L’association d’échanges culturels Kadja Kossi (Aeckk) bénéficiaire d’un financement de l’Union Européenne, pour la mise en œuvre du projet “Le défi de la crise oubliée’’ a restitué les quatre ateliers de formations dispensés à cet effet, le 11 avril 2023.
L’espace scénique du centre culturel Afrotopia Acamod a accueilli la restitution des ateliers de formation en art culinaire, art capillaire, en fabrication des instruments traditionnels de musique et au management culturel. Des ateliers mis en œuvre en partenariat avec l’Ong Acra, dont les bénéficiaires, regroupés au nombre de 40 par domaines de formation représentent 95% de femmes. Ce qui a été salué par le public, les invités et partenaires mobilisés pour la circonstance. A travers l’association d’échanges culturels Kadja Kossi, une équipe d’instrumentistes féminines voit ainsi le jour. Elles l’ont démontré sur scène, en jouant au balafon, tam-tam, tambour, cithare avec virtuose et art pour le bonheur du public de ce jour. Ce qui est une particularité dans l’espace artistique et culturel tchadien. Les coiffures naturelles tchadiennes originales, ont trouvées des doigts féminins experts, qui les ont réhabilités et proposé en défilé de mode. Ce qui désormais, va participer à la création artistique et culturelle tchadienne authentique et originale, pour proposer des œuvres de qualité. L’art culinaire a fait la redécouverte des mets du terroir ainsi que ceux modernes, et qui a constitué un plus pour celles qui ont choisi de se faire former dans le domaine. La phase de dégustation qui a suivi a rassuré, qu’au Tchad on va désormais manger bio et sainement, sans grossir ni mincir, puisque l’aspect diététique n’a pas été oublié. Les invités qui étaient en ramadan (jeun) ce jour, ont bien apprécié les repas de rupture de jeun préparés à leur intention. Mais pour promouvoir ces trois domaines, il faut bien qu’il y ait des promoteurs et opérateurs culturels pour les porter et les accompagner, ce qui explique la formation en management culturel qui a sous tendu le 4e atelier de formation. Telle est la vision que porte la présidente de l’association madame Mariam Mayoumbila, aujourd’hui Conseillère au Cnt : celle d’aller vers le professionnalisme à travers la chaine de valeurs que constituent les différents domaines de l’art et la culture, pour le développement culturel au Tchad.
Viser le professionnalisme
“Je suis fière d’arriver à bout de ce projet de formations, qui a été difficile à mener, mais nous permet de nous professionnaliser. Le montage de ce projet a nécessité tous les détails possibles, exigés par les partenaires techniques et financiers. Nous sommes passées par la phase de présélection pour arriver à ce stade dont la restitution constitue son aboutissement. Et il faut bien que les artistes tchadiens arrivent à se professionnaliser’’ s’est réjoui Mariam Mayoumbila. Elle justifie le fait de la formation en administration culturelle, par le besoin des bons administrateurs qui se fait grandement sentir. Et si les femmes doivent intégrer les différentes phases de développement, il faut bien qu’elles soient en grand nombre lorsque des formations sont dispensées, afin de l’intégrer au même rythme que les hommes. ‘’Ces femmes formées sont à la hauteur des attentes, parce qu’elles étaient motivées. Ce qui nous a amenés à braver les pesanteurs socioculturelles en les initiant à la formation et l’utilisation des instruments des musiques traditionnelles, qui demeurent l’apanage des hommes. Quant à ce qui concerne la formation en art capillaire, il est question de conserver l’authenticité de sa culture pour le promouvoir, lorsqu’on se déplace hors de son pays’’ justifie de bout en bout madame Mariam.
Pour Masngar Jonas Massengo, le directeur de la création artistique et promoteur culturel, “tout ce qu’on peut apprécier à travers ces formations, c’est le fait de manquer de ressources humaines dans ce pays. On s’en plaint toujours, alors que quelques potentialités existent mais sont mal gérées. Pour mieux les gérer, il faut des spécialistes dans chaque domaine. Voilà des activités très appréciables qu’il faut encourager, parce qu’elles contribuent au renforcement des ressources humaines’’ plaide-t-il. Pour le représentant du monde des arts, lettres et de la culture à la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), Allamine Kader, “Aujourd’hui nous avons assisté à la restitution de 4 tableaux, mais peut-être dans les éditions futures, il y aura d’autres disciplines qui vont certainement s’ajouter pour renforcer les domaines du secteur artistique et culturel. Cette restitution contribue à la promotion de la culture tchadienne’’ espère le conseiller Allamine. Le directeur du ballet national Innocent Mbainaindoh John reconnait que ‘’le fait d’initier une formation avec un taux de 95% de participantes est saluer. C’est la particularité de cette phase du projet. Vivement que les formations des femmes instrumentistes puissent se perpétuer sous le ciel tchadien’’ complète le directeur du ballet national.
Roy Moussa