Le Centre Al Mouna contre la Covid-19,De la culture à la santé de la population

Le Centre Al Mouna organise une campagne de sensibilisation de proximité contre la Covid-19, depuis avril. L’engouement qui s’observe autour des jeunes bénévoles engagés et déployés risque de s’estomper, si des appuis ne viennent pas en aide au centre pour accompagner l’initiative.

Cette quasi conversion dans la santé de la population n’entame en rien sa mission de promotion de la culture et du patrimoine. Le Centre Al Mouna s’adapte à la nouvelle donne et développe une méthodologie de sensibilisation de masse contre la Covid-19, axée sur le bénévolat et la proximité. Pour la directrice du centre, la sœur Aida Yazbeck, cette initiative lancée en avril dernier, a commencé par la formation des bénévoles sur les notions relatives à la Covid-19, comment elle se propage, contamine, et comment se protéger. Il est question d’aider les gens surtout les familles, à apprendre à se prendre en charge vis-à-vis de cette maladie. Puisque tout le monde n’a pas les moyens d’avoir un robinet à la maison, le centre forme sur la fabrication de robinet à base de bouteille de plastique et enseigne la gestion rationnelle de l’eau, les techniques pour se savonner les mains, etc. Et le changement social nécessite une proximité.

Les 2ème et 3ème arrondissements de la commune ont bénéficié de la première expérience, au résultat satisfaisant. Maintenant qu’il est question d’étendre cette campagne, le centre se rend compte qu’il faut des moyens de déplacement pour ces jeunes qui sont très enthousiastes. Une correspondance envoyée au comité de veille qui est aujourd’hui dissout, n’a pas eu de suite. Finalement, le centre a fait appel à ses bénévoles dans les différents arrondissements, en plus de quelques associations qui se sont jointes au centre. Les bénévoles ont couvert les quartiers de Ndjari, Chagoua et Walia et sont encore dans les 7ème, 8ème et 9ème arrondissements. En date du 25 mai 2020, la population touchée par la sensibilisation, donne un état de 3902 familles, 35.952 personnes dont 9592 femmes.

Pour la sœur Aida, “tout ce travail se fait dans le cadre du bénévolat. Je remercie vivement ces jeunes bénévoles qui veulent continuer davantage à travailler, mais nos moyens sont limités et il leur faut effectivement un minimum pour avancer. Nous avons aussi formé des délégués des quartiers et des chefs des carrés qui accompagnent ces jeunes à accéder aux concessions. Actuellement, nous avons une centaine de bénévoles formés qui sont sur le terrain. Quand tout sera fini et que la pandémie va s’en aller, je compte réunir tous ces jeunes pour leur offrir un repas et les remercier. Etre volontaire et bénévole ce n’est pas simple”, reconnaît-elle. Elle ajoute qu’au Tchad, il n’y a pas une culture de bénévolat et prône pour un changement des mentalités.

Au titre des difficultés, outre le manque d’appui et d’accompagnement qui se révèle, des gens continuent de se saluer et d’autres ne respectent pas la distanciation. Ce qui fait dire à la sœur Aida que les gens ne sont pas disciplinés ici. Quant à celles que rencontrent les bénévoles sur le terrain, ils sont assimilés d’abord aux agents de l’Etat qui a promis un accompagnement social des mesures. Le centre, selon sa directrice, n’est pas habilité à faire des actions de cette nature. Le gouvernement a pris des décisions dans ce sens, mais pratiquement dans les quartiers certains n’ont rien reçu. Le centre n’est pas une association d’assistance, mais plutôt une association pour promouvoir la culture, éduquer les gens. C’est pourquoi “nous avons pris l’initiative de rentrer dans l’hygiène et c’est très important. Beaucoup de familles apprécient très bien notre action”, confie-t-elle. Un groupe du quartier Habéna veut aussi bénéficier de la formation, afin de descendre sur le terrain apporter sa contribution. Mais continuer cette sensibilisation salutaire serait difficile s’il n’y a pas d’appui, lâche-t-elle comme un appel à l’oxygène, avant de conclure, “maintenant je suis contente, parce qu’on regarde à la télévision les artistes  qui s’investissent aussi. C’est la somme de ces petits moyens, mis bout à bout qui aboutiront à un grand résultat. Et le centre prône le mieux vivre ensemble”.

Roy Moussa