Une délégation tchadienne a séjourné du 18 au 27 août 2024 en Chine, dans le cadre des échanges, en vue de prospecter les opportunités de coopération mutuelle dans divers domaines. C’est à l’invitation de l’Association chinoise pour la diplomatie publique (Acdp), sur l’initiative de l’Ambassadeur de Chine au Tchad, Wang Sining.
Un séjour qui a commencé d’abord par la compréhension de la politique diplomatique de la Chine, ainsi que son initiative globale du développement international. Le Tchad a besoin de s’inspirer des exemples sur des aspects qui lui permettent directement de se développer. Mais également comprendre le processus de travail qui se fait autour de la pensée du président chinois Xi Jin Ping, a expliqué aux hôtes chinois, la cheffe de délégation Madeleine Alingué, ancienne ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Elle a ajouté que c’est important de comprendre comment Xi Jin Ping voit le monde, l’Afrique et le Tchad qui, comme beaucoup de pays d’Afrique centrale, est un peu sous la coupe de la propagande des pays occidentaux. Ce qui l’empêche de voir réellement d’autres réalités qui puissent exister afin de pouvoir se construire à partir de là. Aborder le sujet de la pensée chinoise, et celle de Xi Jin Ping, est une autre ouverture et possibilité de faire des liens. Mais la réalité n’est effective que s’il y a des pratiques, a-t-elle estimé.
“Pour nous, elles ne sont réelles que dans le Sahel auquel nous appartenons, affecté par des changements climatiques, mais également par la lutte contre le terrorisme. Le Tchad partage ses frontières avec des pays en conflits, au développement instable. Malgré cet environnement, le Tchad a besoin de se développer. Ces 30 dernières années, la Chine contribue au développement du Tchad avec des investissements basés sur des donations, mais à travers la pensée de Xi Jin Ping, il faut envisager des développements commerciaux également et aller vers des collaborations dans la stabilité. En ayant à l’esprit que nos défis sont un peu différents par rapport à la Chine, vue du Sahel à partir du Tchad”, a fait observer Madeleine Alingué.
A cet effet, la rencontre d’échanges avec les experts de l’Institut chinois d’études internationales au sein de l’institution, a permis de mieux connaître l’institution dans son fonctionnement et ses orientations, de s’imprégner de la politique diplomatique chinoise, son initiative globale du développement international et de comprendre le concept de la “Modernisation à la chinoise”.
Partage des opportunités de développement
“Nous sommes ouverts pour partager les opportunités de développement avec vous. Nous sommes conscients des problèmes laissés par la colonisation en Afrique”, a répliqué la secrétaire générale de l’Institut, l’Ambassadrice Chen Bo, qui a rassuré que selon le principe chinois, la Chine respecte toujours ses promesses et les besoins des pays africains.
La “Modernisation à la chinoise”, poursuit-elle est définie comme un développement sur une voie stable et pacifique, ce qui est important pour le développement du monde. “Contrairement à la modernisation occidentale basée sur la colonisation qui siphonne les ressources des colonisés, la Chine propose la modernisation des pays basée sur la paix, la stabilité, et qui renforce l’ouverture qualitative vers le monde. Au moment où certains pays pratiquent le protectionnisme, la Chine propose des ouvertures d’opportunités économiques”, a-t-elle ajouté, avant de signifier que la modernisation à la chinoise propose plutôt des choix aux pays. “Pendant longtemps, on a pensé que modernisation est synonyme d’occidentalisation, mais à la chinoise, ce n’est pas le cas. Tous les pays peuvent librement choisir leur modèle politique et de développement. La Chine n’a pas son propre modèle de développement, mais a choisi plutôt une voie de développement, c’est ce que la Chine conseille à chaque pays”, renseigne l’Ambassadrice Chen Bo. La “Modernisation à la chinoise”, telle que définie, est un sujet très large, parce qu’elle englobe plus de 300 propositions de réformes envisagées.
Wang Ruibin, le responsable du département économie mondiale et développement international de l’Institut, a rappelé que le choix de cette voie est basé sur la culture traditionnelle chinoise, et l’édification d’une société basée sur ce concept trouve son origine dans les livres chinois anciens. Cette modernisation facilite la compréhension mutuelle et adopte une vision ouverte sur les avantages des autres nations, afin de mieux la pratiquer globalement d’ici à l’horizon 2030. “La plateforme de la ceinture et la route de la soie, est la voie de la modernisation à la chinoise. C’est une initiative qui partage les opportunités de développement, adossée à 5 aspects que sont : innovation, synergie, ouverture, écologie et partages”, a-t-il résumé.
Li Ping Yi, expert et chercheur à la division des recherches de l’Institut, relève que les pays africains sont très différents sur le plan politique, économique et culturel. C’est pourquoi, il faut mettre l’accent sur la communication qui doit renforcer la communication mutuelle. Pour ce qui est de l’initiative mondial de développement de la Chine, elle correspond bien aux 17 objectifs de développement durables (Odd) à atteindre d’ici à 2030, et qui place l’humanité au centre du développement social et des droits de l’homme. Pour ce dernier, le droit le plus important est le droit à la vie, dit-il, en relevant que pour les occidentaux, les difficultés des pays africains se résument au manque d’électricité et de connexion, alors que les besoins fondamentaux pour l’humanité c’est l’eau potable.
Chen Yuming, le vice-président de l’Acdp, informe que la Chine va insister sur sa politique diplomatique pacifique, qui est un choix historique pour une coopération gagnant-gagnant.
La Chine propose au monde ses propres expériences de développement à travers ses trois initiatives mondiales dont chacun doit choisir sa propre voie en fonction de son contexte. Construire une ceinture et une route de haute qualité, permet de partager les initiatives de développement avec les autres pays. Et chaque pays doit choisir sa propre politique par rapport à sa politique étrangère. “Ce que tu ne veux pas, ne le donne pas aussi. On a été à demi colonisé, donc aujourd’hui, on ne veut pas coloniser mais partager dans la paix”, disent en chœur les Chinois
Roy Moussa de retour de la chine