La Résolution 1325 au cœur d’un atelier

Près d’une trentaine de journalistes du public et privé (dont 6 femmes) ont été outillés par Public interest law center (Pilc), les 21 et 22 septembre 2022, sur le thème : “les médias, les femmes, la paix et la sécurité” sur la base de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des nations unies (Rcsnu), adoptée en octobre 2000 et ratifiée par le Tchad en 2019.

“Renforcer les capacités des médias (traditionnels et en ligne) du Tchad, par l’accompagnement en moyen technique, matériel et financier pour la réalisation des activités de sensibilisation, pour une communication efficace; former les professionnels des médias au “Journalisme sensible au genre”; former les journalistes à la maîtrise des blogs; créer un blog Genre;  créer une plateforme de diffusion d’informations sur les questions Femmes, paix et sécurité (Fps); relayer les contenus produits par les journalistes spécialistes; créer un Prix annuel pour encourager les journalistes; élaborer une feuille de route (avec le chronogramme des activités budgétisées)”. Telles sont les recommandations de l’atelier.

Des messages sous formes de slogans ont également été proposés par les participants afin d’attirer l’attention et sensibiliser sur l’engagement du Tchad à protéger les enfants et les femmes, et faire impliquer ces dernières dans tous les processus de prévention, de gestion et résolutions des conflits. “Nous estimons qu’une étape majeure est franchie. Il nous appartient désormais à la lueur des enseignements et recommandations, de mener à termes le processus, à savoir la mise en œuvre rapide et effective de ces modules et programmes de formations”, s’est encouragée Mme Appoline Moudalbaye, secrétaire générale du ministère de la Femme et de la petite enfance et par ailleurs, présidente de la coordination du comité du mécanisme 1325 au Tchad.

Les journalistes et professionnels des médias se sont imprégnés de la Résolution 1325. Ils ont amélioré leurs connaissances qui revêtent une importance capitale dans les processus de résolutions des conflits, en lien avec l’Agenda Femme, paix, sécurité des nations unies, ainsi que le rôle des journalistes dans le plan d’action national en cours d’élaboration. Les femmes et hommes des médias ont renforcé leurs compétences pour effectuer une analyse sensible au genre et aux conflits dans les reportages. Ils ont également identifié et documenté des stratégies concrètes pour accroître les rapports sensibles au genre sur les questions Femme, paix et sécurité.

 

Changer de paradigme

L’article 25 de la Charte des Nations unies fait obligation aux états membres signataires en ces termes : “Tous les Etats membres sont tenus de la mettre en œuvre”. L’importance de cette résolution est que l’agenda Fps est multisectoriel et transformateur. Il est question de changer de discours en ce qui concerne les femmes. D’habitude taxées de victimes, le nouvel langage veut que l’on parle désormais d’elles en termes d’Agentes de paix. L’Etat a l’obligation de les impliquer dans les processus de prévention, de gestion et de résolutions des conflits pour la paix. Pour cela, il est demandé aux médias de s’engager dans un processus de déconstruction des stéréotypes des femmes, tels que constatés dans le traitement de l’information, ou de la perception générale sur le plan culturel et dans la conscience collective. A cet effet, les médias ont un grand rôle à jouer dans l’accompagnement de la mise en œuvre de la Rcsnu 1325 et de l’Agenda Fps, pour aller vers l’élaboration du Plan d’actions national du Tchad (Pan) en cours.

98 pays membres ont déjà adopté un Plan d’actions national sur l’Agenda Fps (50% des états membres). Le Tchad a de forte chance d’être le 99ème pays, espère le ministère en charge de la Femme, dont les partenaires ont assuré de leur disponibilité à appuyer le processus et la mise en œuvre. Le journaliste est donc attendu pour jouer un grand rôle dans la mise en œuvre du Fps. “Le rythme des activités d’élaboration du plan d’action national de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies pour les femmes, la paix et la sécurité est de plus en plus avancé, entre le Comité de coordination et les consultants internationaux et nationaux. A cet effet, pour une appropriation effective et meilleure par le grand public qu’est la population tchadienne, une large diffusion autour du sujet est nécessaire”, a déclaré Mme Appoline Moudalbaye.

Plusieurs thématiques ont été traitées par visioconférence.  Il s’agit du “concept genre” axé sur les normes, l’intégration et le lien entre le genre, la paix et la sécurité, “genre et média au niveau international” développés par Mme Simone Diouf (Sénégal) associée au programme Réseau mondial des femmes bâtisseuses de la paix (Rmfbp). “La Résolution 1325” autour de ses 4 piliers que sont Participation, Prévention, Protection et Soulagement – Rétablissement (3PR) ainsi que “l’Agenda Femme, paix et sécurité (Fps)” ont été exposés par Mme Katrina Leclerc, représentante de l’organisation Global network of women peace builders (Gnwp); “Le Genre et média au niveau national”, ‘Le rôle des journalistes dans la promotion de la mise en œuvre des Fps” ont fait l’objet d’une présentation par Mme Lobo Maurienne; “Le Processus d’élaboration du  plan d’actions national Fps au Tchad : état de la mise en œuvre” par Adoum Kanika et “Les médias sociaux dans la mise en œuvre du programme Fps au Tchad ” par Gotingar Manassé, expert national.

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet “Amplifier la voix des femmes pour une mise en œuvre inclusive et efficace : Elaborer un plan d’action national sur les résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité au Tchad”.

Roy Moussa