La bravoure de Bravour

Le mois de mars qui célèbre la femme, à travers la semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet), en prélude à la célébration de la journée internationale de la femme (Jif) le 8 mars, de cette année, est à inscrire en lettre d’or dans les annales du handball tchadien.

Bravour Badet, l’ancienne capitaine de l’équipe nationale de handball féminin, a décidé de lancer un centre de formation de handball féminin. Le 18 mars, l’idée lui est venue de lancer un Sos sur la plateforme de l’association les Compagnons du handball en ces termes : “Bonjour les grandes et grands amoureux du handball. Je suis Bravour Badet, handballeuse et prof d’Eps stagiaire à N’Djaména. Je lance un Sos aux bonnes volontés de m’aider à rehausser le handball féminin. J’ai un centre à Sanbagali que j’ai ouvert ce matin. Les matériaux me manquent. J’ai les barres qui sont cassées et ça demande à souder. Il me faut les ballons, Svp Sos. Merci”. Elle a joint au message les photos du poteau à souder ainsi que celle prise avec ses futures handballeuses. Les réactions d’encouragements sur la plateforme ont été nombreuses, spontanées et concrètes. Ngaradoumbaye Rotel Magloire depuis les états-unis lui a envoyé par Western union “une petite somme de 104 333 francs CFA pour que tu puisses réparer les barres d’entrainement”. Un geste hautement salué par l’ensemble des adhérents de l’Ach.

A cœur vaillant, rien
d’impossible
Le matin du 19 mars, suivant l’indication de Bravour joint au téléphone, je me suis rendu sur l’aire d’entraînement. C’est un espace vide qui sert de terrain de football, situé sur la berge à la limite des concessions et une décharge publique. Au-delà, la décharge est visible des tombes et plus loin, le lit du fleuve. Le terrain est occupé par des jeunes footballeurs, pendant qu’une trentaine de filles attendent à l’angle. Dès que Bravour apparaît dans son complet survêtement, cheveux nattés avec chrono et sifflet au cou, elles se sont spontanément levées en disant madame arrive. En fait, elle dira plus tard que ce sont ses élèves des classes de 6ème et 5ème du Ceg de Sabangali, qu’elle a regroupé pour les amener vers le handball. A 8 h au moment où elle voulait prendre possession des lieux, les footballeurs en herbe ne l’ont entendu de cette oreille. Des discussions s’engagent pendant que le match est arrêté. Patiemment, Bravour les convainc de céder une partie du terrain, pour cette première séance d’entraînement qui est beaucoup plus une prise de contact. Un compromis est trouvé et ils cèdent en retirant leur petit poteau sur une distance donnée. Les parties s’accordent à se retrouver pour élaborer un programme d’occupation de l’espace. Une fois regroupées, elle leur parle du handball, les encourage à venir à l’entraînement, les conseille sur les tenues sportives qu’il faut porter, le bienfait du sport et surtout celui de pratiquer le handball. Très maternelle et maîtrisant son sujet, elle a patiemment encouragé et donné un avant-goût à ses ouailles, que grâce au Sos lancé via la plateforme de l’Ach, elle a bénéficié d’un fonds de soutien qui permettra de souder les barres du poteau, afin qu’elles s’entraînent normalement.
Mme Iyé Samira Christine, trésorière adjointe du Comité sportif et olympique tchadien (Cost), par ailleurs 2ème vice-présidente de la région 3, Afrique centrale et membre du comité féminin de la Confédération africaine de l’athlétisme, a fait le déplacement pour constater de visu, le travail enclenché. Ancienne handballeuse et très émue, elle n’a pas manqué de donner conseil à ses filles.
Puis c’est le premier contact avec le ballon, lorsque Bravour les a regroupées en quatre groupes, pour les séances de passe et de réception. Les doigts de beaucoup ont semblé être en coton tant les prises de balle étaient incertaines. Puis cela a commencé à devenir comme un amusement pour certaine, sous le regard attentif de Bravour, une heure durant. Nouveau regroupement suivi des conseils avisés, d’une bravoure réconfortée, rassurée et convaincue que son initiative est porteuse. A condition de bénéficier d’appuis multiformes en matériels, équipements, finances, mais également en présentiel pour l’encadrement, les conseils des anciens et anciennes, et le suivi, suggère-t-elle toute confiante. Le souhait est de voir naître parmi ces filles des futures Bravour Badet, Irène Lagmet, Christine et Martine Domaye, Maïmouna Idriss, Opportune, Somti, Djogza Gala, Suzanne, etc., qui avaient donné ses lettres de noblesse au handball féminin.

Roy Moussa