La hausse des prix du carburant toujours maintenue

Plus de trois semaines après leur hausse vertigineuse, les prix du carburant restent inchangés à la pompe. Les transporteurs en sont à discuter avec le gouvernement, la population et surtout les couches vulnérables paient le prix.

Le coro de maïs vendu hier encore à 900 francs est maintenant à 1000 francs sur le marché ; celui de haricot de 1000 francs se vend à 1500 francs ; la baguette de pain, même s’il a gardé son indexation à la boutique à 125 francs, son volume a drastiquement diminué. Le transport urbain en bus qui était naguère à 200 francs puis augmenté à 250 suite à la hausse du carburant en 2023, est désormais à 300 francs. Pareil pour la mototaxi. Le prix du mini trajet est passé de 500 à 750 francs.

Interrogés, les commerçants indexent l’accroissement du prix du carburant. En interurbain, même si les coûts de transport des personnes n’ont pas augmenté, ils se répercutent sur les marchandises au marché. Selon Abdoulaye Adoum Brahim, porte-parole du collectif des syndicats et coopératives des transports urbain et interurbain (Snmt), les négociations avec le gouvernement se poursuivent. Voilà pourquoi, officiellement, le coût du transport urbain et interurbain n’a pas encore connu de hausse. “Nous savons qu’il y a augmentation des prix avec certains chauffeurs de bus et clandos, mais officiellement, c’est nous les quatre organes à savoir la Fédération nationale des syndicats des transports urbain et interurbain, le Syndicat national de transport en commun, la Coopérative des transporteurs urbains et location des véhicules et le Syndicat de mototaxis qui sommes habilités à déclarer les prix. Mais comme nous sommes encore en négociation avec le gouvernement, l’espoir est permis pour ne pas faire souffrir nos concitoyens”. Pour lui, si dans un premier temps, ils ont suspendu la grève de 48 heures annoncées pour le 21 février, pour la prolonger de deux semaines, c’est parce que le ministre de Transport et celui du Commerce et d’industrie ont pris contact, pour essayer de trouver une solution. Pendant ce temps, un tour à la raffinerie de Djarmaya leur a permis de se rendre à l’évidence que rien n’a augmenté au niveau de l’ancien prix, sauf une taxe appelée “taxe spéciale”. Même à la raffinerie, les gens n’arrivent pas expliquer ce qui est la cause de l’augmentation de 212 francs pour l’essence, 128 sur le gazole, sans toucher le prix du pétrole et celui du jet A1. “Nos deux semaines étant écoulées le 7 mars, nous nous sommes retrouvés avec le ministre le même jour et avons fait des propositions. Soit annuler la taxe spéciale, soit le diminuer et avons plaidé pour réduire le prix du carburant de 40% pour revenir à 518 le litre du super. Il nous a promis de remonter l’information, en attendant, nous accordons une semaine de préavis de grève”, renchérit Abdoulaye Adoum Brahim, qui informe qu’après la semaine de préavis, la base sera convoquée pour la suite des actions à mener.

Pour rappel selon le porte-parole, les discussions avec le ministère ont commencé en avril 2023, à la première augmentation du prix de gazole et lors de la dernière rencontre de septembre 2023 avec l’ancien Premier ministre Saleh Kebzabo, le conseiller au ministère du Pétrole a laissé entendre que le prix ne peut pas être revu en baisse, parce que dans toute la sous-région, les prix ont grimpé exception faite au prix de l’essence. Cela a failli entraîner l’arrêt des transports interurbain. Mais comme une discussion entre les transporteurs et ministère est ouverte, ils ont continué tout en augmentant les prix de transport interurbain qui sont restés jusqu’aujourd’hui inchangés. Pour cette nouvelle augmentation, le ministre a convoqué une rencontre le 14 février pour une communication. Beaucoup ont réagi en salle, pour demander au ministre de revoir sa stratégie. Dans un premier temps, selon lui, le ministre a fait signifier que c’est une communication et que cela ne va pas s’appliquer automatiquement, et a rassuré d’une autre rencontre le 15 février avec les marketeurs, pour voir qui a les moyens et la capacité d’importer. Parce que la route du Nigeria est sous la menace de Boko haram, celle du Cameroun est un peu difficile, sauf le Niger qui est praticable. “Mais nous avons été surpris le même jour par un arrêté signé le 13 février par les deux ministres augmentant le prix de carburant”.

Modeh Boy Trésor