Le Lycée d’enseignement technique industriel de N’Djaména (Letin) qui est longtemps resté dans la vétusté, essaye de se redynamiser en s’ouvrant au monde professionnel.
Crée en 1977, sous l’appellation du Lycée technique industriel (Lti), cet établissement public a connu un arrêt, suite à la guerre civile qu’a connue le Tchad en 1979. Ce qui a amené les responsables à le déplacer dans la ville de Sarh. Après l’accalmie, ses portes ont rouvert en 1988 et depuis lors, il fonctionne normalement. En 2007, quelques reformes ont été opérées et l’établissement a changé de dénomination pour devenir le Lycée d’enseignement technique industriel de N’Djaména (Letin). Pour cette année scolaire 2021-2022, le nombre d’élèves a atteint 565 dont 42 filles. Pour la nouvelle équipe dirigeante, le Lycée est peu fréquenté, à cause de son manque de visibilité. C’est pourquoi elle ambitionne de s’ouvrir afin de permettre aux élèves de se frotter et de côtoyer le monde professionnel.
“Nous devons nous adapter au nouvel environnement et changer la manière de fonctionner. C’est pourquoi nous nous-sommes fixés deux objectifs : le management et la visibilité”, annonce son proviseur, Temoua Habmon, lui-même ancien élève de l’établissement, devenu professeur, puis proviseur nommé en octobre 2021. II admet et reconnait que l’établissement manque totalement de visibilité. Un site internet et une page facebook sont créés à cet effet, pour informer le public des activités et réalisations en son sein. Des correspondances sont également envoyées aux entreprises, pour nouer des partenariats afin de permettre aux élèves de l’établissement de s’insérer dans la vie professionnelle graduellement.
“J’ai adressé des correspondances aux entreprises et la Société industrielle des matériels agricoles et d’assemblage de tracteur (Simatrac), qui a aussitôt répondu favorablement. Nous avons eu des échanges, et c’est ce qui a permis à nos équipes techniques respectives d’élaborer un draft de partenariat, que nous avons transmis à la hiérarchie qui est le ministère de l’enseignement technique, pour son appréciation et approbation”, renseigne le proviseur. Ce projet de protocole d’accord de partenariat avec la Simatrac, se résume en trois axes : la formation, le recrutement, et tout ce qui concerne la communication. La Simatrac s’engage à recruter en cas de besoin, les meilleurs élèves à l’issue des examens de fin d’année pour les classes de terminales. Cela sous la supervision d’un jury qui va intégrer en son sein, des techniciens des deux parties, explique le proviseur.
“La Simatrac accorde des stages académiques aux élèves pendant les vacances, et cela permettra à un élève par exemple de la seconde, de se confronter aux réalités du terrain tout en étant sur le banc de l’école. Le lycée s’engage à combler les failles des apprenants recrutés, en fonction du rapport de stage que produira la Simatrac. Nous nous engageons donc à donner une formation initiale. En fonction de l’adaptation à certains postes qui nécessitent des formations, nous allons recevoir les agents de la société pour une formation continue”, a ajouté le proviseur.
En ce qui concerne la communication, les partenaires s’engagent à associer leur logo sur leurs sites internet respectifs, pour plus de visibilité.
Jean Michel Djerané, directeur général de la Simatrac, informe que la mission traditionnelle de la société, c’est l’assemblage, la commercialisation et disposer des matériels liés à l’agriculture. “Maintenant que nous avons besoin de mécaniser l’agriculture pour sa modernisation, l’objectif visé serait d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Cependant, cela tient compte de tous les facteurs, dont beaucoup d’aspects techniques”, souligne le Dg de la Simatrac. C’est pourquoi ajoute-t-il, quand la société a reçu la correspondance, elle a automatiquement réagi parce que le Letin est une institution étatique et structurée. D’où l’idée d’aller vers un partenariat. “La mécanisation et la modernisation c’est bien, mais pour atteindre une autosuffisance alimentaire, il faudrait associer les ingénieurs en techniques agricoles, les agronomes et aussi les mécaniciens pour entretenir les tracteurs. Alors, il faudrait former les jeunes pour cela et c’est un travail à la chaine que nous avons compartimenté. Ce partenariat avec le Letin n’est que la première partie visible du compartiment qui entre dans le volet de la formation. Dans les jours à venir, nous allons nous déployer pour ces genres d’activité avec d’autres structures qui vous permettront de comprendre aisément, ce que nous sommes en train de dire aujourd’hui”, rassure Jean Michel Djerané. Pour lui, si aujourd’hui il faut distribuer 1000 tracteurs à la population ciblée, ce n’est pas facile de les entretenir. Il faut d’abord former les jeunes et les spécialiser sur les différentes qualités de tracteurs, et faire un travail de suivi, pour s’assurer de la capacité d’adaptation des tracteurs aux différents types de sol dans les différentes zones, mais aussi de connaitre les variétés de culture.
Des collaborations multiformes envisagées
Le proviseur informe, qu’il y a également d’autres types de collaborations dans le domaine de l’électronique automobile, avec quelque personnel de la Cefao Motors. La collaboration consiste de consacrer les heures libres en donnant un coup de main aux élèves de la classe de terminale, afin qu’ils puissent avoir un minimum de connaissance des nouvelles technologies actuelles, liées aux véhicules, alors que le lycée est resté dans les enseignements liés aux anciennes marques des voitures. Le souhait est d’arriver au format partenariat de type écoles-entreprises, avec des sociétés telles que la société nationale d’électricité, l’abattoir frigorifique de Farcha, mais aussi des partenariats écoles-écoles. “Afin de collaborer avec d’autres écoles et partager les contenus de leurs programmes, nous avons eu des contacts avec les anciens élèves qui sont maintenant des responsables dans certains instituts, et à la faculté des sciences exactes et appliquées de Farcha. Nous sommes sur la piste de collaboration pour peut-être aider nos formateurs par exemple sur certaines machines de la haute technologie en automatisme, et aussi des machines qui ont été données par la Turquie, ainsi que d’autre collaboration avec l’école normale Supérieure pour un partenariat gagnant-gagnant”, promet le proviseur. Il n’a pas manqué d’énumérer quelques difficultés que le lycée traverse. “Les choses ont évolué, car la formation d’hier n’est pas la même que celle d’aujourd’hui. Nos machines sont vétustes, certaines ont disparu. Ce qui limite un peu les formations, et fait que l’élève est dans le doute”, relève Temoua Habmon .
Modeh Boy Trésor