Le Parlement européen condamne

Alors que l’Union africaine décide d’accompagner la transition vers un régime démocratique dans le délai de 18 mois, à compter du 20 avril 2021, comme annoncé par le Conseil militaire de transition (Cmt), le Parlement européen, lui, condamne toute forme de prise de pouvoir sans suivre l’ordre constitutionnel et exige l’ouverture d’une enquête sur la répression des manifestations.

A travers une résolution rendue publique le jeudi 20 mai 2021 sur la situation politique et sécuritaire au Tchad, c’est par 635 voix sur 693 que les députés européens ont voté la condamnation de la prise de pouvoir par les militaires tchadiens après le décès du président Idriss Déby Itno. Le Parlement européen demande au Conseil militaire de transition d’assurer un retour rapide et sans entrave à l’ordre constitutionnel et de veiller au respect des valeurs démocratiques. L’Union européenne (Ue) exige en outre l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur la répression des manifestations.

Tout en déplorant le meurtre du président Déby Itno et les récentes violences et pertes des vies humaines dans les attaques des groupes armés, les députés ont réaffirmé leurs préoccupations face à la crise qui perdure au Tchad et à l’instabilité de la situation sécuritaire dans le nord du pays. Ils condamnent avec vivacité les violations répétées des droits humains et du droit international et humanitaire.

Prise au lendemain d’une manifestation organisée le 19 mai, une fois de plus réprimée par les forces de défense et de sécurité, la résolution des parlementaires européens a aussi condamné la suspension de la constitution, suivie de la dissolution du gouvernement tout en rejetant la charte de transition, qui à leur avis, non soumise à une consultation démocratique. Et ce n’est pas tout.

Les députés européens demeurent convaincus que les divisions au sein de la société tchadienne ne peuvent se résoudre par des moyens militaires. A cet effet, ils invitent toutes les parties à s’abstenir de toute action violente, à s’engager dans un dialogue politique et à préserver les vies de la population civile. La résolution demande au Conseil militaire de transition d’assurer un retour sans entrave et rapide à l’ordre constitutionnel et de veiller au respect des valeurs démocratiques. Les députés relèvent que la nomination d’un gouvernement de transition civil, comprenant des membres de certains groupes de l’opposition, est un premier pas vers le retour à l’ordre constitutionnel. Ils invitent également le Conseil militaire de transition à créer et à garantir les conditions d’un dialogue national inclusif entre le gouvernement et les acteurs de la société civile et à garantir une transition pacifique, menée par des civils et urgente vers des élections démocratiques, libres et équitables, dans les meilleurs délais, qui aboutiraient à un président élu démocratiquement et à un gouvernement d’ouverture.

 

Pour une véritable transition

“Une véritable transition et réforme démocratique doit être menée par des civils et permettre la participation pleine et active des organisations de la société civile, des femmes et des jeunes, des partis d’opposition et de la presse libre, qui devraient être en mesure d’œuvrer sans violence, intimidation ou restrictions”, soulignent les députés européens qui condamnent la restriction du droit de manifestation et le recours à la violence par le Conseil militaire de transition contre des manifestants. Ils invitent “instamment le Conseil militaire de transition à libérer toutes les personnes emprisonnées à la suite de manifestations récentes; demandent également la mise en place d’une commission d’enquête indépendante et impartiale pour enquêter sur les abus commis pendant les manifestations et sur les éventuelles violations des droits de l’homme qui ont pu se produire, y compris l’utilisation apparente d’une force inutile et disproportionnée pour disperser les manifestants”.

Par ailleurs, l’Union européenne s’inquiète de la corruption et de l’impunité au Tchad. Elle “relève que l’absence de réaction face aux violations des droits de l’homme contribue à la perpétuation des abus et affaiblit la confiance du public dans les institutions de l’État”.

Les députés demandent au Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi qu’à la délégation et aux missions de l’Ue au Tchad de garantir la pleine mise en œuvre des orientations de l’Ue concernant les défenseurs des droits de l’homme et du plan d’action de l’Ue en faveur des droits de l’homme et de la démocratie. Ils invitent la communauté internationale à soutenir le Tchad dans ses efforts sur la voie de la démocratie et demandent, en particulier, à l’Union africaine et au G5 d’aider le Tchad en permettant un dialogue ouvert à tous et intersociétal, en vue d’une solution durable et pacifique.

Djéndoroum Mbaïninga