Le Conseil national consultatif des jeunes du Tchad (Cncjt) a tenu du 3 au 5 décembre, son 4ème congrès ordinaire pour jeter ses nouvelles bases autour d’un partenariat qui dynamise la vie associative au Tchad.
Le temps fort de ces assises est l’élection du nouveau bureau exécutif et surtout le poste du président tant convoité. Les tensions ont commencé à monter dans la salle mais toujours est-il que le présidium, par sa modestie, sa simplicité réussit à ramener le calme dans la salle. Faute de temps imparti, les candidats n’ont pas déroulé leurs programmes. Ainsi, tour à tour, les noms des candidats sont projetés sur l’écran géant afin de permettre aux 167 votants de choisir les candidats digne de les représenter. Dans les grandes bassines noires en guise d’urnes, les votants passent et déposent les bulletins. Après chaque poste, les bulletins sont comptés en présence de tous. Ainsi de suite. A 22 h 30, le vote de la présidence commence. Sur les 3 candidats qui ont concouru, Abakar Al Amine Dangaya, ancien président de l’Union nationale des étudiants tchadiens (Unet) remporte la présidence avec 96 voix sur 167. A peine élu, il demande aux politiques de laisser son organisation œuvrer dans la totale liberté et indépendance. Même message martelé par le président sortant à la cérémonie d’ouverture.
Des Textes Rénovés
Les congressistes sont venus de toutes les provinces et représentent environ 200 associations des jeunes. Le principal objectif du congrès est la révision des textes de base qui régissent le Cncjt et l’élection d’un nouveau bureau exécutif. Dès la première journée, les signes d’une envie de remettre le Cncjt sur le bon chemin se manifestent à travers la nomination du présidium unanimement accepté par les congressistes. Il s’agit de Dr Ali Abderahman Haggar à la présidence, Me Clarisse Nomaye à la vice-présidence. Les deux rapporteurs sont Brahim Dadi et Yousra Ndiaye. Les trois autres membres du présidium sont choisis par l’assemblée.
Après la cérémonie d’ouverture, les travaux de la relecture des statuts du Cncjt ont commencé et se sont poursuivis jusqu’à la mi-journée du deuxième jour. Les congressistes ont apporté quelques changements sur les textes de bases.
Au niveau du préambule, les jeunes ont adopté l’ajout de tous les textes notamment la recommandation de la Conférence nationale souveraine relative à la création d’une instance de la représentation des jeunes; l’ordonnance n° 23/PR/2018 du 27 juin 2018 ; la recommandation du forum national inclusif relatif à l’institutionnalisation du Cncjt et enfin la création de l’Agence nationale du volontariat du Tchad. Les amendements adoptés au titre des dispositions générales sont la nouvelle devise: citoyenneté-fraternité-développement. Pour l’emblème du Conseil, les congressistes ont adopté l’idée de lancer un concours pour la conception d’un meilleur logo afin de remplacer l’actuel. Ils ont aussi adopté la création des coordinations provinciales et de cellules départementales, sous-préfectorales et communales dans les provinces. En ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement du Cncjt, les jeunes ont recommandé la prise en compte de la diaspora, du bilinguisme, des nomades, de l’entrepreneuriat et de l’innovation dans les missions et les activités du conseil; l’élargissement de la mission du bureau exécutif en y intégrant les activités comme le suivi des activités provinciales et des cellules, la mobilisation des ressources, la culture de l’amour, de la tolérance et du vivre ensemble, la protection des enfants de la rue et l’orientation des adolescents. Les innovations ont également touché le titre 3 relatif aux attributions. Il est adopté le principe de recrutement des commissaires (2) aux comptes par voie de candidature et enfin au titre 4 relatif à la composition et aux membres, la proposition retenue est que chaque délégué disposera désormais d’une voix délibérative au congrès.
Au menu des travaux, se trouvent également la révision et l’adoption du règlement intérieur, la création de quatre nouveaux postes et l’appréciation du rapport d’activités de l’équipe sortante.
L’empreinte de Routouang Christian
Après une longue période de désordre au sein de cet organe de la jeunesse, le jeune ministre a pris les choses en main et a, à cette occasion marqué son empreinte. Le Cncjt a pour principale mission de transcender toutes les considérations subjectives pour mieux conscientiser la jeunesse, faire sa promotion sur le plan social, économique, culturel, politique et technologique. Cependant, il a connu des bisbilles internes. Ce qui a permis au président sortant Charfadine Nassour Tedoué, arrivé à la tête de cet organe en 2013, de se maintenir à sa tête après des élections émaillées d’irrégularités en 2018.
Il y a quelque mois, le ministre Christian Routouang a sorti une note demandant à Charfadine d’organiser le congrès et de passer la main. Chose faite mais avec des conséquences plus ou moins visibles. Les relations entre les deux se sont détériorées depuis lors. Pour l’organisation de ce congrès, le ministre s’est investi personnellement dans certaines tâches. L’exemple le plus visible est sa réaction à la cérémonie d’ouverture. Il a martelé que “l’importance de ce congrès marquera l’élection d’un nouveau bureau et permettra de combler le vide institutionnel connu depuis 2018”, puis a insisté sur l’esprit d’union, de cohésion et de fraternité devant prévaloir durant le congrès. Il a rappelé aux jeunes leurs responsabilités face à l’histoire pour la réussite dudit congrès.
Quelques jeunes voulaient perturber le déroulement du congrès en montant sur le podium. Le jeune ministre s’est levé pour prendre le micro et leur demander de descendre.
Nadjindo Alex