La Direction des ressources humaines (Drh) du ministère de l’Education nationale et de la promotion civique (Menpc) n’est pas loin d’être un dépotoir d’immondices. Le personnel travaille dans des bureaux en piteux état et crasseux de surcroît.
Vétuste, insalubre, invivable, moribonde! Ces mots déterminent à merveille l’état dans lequel se trouve actuellement la Direction des ressources humaines du ministère de l’Education nationale et de la promotion civique. Dès qu’il pleut, la cour n’a rien à envier à un lac. Depuis la première pluie survenue cette année à N’Djaména, toute la cour de cette direction si essentielle à l’Education nationale, se trouve complètement inondée. Malgré les efforts fournis par son service du matériel, qui a mobilisé une main d’œuvre importante pour curer les caniveaux à son entrée, l’eau ne désemplit pas.
Pour accéder ce 24 juin à la Drh, les piétons (personnel et demandeurs de service) doivent obligatoirement plonger les pieds dans l’eau boueuse. Mais à voir de plus près, l’eau boueuse de la cour est de loin le souci principal du personnel. Le pire est à l’intérieur.Tous les bureaux ou presque sont en état de dégradation avancée.
Au service des archives, une odeur pestilentielle étouffe à l’accueil. Elle émane des papiers (dossiers) mouillés par les eaux de pluie. Le personnel a beau essayer de sauver ces dossiers, en les couvrant de matière plastique ou en les rangeant dans les coins que l’eau n’a pas pu atteindre, mais sans grande réussite. Au-dessus de la tête, il est horrible de regarder l’état du plafond. Les contre-plaqués sont ouverts et pendent, déchiquetés et noircis par les eaux de pluie. Leurs débris tombent en vrac sur les dossiers en grande partie irrécupérables. “Ici, on entre saint et on en sort malade”, lâche un agent. Idem au service des archives, où tous les bureaux ont des plafonds dégradés. L’eau des pluies laisse des traces visibles sur les murs et papiers. La même scène s’observe au service des intégrations et de recrutements. Sur les dossiers qu’on tente de sauver en les séchant, des tâches de gouttelettes d’eau s’observent. “Après la pluie, nous sommes obligés de faire sécher tous les dossiers au soleil. Nous les arrangeons dans les endroits que nous supposons inatteignables par l’eau, mais, c’est peine perdue. Les plastiques que nous mettons sur ces dossiers ne servent pas à grand-chose”, déplore un agent de ce service.
Entre les bâtiments, sont entassés des immondices constituées des feuilles d’arbres et papiers. Par manque d’espace à l’intérieur, certains dossiers sont placés au balcon. “Les bureaux sont insuffisants. Nous nous retrouvons 7 à 10 dans un petit bureau alors qu’il n’y a pas une bonne aération. Les climatiseurs sont en panne, même la salle d’informatique n’en a pas. Les quelques rares ventilateurs qui fonctionnent encore, tournent à la vitesse de caméléon et font un bruit infernal”, grognent les employés. Les chaises et les tables sont dégradées. “Il n’y a pas de consommable. Les responsables des bureaux sont obligés de sortir l’argent de leur poche pour acheter les papiers et encre, etc.”, murmurent les employés des lieux.
Partout à la Drh, les conditions de travail sont pitoyables. Les agents, même les plus anciens ne se souviennent plus de la dernière fois, quand les bâtiments ont été réfectionnés. “Entre 2005 et 2008”, informe le doyen de la maison, alors que les bâtiments datent de l’époque coloniale. Pourtant, depuis 2009, des rapports sont produits chaque année sur l’état de dégradation des bâtiments. Ils sont envoyés à la hiérarchie, informe le directeur général adjoint de la Drh, Abakar Brahim Hassan.
Une ineptie de la hiérarchie provoque le ras-le-bol du personnel
“A la première pluie, la cour est complétement inondée et tous les bureaux mouillés. Nous nous sommes dit que si nous ne réagissons pas tôt, nous allons vivre le pire”, rapporte le chargé de revendication de la cellule Set (Syndicat des enseignants du Tchad) de la Drh, Jihoubé Joseph. Le 10 juin, des doléances du personnel dans une correspondance sont adressées au ministre de l’Education nationale et de la promotion civique. La note cite : la dotation de la Drh en consommables du bureau, l’octroi des primes de carburant, la formation et le recyclage des agents et surtout la construction ou la délocalisation de ladite direction. Un délai d’une semaine a été accordé au ministère de tutelle.Cependant, rien de concret n’a été fait jusqu’à expiration du préavis.
Néanmoins, le directeur général adjoint du ministère de l’Education nationale a reçu l’équipe chargée de revendication. “Il nous a demandé de faire le bon de commande pour les matériels bureautiques, pour lui permettre de suivre personnellement le dossier. En ce qui concerne la réfection du bâtiment, il nous a dit qu’un marché a été conclu entre le ministère et une entreprise appelée “Sidigui”. Celle-ci n’a rien fait. Le ministère est à la trousse de cette dernière. Le personnel du ministère de l’Education nationale a aussi écrit une note au premier ministre de transition, en vue de récupérer l’ex-direction des douanes, puisqu’elle appartient au ministère de l’Education nationale.
Mais les promesses sont loin de satisfaire la base qui “veut du concret : la délocalisation de la Drh ou rien”. C’est pourquoi à l’issue de son assemblée générale tenue le 24 juin, le personnel a déclenché une grève de trois jours renouvelable, avant de se retrouver ce mardi pour l’évaluation.
Lanka Daba Armel
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