Le Pap/js campe sur sa position

 Si certains partis ont été approchés par des facilitateurs pour les convaincre d’intégrer le processus du dialogue national inclusif et souverain (Dnis), le Parti africain pour la paix et la justice sociale (Pap/js) dit n’avoir pas encore reçu une visite dans ce sens. Son leader, Néatobeï Bidi Valentin campe sur sa position de ne pas participer au Dnis.  

 Pour Néatobeï Bidi Valentin, président du Pap/js, plusieurs conditions ont été proposées par son parti pour sa participation au dialogue national inclusif souverain, officiellement lancé le 20 août 2022. Cependant, rien n’a été respecté, ni pris en compte par le pouvoir en place. “Nous n’avons pas accepté les conditions dans lesquelles la transition a été mise en place ; en commençant par le Conseil militaire de transition (Cmt) qui a à sa tête, le fils du défunt président Idriss Déby Itno. Cette pratique nous a fait comprendre qu’on est en train d’aller vers une succession dynastique. Ensuite, beaucoup de voix à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur et de l’Union africaine se sont levées pour demander que la charte de transition soit modifiée pour faciliter la mise en place d’un organe paritaire civil-militaire pour gérer la transition, et qu’on puisse insérer que les autorités de la transition ne seront pas éligibles aux élections post transition. Ça n’as pas été respecté par le Cmt”, explique le président du Pap/js.

Selon lui, accepter d’aller au dialogue dans ces conditions c’est permettre au Président du conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby (Mahamat Kaka) de se maintenir au pouvoir ; parce que depuis qu’il a décrété le dialogue, nous avons constaté qu’il a mis en place tout un réseau en favorisant les créations des plateformes des associations qui manifestent en sa faveur et lui accordent leur soutien comme s’ils ont une légitimité.

Le président du Pap/js précise que le Cmt ne devait être là que pour organiser le dialogue afin que les tchadiens débattent des institutions à mettre en place pour permettre à ce que les élections se tiennent et que les tchadiens qui se sentent capables de se présenter aux élections pour avoir la voix du peuple, briguent la magistrature suprême. Or, telles que les choses se passent, tout est mis en place pour que les autres accompagnent Mahamat Kaka pour qu’il puisse perpétuer la dynastie Déby. Bidi Valentin et son parti n’entendent pas cautionner une telle mascarade. La salle n’est remplie que par des gens qui sont proches du pouvoir, les membres du Mouvement patriotique du salut, les autorités administratives, les chefs traditionnels, les personnes ressources sont tous du même camp, constate-t-il et d’ajouter : “n’oublions pas aussi l’achat de conscience”. Il souligne que l’opposition qui est minoritaire n’aura pas de possibilité de changer les choses.

Néatobeï Bidi Valentin, trouve que le problème de la gouvernance débattue au pré dialogue de Doha, renforce la position de nullité de ce dialogue national inclusif et souverain. “Le problème de la gouvernance doit se débattre au dialogue ici à N’Djaména mais, si le pré dialogue de Doha a si longtemps duré, les gens voulaient que le partage de gâteaux se fasse là-bas. Ils ont donc débattu plutôt du partage du gâteau et la plupart des politico-militaires sont issus de la même région. Le temps qu’a duré le pré dialogue avait pour but de ficeler les choses de manière à ce que tout ce qu’ils auront arrêté puissent être imposés au dialogue”, martèle le président fédéraliste qui reste perplexe sur les conclusions du dialogue. Il demande par ailleurs au groupe des négociateurs de prendre en compte les revendications des uns et des autres et d’établir des contacts avec les différents groupes politico-militaires non signataires de l’accord de Doha et les autres regroupements de la société civile et des partis politiques pour qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments pour intégrer le processus du dialogue.

“Nous avons l’expérience des réconciliations nationales, telles que Lagos (Nigeria) qui a mis en place le Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt) ; celles de Brazzaville (Congo), de Libreville (Gabon), la Conférence nationale souverain (Cns) qui s’est dit être la dernière des conférences en brûlant les armes. Et parmi les témoins, le président Goukouni Weddey est encore en vie et participe encore aujourd’hui au dialogue. Ce sont tous ces échecs qui nous amènent à être sceptique du bon résultat du dialogue”, rappelle-t-il.

Si pendant les débats du dialogue, les participants parviennent, dit-il, à faire prendre une décision officielle que les autorités de la transition ne prendront pas part aux élections (l’une des revendications de sa formation politique), alors son parti regagnera les autres. “Nous restons sur notre position jusqu’à ce que les choses évoluent de telle sorte qu’on déclare officiellement que les autorités actuelles ne seront pas candidats aux élections post transition”, conditionne le président du Pap/js.

Modeh Boy Trésor