret 0301 de février dernier a été pris. Il situe le contexte de la Senafet, définit les missions et objectifs à éteindre par toutes les femmes et les hommes engagés à leur côté. Ce décret en réalité, éloigne les femmes de tout ce qui est folklore, il invite la femme à ne pas se voir bénéficiaire du développement mais actrice”, éclaire-t-elle avant de poursuivre en mettant en exergue les acquis. “Ces acquis sont d’une manière non exhaustive, la loi interdisant le mariage des enfants, celle interdisant les mutilations génitales féminines, la loi sur la santé de reproduction, la loi contre la traite de personnes, la politique nationale genre, la création de la maison nationale de la femme, la loi contre les violences basées sur le genre, l’adoption du plan d’action de la résolution 1325, la création de l’observatoire de l’équité genre, la loi sur la parité dans les postes nominatives et électives…”, a-t-elle énuméré. Ces acquis juridiques sont selon elle, les fruits de la Senafet et désormais, placent la femme au centre du développement car, rien ne peut aboutir sans elle. A ce titre, elle invite les femmes à soutenir leurs époux car, la lutte des femmes ne vise pas un positionnement mais une complémentarité. “beaucoup d’époux voient en la fête de Senafet le défilé, allons-nous permettre que les hommes continuent à n’en voir que cela ? peut-on aller vers une Senafet sans pagne, sans défilé ?”, c’est possible, répond la ministre du Genre. Seulement, conclut-elle, que les femmes regardent tout autour d’elles, réfléchissent avant de formuler les recommandations au terme de la semaine dédiée à la femme, à soumettre gouvernement pour qu’il les mettent en œuvre. Ce défi n’est pas difficile, encourage Amina Priscille Longoh.
Toute la semaine, diverses activités notamment des formations, des causeries-débats, une foire etc, auront lieu à Sarh, la ville verte.
Minnamou Djobsou Ezéchiel, Envoyé spécial