Le 9ème arrondissement de la commune de N’Djaména se trouve dans l’eau qui a débordé les rives des fleuves Chari et du Logone. Des familles entières, chassées par les eaux, se trouvent sans abri et attendent le secours des bonnes volontés.
Les quartiers du 9ème arrondissement de la ville de N’Djaména, tels que Walia Chari Birmil, Walia Ngoumna, Walia Goré, Walia Hadjaraï, Ngonnbâ, Toukra et Nguéli, sont dans l’eau. Le débordement des eaux des fleuves Chari et Logone a envahit les habitations. Les dégâts sont énormes et les tentatives de solutions que posent les victimes ne sont pas à la hauteur du désastre subi, voire vaines.
On se croirait au temps du déluge de Noé. Des maisons et meubles engloutis par des eaux souterraines communément appelée en arabe locale “al-mé sel” mettent plusieurs familles des quartiers précités dans un désarroi total. Femmes, enfants, hommes et vieillards pataugent dans l’eau, des pelles, houes et pioches en mains pour ériger des digues contre cette inondation. En vain. A chaque instant, l’eau gagne quelques centimètres de terre de plus. Au quartier Nguéli, les habitants accusent leurs chefs de carrés d’être les véritables causes de cette inondation. “Ce sont les chefs des carrés qui ont construit des digues au passage de l’eau”, s’emportent-ils. Certaines familles sont obligées d’aménager ou de se réfugier chez leurs voisins. D’autres sont restés dans l’eau pour garder les effets. “J’ai fait partir ma famille chez mon petit-frère à Gassi et c’est moi qui suis resté pour garder la maison”, informe Matoidé Hyacinthe.
Au quartier Walia Chari Birmil, les habitants ont transformé le grillage des prêtres construit non loin du marché Walia Hadjaraï en un camp des sinistrés. Tout bouge. Des femmes portent les enfants au dos, d’autres sur les épaules pour sortir de l’eau, des larmes aux yeux. “Je vais faire comment avec mes enfants et mes effets, mon mari est en voyage depuis un mois et je viens d’accoucher il y a deux jours”, se lamente Félicité, qui cherche précipitamment un moyen de transport pour évacuer les effets. Beaucoup de familles éprouvent des difficultés à sortir de cette inondation, faute de moyen de transport. Des hommes, enfants au dos, portent les effets sur la tête pour sortir de leurs habitations envahies par les eaux. Ceux qui ne sont pas encore atteints vivent dans une permanente anxiété. Nuit et jour, ils veillent, de peur d’être surpris par cette crue qui envahit progressivement la commune du 9ème arrondissement.
Commune des débrouillards, ceux-ci s’empêchent de sortir, de peur que la maison ne s’écroule sur leurs enfants et les effets. “Ça fait trois jours déjà que je ne suis pas allée au marché pour chercher de quoi à nourrir mes enfants. J’ai peur qu’après moi, un incident grave leur arrive en plus de la présence des serpents qui nagent partout dans l’eau”, se soucie Amina.
Dans les quartiers Toukra et Walia Chari Birmil, beaucoup sont obligés de s’installer le long de la voie bitumée à partir du lycée de Walia jusqu’à Toukra. D’autres ont regagné les sinistrés des eaux de pluies installés à la forêt de Walia. Mais là encore ils manquent de dortoir. D’ailleurs ce camp de sinistrés est lui-même menacé par l’expansion de l’eau. L’ampleur de la catastrophe ne permet pas aux habitants de ces quartiers de vaquer normalement à leurs occupations. C’est un fléau qui a commencé depuis 2012, mais celui de cette année est plus grave, témoignent les habitants.
Les sinistrés de Toukra accusent des personnes dites intouchables. “Ce sont les intouchables qui labourent le riz derrière l’Université de Toukra qui ont cassé le barrage. Ce qui a occasionné le déversement de l’eau dans les quartiers”, entend-on.
D’après les habitants du carré 20 au quartier Nguéli, le maire de la ville de N’Djaména s’est rendu sur les lieux constater de visu les faits. Il a demandé aux habitants de cotiser 2000 francs par concession pour payer du sable en vue de barrer la progression de l’eau. Mais les victimes des inondations prennent la sollicitation du maire comme une forme de moquerie. “C’est une moquerie de la part du maire”, réagissent-ils. La mairie du 9ème arrondissement qui a donné un coût de main avec 5 bennes de terre au carré 20 dans le quartier Nguéli n’est plus repartie constater l’évolution de la situation. Les sinistrés de ces quartiers demandent au gouvernement, aux organisations non gouvernementales et personnes de bonne volonté de venir à leur secours.
Mitan Maxime, stagiaire
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