La relève se prépare au basket

Pendant que se joue sur le plateau du lycée Félix Eboué le championnat de basket-ball de la commune de N’Djaména, un tour dans quelques centres de formation permet de réaliser que la relève se prépare par une formation à la base.

“On se baisse ! Il faut faire des feintes en utilisant les deux mains ! Tu es trop lent ! Accélère, drible et marque !”. Telles sont les vociférations communes des entraîneurs dans les divers centres de formation de basket-ball visités. Le lycée Félix Eboué, le lycée-collège Sacré-Cœur, le centre Don Bosco, les lycées de Walia, Gassi et d’Amtoukoui abritent en tout près d’une dizaine de centres de formation de basket-ball animés chaque après-midi. Par amour et passion, bon nombre d’anciens joueurs se sont convertis en entraîneurs, volontairement pour partager et transmettre leurs expériences et connaissances acquises pendant qu’ils étaient joueurs de champ, même si certains parmi eux continuent à compétir.
“Au début, on accrochait les panneaux au mur dans l’actuelle grande salle de réunion pour apprendre aux jeunes à jouer au basket-ball. Puis, quand le père Nathalino a entamé les travaux de réfection du centre, il s’était rapproché de nous pour nous demander combien de terrains de basket il nous fallait pour encadrer ces jeunes basketteurs’’, se souvient Ndoumbé Belemgoto connu sous le nom de Bedjé. A l’époque, le centre accueillait des jeunes qui venaient de différents quartiers : Moursal, Chagoua, Walia, Abena, Dembé…, c’est pourquoi trois terrains avaient été sollicités et obtenus. “Le problème de matériels ne se posait pas, parce que le père Nathalino faisait du basket son sport favori”, se rappelle Bédjé le coach qui lui-même, était encore joueur dans le championnat de basket de la commune de N’Djaména, mais encadrait déjà les jeunes et continue de le faire jusqu’aujourd’hui. Le centre des jeunes Don Bosco créé en 1997, est l’un des tout premiers centres de formation de basket-ball de N’Djaména. Il était ouvert à tout le monde, grands comme petits à son début. Maintenant, il est mis en place les différentes catégories (U8-U16 et plus).
Il n’y a pas de condition particulière pour intégrer le centre en dehors des fiches à remplir et un certificat médical exigé. “Pour les équipements, on fait appel aux parents en leur envoyant une fiche de cotisation, et leurs demandons également de trouver de ballons et la tenue à leurs enfants. Quelques fois, la fédération nous vient aussi en appui”, reconnaît le coach Bedjé, qui ajoute que les bulletins de notes de chaque apprenant sont contrôlés pour les accompagner vers le sport lié aux études.
L’entraîneur Bedjé estime à 120 jeunes le nombre des apprenants qu’il encadre et forme. Il est assisté de deux autres entraîneurs qui travaillent bénévolement du lundi au samedi.
Du côté du centre de formation dénommé Académie Basket-Ball situé au lycée Félix Eboué, le coach Allaguemdi Yamalmbaye, en pleine séance, encourage ses poulains à réussir leurs tirs. “J’ai été basketteur avant d’arrêter et me suis dit pourquoi ne pas former à mon tour. C’est à partir de cette réflexion que j’ai décidé de créer ce centre en 2013, pour aider les jeunes à jouer au basket”, se rappelle-t-il. Son centre accueille à partir de 5 jusqu’à 20 ans et plus, c’est pourquoi il y a à l’intérieur les catégories mixtes (filles et garçons) cadet, minime et junior.

Difficile de former gratuitement
“Au début l’inscription était gratuite, mais le problème de ballon se posait et ce n’était pas facile parce que la force d’un centre de basketball, ce sont les ballons’’ signifie le coach Allaguemdi. Quand il y a assez d’enfants et des ballons, le travail marche, admet-il, avant de reconnaître qu’au début, le manque de ballons a freiné le travail. C’est pourquoi les entraîneurs de différents centres se sont concertés, pour décider de mettre le tarif d’inscription à 5000 francs CFA afin de pouvoir acheter quelques ballons pour un bon entraînement. Ce qui a été fait, puis la Fédération de basket a offert quelques ballons, “ce qui a aidé le centre dans sa progression jusqu’à maintenant”, précise le coach en se rappelant les difficultés du début de la création du centre. Pour intégrer le centre Académie basket-ball, des modalités existent. “La fédération a mis des fiches d’inscription à notre disposition, pour tous les nouveaux apprenants qui doivent les remplir et les faire signer par leurs parents. Nous nous assurons que l’apprenant fréquente un établissement et son parent l’achète le nécessaire pour le début”, ajoute-t-il.
Le centre Académie basket-ball, enregistre plus de 100 apprenants pendant les vacances mais à la reprise des cours, le nombre diminue, souligne le coach. Ceux qui décrochent leur baccalauréat quittent pour des raisons d’études, d’autres après quelques mois d’entrainement, abandonnent parce qu’ils estiment que c’est dur, ainsi de suite et d’autres arrivent. “L’une de nos difficultés se trouve au niveau des reprises des cours, et dont certaines heures coïncident avec nos heures d’entraînement ou des répétitions à la maison. Pour ceux-là, nous sommes obligés de tolérer”, justifie-t-il. Même si les 18 ans et plus ont été surclassés avec les seniors, les apprenants du centre jouent dans le deuxième championnat junior.
De l’autre côté du terrain du lycée d’Amtoukouin dans le 7ème arrondissement, l’Académie de basket-ball H5 s’entraîne depuis sa création en 2021. L’exigence pour intégrer ce club qui est une école de formation et d’orientation dédiée aux jeunes en basket-ball est simple. Pour le nouvel apprenant, il est question de remplir certains critères parmi lesquels “être apte physiquement ; remplir un formulaire d’autorisation des parents et surtout le plus important est de se soumettre au règlement intérieur du club”, explique Mahamat Hassan Moustapha, coordonnateur du centre H5 Academy. Pour lui, le centre axe ses activités plus vers le social c’est pourquoi tout est gratuit. “Le Tchad regorge aussi de talents c’est pourquoi il suffit juste de les mettre en valeur et au H5 Academy, nous préparons aussi des jeunes pépites de demain qui vont briller à l’international et défendre valablement notre pays”, justifie le coordonnateur. On y intègre dès l’âge de 5 ans pour prendre une bonne base dit-il. Le centre, fait aussi de l’orientation des jeunes basketteurs, en leur octroyant des bourses d’études grâce à des partenariats signés avec quelques institutions de la place, sans oublier les différentes sensibilisations qu’il organise dans les écoles et lycées de la ville de N’Djaména.
Le point commun de ces trois centres de formation se résume à la sélection de ces jeunes, au mois d’août 2021, lors du championnat d’Afrique U16 en Egypte dans les deux catégories, où ils ont montré leur talent avant d’être accueillis en héros lors de leur retour au pays.

Modeh Boy Trésor