En accord avec la direction des sports de haut niveau, le secrétaire général de la Fédération tchadienne du basketball, Rayam Abdoulaye, annonce la tenue de l’Assemblée générale élective pour le renouvellement du bureau entre les dates du 11, 15 ou 17 mars. Il en profite pour justifier les activités réalisées durant le mandat épuisé depuis plus d’un an et la non tenue de l’Age dans le délai requis.
Que retenir de votre mandat qui est largement écoulé ?
A notre actif, nous avons contribué à faire reconnaître et rayonner davantage le basketball tchadien. Le basket tchadien a changé de physionomie parce que nous avons une visibilité à l’international, même si elle est récente, et également de physiologie parce qu’aujourd’hui, vous avez des jeunes qui sortent de nulle part et qui vous jouent un basketball extraordinaire. Il y a un engouement terrible autour de notre basketball national. Les statistiques sont là et parlent d’elles-mêmes. Nous avons quitté un rang africain de 49ème pour la 18ème place, ce qui ne se réalise pas en deux ou trois années et mieux de 188ème mondial, nous occupons le rang de 89ème aujourd’hui. Quand bien même il y a des choses à arranger et à améliorer, ayons le courage de reconnaître cela à la fédération, aux coachs des centres de formation et aux joueurs qui se sont investis. Ce n’est pas seulement la participation du Tchad à l’afro Can qui détermine notre actif. Mais plutôt la participation du Tchad aux éliminatoires de la Coupe du monde jusqu’à deux fenêtres. Nous avions réussi à passer au deuxième tour, et étions dans le Top 10 africain en 2018. Il faut retenir que se qualifier au 2ème tour de l’éliminatoire de la Coupe du monde n’est pas donnée, mais le Tchad a réussi. Au championnat U 16 en Egypte (août 2021), le Tchad a remporté 4 titres individuels sur 5 avec en prime, ceux du meilleur marqueur et meilleur tireur à trois points. Nous avons également réussi à faire 9 formations à distance, grâce à l’appui de la Fédération internationale. Aujourd’hui, nous avons eu un projet de stade (Gymnase) au quartier Habena et un bus.
Quelles sont les leçons à tirer de ces performances réalisées ?
J’ai assisté à toutes les compétitions internationales et tire chapeau à ces jeunes talentueux qui ont jusque-là, consenti des sacrifices suprêmes. Nous avons également brillé au championnat U 16 au Caire en Egypte en août 2021. Cela a tenu du miracle, à cause de la performance de ces enfants qui viennent de différents centres de formation, puisqu’il n’y a pas de championnat. Il faut avouer et reconnaître que les entraîneurs de ces centres font un travail remarquable, de manière bénévole et surtout, sans sponsor ni appui institutionnel. Mais cela ne doit pas devenir une religion que de ne pas accompagner le sport de haut niveau, qui est relégué au stade de bénévolat, ce qui est dommage. Au niveau de la fédération, nous n’avons rien reçu de l’Etat ni 5 francs ni une rame de papier pour notre fonctionnement ou appui aux ligues. Personnellement, en tant que secrétaire général de la fédération, j’ai initié 14 correspondances au ministère de tutelle à cet effet, sans suite jusque-là.
C’est dernièrement (octobre 2021) que l’Etat, à travers le Comité olympique et sportif tchadien (Cost), a octroyé des subventions à chaque fédération. Et à peine les avions-reçues que tout le monde se met à crier dessus, comme si depuis quatre ans, nous avons fonctionné avec ces subventions dont les montants ont varié en fonction des fédérations, nous a-t-on dit.
S’il faut résumer les principales difficultés rencontrées, à quels niveaux se situent-elles ?
L’absence de financement et l’inorganisation sont les principales difficultés que nous éprouvons et les véritables goulots d’étranglement du développement du sport de haut niveau au Tchad. Le financement doit venir de l’Etat naturellement, puisque le sport de haut niveau c’est d’abord l’affaire de l’Etat. Qu’on ne fasse pas d’amalgames en invoquant le patriotisme ou le nationalisme. Ces notions doivent s’accompagner de moyens techniques et financiers conséquents, ainsi que des infrastructures si on veut obtenir des résultats. En plus, l’Etat dispose d’une institution sous tutelle moribonde et incapable qui est l’Office national de la jeunesse et des sports (Onajes). Il n’a jamais réussi à financer les structures sportives de haut niveau. Il faut revoir son mode de fonctionnement ou le supprimer. Toutes les fédérations ont des difficultés avec cette institution.
Vient ensuite le problème organisationnel qui est lié à la première cité. Les compétitions en national ou à l’international se préparent en amont, cela avec des moyens conséquents et en temps réel. Figurez-vous qu’on envoie six mois à l’avance une demande de financement au ministère de tutelle, pour se préparer à prendre part à une compétition, et c’est à une semaine de la compétition qu’on ressort le dossier pour nous dire, il faut enlever ceci, on n’a pas compris cela, est-ce que cela est sérieux ? C’est toujours dans ces conditions difficiles qu’on prend sur nous le courage, la patience et la responsabilité de faire avancer les choses. A cela s’est ajouté la Covid-19, qui a tout freiné et rendu également difficile notre travail.
“Reconnaître le leadership d’un homme”
Mais quoique les gens disent, il faut admettre et reconnaître que l’actuel président Banny Gata Ngoulou a grandement contribué à tirer vers le haut le basketball tchadien, par sa volonté et ses moyens. Je ne suis pas ingrat. Nous avons fonctionné pendant 4 ans grâce à ses efforts personnels, puisqu’au niveau de l’Etat, ce sont des promesses non tenues jusqu’aujourd’hui. A titre d’exemple, j’étais avec lui pendant qu’on préparait une sortie et à cinq jours des compétitions, un ministre en poste lui a dit “Fiston, c’est dur donc essaye de financer et on va te rembourser”, mais à l’arrivée aucun remboursement à ce jour. Aujourd’hui, le montant des préfinancements à lui rembourser s’élève à de plus de 65 millions francs CFA, sans qu’on daigne les lui débloquer. Voilà en partie des problèmes qui ne vous permettent pas de vous engager sereinement ou prendre des initiatives salvatrices.
Je ne cherche pas des excuses mais après 4 ans, nous devons rendre compte et passer la main à une autre équipe pour continuer le travail mis en chantier. Nous sommes arrivés à la fédération un novembre 2016, ce qui fait cinq ans pour un mandat de 4 ans. Ce n’est pas parce que nous voulons rester 5 ans. Le réel problème que nous avons connu, est celui de restructurer les ligues, puisque l’Assemblée générale est une affaire exclusive des ligues et non des individus. Dès lors que les ligues ne sont pas structurées, il y a problème. Lors de la dernière Ag, il y a eu ce problème c’est pourquoi nous avons voulu mettre les choses en place, c’est-à-dire revoir les textes de base afin de permettre aux ligues structurées et entités spécifiques de voter les membres du bureau exécutif. Malheureusement, cette démarche s’est heurtée aux difficultés évoquées tantôt.
Roy Moussa