La montée en flèche de Majoie

Ngarnaye Majoie Fatimé, entraineure de l’équipe du football féminin de la province du Logone occidental est promue, le 16 juillet 2020, deuxième assistante du football féminin tchadien par la Fédération internationale du football association (Fifa).

La rédaction de NDJH a “coincé” Majoie en marge du championnat de la zone 5 organisé à Moundou, du 26 au 30 août, qui a permis la qualification de  “l’Or noir de Doba” au prochain championnat national du football masculin.

Dans la ville de Moundou où elle réside, Ngarnaye Majoie Fatimé est visible sur sa moto “Bajaj” sur laquelle s’affiche son embonpoint d’entraineure.  Agée de 35 ans, Majoie a été joueuse (attaquante) du football  et capitaine de l’équipe “CFA officiel” de Moundou de 2003 à 2007. C’est sur le banc de l’école notamment au lycée technique commercial, qu’elle accomplit cette tâche avec passion. Après avoir décroché son bac G1 en 2007, elle décide de suspendre le sport au profit des études et rejoint N’Djaména. Elle s’inscrit à Hec-Tchad pour obtenir en 2011, une licence professionnelle en management général. Elle retourne vite sur ses traces à Moundou, pour “se chercher”, selon elle. A la même période, une formation de football de base dénommée “Grass foot” est annoncée. Un de ses professeurs d’éducation physique du lycée (Gaby) lui conseille d’y prendre part, compte tenu de ses aptitudes sportives, afin de renforcer son parcours. “En matière de formation, on gagne plutôt en apprenant”, justifie-t-elle. Majoie participe à cette formation et en prend goût. Elle bénéficie par la suite d’autres formations initiées par la Fifa version football féminin à N’Djaména en 2015, 2017 et 2018. Entretemps, après avoir suivi la formation de “Grass foot”, elle crée son centre dénommé “Centre de formation de football et d’animation sportive Espoir (Cefase)”.

Le centre reçoit les filles et garçons de six à quinze ans. “A la base, c’était pour développer le sport féminin, puis les jeunes garçons venaient et exigeaient d’être entraînés aussi. Devant leur insistance, j’ai cédé parce que je suis convaincue que c’est un plus pour tirer les filles vers le haut, s’ils grandissent ensemble. Par la suite, j’ai créé un club dénommé “As Espoir” de football féminin (Asef) qui a déjà participé à trois éditions du championnat féminin du Logone occidental et au tournoi U15 de l’année dernière (première participation nationale)”, informe-t-elle.

Ascension méritée dans les instances du football tchadien

Depuis le 16 juillet dernier, elle est promue deuxième assistante nationale du football féminin. Une ascension logique et méritée pour cette jeune coach très en forme, qui a toujours le sourire en partage et déborde d’énergie, quand il est question de son engagement dans le sport, notamment le football. En ce qui concerne les filles qu’elle a sous sa direction, sa réponse est sans ambage: les filles restent toujours des filles, mais quand on aime la chose, on s’investit à pouvoir le faire, dit-elle en contant son propre parcours. “Quand je jouais, je ne voyais pas de difficultés parce que c’est quelque chose que j’ai tant aimée, et je faisais avec le cœur”. En son temps, poursuit-elle, les filles jouaient sans tenir compte des tournois ou championnats qui n’existaient pratiquement pas. Aujourd’hui, ce qui importe pour elle, c’est mettre l’accent sur le football de base. A l’exemple de la démonstration du match des filles en levée des rideaux, au lancement du championnat zonal. “En grandissant, elles vont acquérir des atouts nécessaires et avoir la chance peut-être de jouer en national ou à l’international”, ajoute-t-elle confiante. Les filles qu’elle a formées, sur lesquelles elle a misé pour renforcer la sélection nationale les Sao sont toutes aujourd’hui au Cameroun pour des études. Mais elle assure que certaines y font partie notamment Solange que le public surnomme “Messi” et Jacqueline. Elle prépare activement d’autres, dans la perspective du championnat U15 qui se tiendra à N’Djaména (la date n’est toujours pas annoncée par la fédération). Selon Majoie, il est question de faire un travail technique pour la sélection finale.

Son meilleur souvenir en tant que joueuse, c’est “mon dernier match à N’Djaména contre l’équipe Cefase de la capitale. Le public avait prédit qu’on allait ramasser un panier de buts. Mais contre toute attente, nous avions été battues un but à zéro. Le plus important c’est qu’il y avait ce jour un très beau jeu entre nous. Depuis lors, je suis reconnue partout quand je vais à N’Djaména. Cela me fait énormément plaisir”. Parole d’une grande sportive et talentueuse qui sait transmettre ses talents. “La Fifa s’investit beaucoup dans le football féminin, parce qu’elle est convaincue que l’avenir de football est féminin”, affirme-t-elle, exhortant ses cadettes à s’y intéresser. Pour elle, le football masculin a tout donné et n’a plus rien à démontrer. A bon entendeur,…

 Roy Moussa