Le casier rizicole de Bongor fait face à des difficultés qui, sans solutions immédiates, conduiront à sa fermeture. Aujourd’hui soumis aux effets drastiques du changement climatique (ensablement du fleuve Logone, réduisant le volume d’eau) et la vétusté des machines de pompage, ses jours sont comptés. Alerte !
Considéré comme le grenier de la ville de Bongor, le casier B constitue également une panacée à l’exode rural qui gangrène d’autres contrées tchadiennes. Aménagement rizicole, il s’étend sur une superficie de 800 hectares dont 500 sont à maîtrise totale d’eau et les 300 hectares à maîtrise partielle avec deux saisons dans l’année : une chaude et une humide. Depuis sa création, le Casier B a contribué à la réduction du taux de chômage, surtout en milieu jeune, et la réduction de l’exode du fait que la production s’effectue deux fois par an.
Mais depuis quelques années, le Casier B fait face à de nombreux problèmes d’ordre techniques, financiers et naturels. Malgré la volonté et la détermination des producteurs qui, pour la plupart ne vivent que des activités rizicoles du casier, les difficultés ne cessent de s’accroître. Elles mettent le casier B en posture d’arrêt. Les riziculteurs sont désemparés et craignent l’arrêt imminent du Casier B, comme c’est le cas du Casier A de Biliam-Oursi qui ne fonctionne qu’en saison des pluies et dont la production ne dépend que de la pluviométrie. “Si le gouvernement ne trouve pas une solution immédiate, c’est sûr que le Casier B ne survivra pas. Entretemps, nous craignons le pire pour les producteurs que nous sommes. Nous n’avons que cet aménagement rizicole qui nous sert d’espace d’exploitation. C’est avec le peu de récolte de riz que nous obtenons de ce casier que nous subvenons à nos besoins : nous nourrir, nous soigner, nous vêtir ; inscrire nos enfants à l’école et pour certains, envoyer leurs enfants en étude à l’étranger. C’est un mal qui risque d’amener la famine, d’accroître le taux de chômage et favoriser l’exode rural”, se plaint un producteur.
Pour le président du Comité de gestion du Casier B, Vatvounsia Foura, “le problème visible est l’ensablement du fleuve Logone qui a réduit drastiquement la quantité d’eau du Logone mais surtout celle devant la station de pompage. C’est une situation que l’on n’a jamais connue dans le passé et nous comprenons que c’est l’effet du changement climatique qui interpelle les plus hautes autorités et les partenaires du Tchad qui œuvrent en faveur du développement durable à agir”. Aujourd’hui, poursuit-il, “il est difficile d’alimenter en eau 100 hectares. Les producteurs ont perdu espoir car pour cette année si rien n’est fait, ce sera la catastrophe. Car si l’eau arrivait à manquer, il n’y aura plus de production”.
Machines de pompage vétustes
20 ans pour certaines et 15 ans pour d’autres, les machines qui alimentent le Casier B sont en grande partie en panne. “Les machines de pompage sont vétustes. Elles fonctionnent très difficilement avec des réparations qui deviennent très fréquentes. L’autre souci est lié aux pièces de rechange qui sont très difficiles à trouver sur nos marchés”, observe le président du Comité de gestion.
En effet, la vétusté du périmètre aménagé demeure également un problème crucial à ne pas ignorer. Les parcelles communément appelées carrés ne sont pas homogènes. L’on peut trouver dans un même bloc, 24 carrés de parcelles gorgées d’eau et d’autres exondées. Les pistes, autrefois larges, sont rétrécies suite aux érosions dus aux exploitations.
Situé juste à la sortie nord la ville de Bongor aux abords du fleuve Logone, le Casier B s’étend sur un aménagement hydro agricole de 2 500 hectares. Ces aménagements hydro agricoles ont été réalisés par les partenaires de l’État tchadien à savoir la Chine Taiwan et la Chine populaire entre 1965 et 2004.
Pour remédier à la situation, le comité de gestion du Casier B a évalué les besoins qui s’élèvent à quelque 3 173 000 000 francs CFA. Malheureusement, une telle somme d’argent n’est pas à la portée des producteurs. C’est pourquoi, par la voix du président de leur comité, ils lancent un appel au secours pour sauver leur casier afin de continuer à lutter contre l’insécurité alimentaire, qui ne tardera pas à élire domicile dans la province du Mayo-Kebbi Est en général et particulièrement dans la sous-préfecture rurale de Bongor si rien n’est fait.
Les arrêts de fonctionnement du Casier A de Biliam-Oursi et de son usine de transformation du riz dans la sous-préfecture de Rigaza (même préfecture et province où est logé le Casier B) doivent interpeller le gouvernement à chercher des solutions urgentes à la survie de ce seul casier qui fonctionne encore en deux saisons. Sans quoi, les milliers de producteurs vivent en ce moment en sursis, la mort dans l’âme.
Minnamou Djobsou Ezéchiel