Une dizaine de journalistes de N’Djaména et de l’intérieur du pays, ainsi que les points focaux et animateurs du Pilc ont pris part, du 16 au 18 juin 2021, à la Maison des médias, à la formation sur la participation des femmes aux processus électoraux.
Une formation organisée. L’objectif de cette formation recherché par Public interest law center (Pilc), à travers le projet “Accès à la justice et démocratie : la participation des femmes aux processus électoraux” vise essentiellement à garantir les droits électoraux des femmes et à accroître la participation de celles-ci aux élections à venir, par une campagne de sensibilisation, d’éducation civique électorale et de mobilisation générale. Il est question de contribuer à aider et encourager les femmes à s’engager dans la lutte pour l’élimination des inégalités, fixer des objectifs et prendre la décision, non seulement pour participer aux processus mais aussi pour se présenter comme candidates.
Il a été question de contribuer au renforcement de capacités des journalistes, femmes/ hommes des médias sur l’empowerment des femmes, pour une réelle participation aux processus électoraux. Spécifiquement, il s’agit d’imprégner les journalistes du contenu du code électoral tchadien et les textes régissant la formation des partis politiques; relever leur rôle et faire d’eux des hommes des médias capables d’accompagner les femmes pour des postes électifs; susciter leur contribution à l’effet de donner une grande visibilité aux femmes candidates ou de celles qui aspirent à la magistrature suprême, à travers la réalisation des émissions, tables rondes, … et susciter l’éveil des consciences au niveau des médias, en tant qu’acteur du changement.
Deux experts, Me Koulmem Nadjiro et Dr Yédjibaye Yémingar ont entretenu les participants à travers six modules, notamment la citoyenneté, la démocratie en théorie et en pratique, la bonne gouvernance, les élections, les institutions républicaines et le contrôle des élections et techniques de sensibilisation. Pour Néloumta Mélodie, journaliste à la radio Fm Liberté “ces trois jours de formation ont été bénéfiques, à cause des échanges et partages d’expériences, et surtout de la méthode du travail. Je ne maitrisais pas tellement les concepts de citoyenneté, démocratie et le processus du cycle électoral, mais là je me sens vraiment outillée. J’ai surtout beaucoup apprécié le module relatif à l’élection. A travers cette formation, je me sens stimulée pour réaliser des émissions qu’il faut, afin de sensibiliser et stimuler les femmes à s’engager dans la politique et à participer à toutes les échéances électorales, être de véritables leaders politiques sans complexe. Ces dernières années, elles commencent à inverser les tendances par leur apparition dans les sphères politiques. Il est de notoriété reconnu que les femmes gèrent mieux que les hommes, parce qu’elles ont du cœur. Il nous appartient maintenant de les inciter à s’engager et à occuper tous les espaces politiques possibles”.
Accompagnement des médias
Le Pilc justifie cet atelier de formation par le fait que, plus de 30 ans après l’avènement du multipartisme, le Tchad est ce pays de la zone sahélienne qui peine encore à nouer avec les principes basiques de la démocratie. Car il s’y observe une exclusion réelle d’une frange de la société, dans la gestion de la chose politique. Il s’agit notamment des femmes qui subissent aussi bien une sorte de violence institutionnelle que sociale. Pour sa participation en tant qu’électrice par exemple, la femme tchadienne chez qui le taux d’analphabétisme est de 32% de manière générale et 14% en milieu rural en particulier (Rapport Pnud de 2018 sur les Idh), méconnaît ce droit qui lui est reconnu par la constitution. C’est pourquoi, il est rappelé que pour sa participation en tant que candidate éligible, la femme tchadienne est dangereusement à la traîne, car il n’y a eu qu’une seule candidature féminine à la présidence de la République, pendant les élections d’avril 2021. Ce qui relève du manque d’engagement des femmes tchadiennes sur la scène politique, à cause de l’insuffisance en termes de formation politique, et de lobbying, qui puisse servir de tremplin aux potentiels leaders féminins.
Le Pilc fait noter que les médias qui constituent le 4ème pouvoir, ne se préoccupent pas vraiment de cette question qui, en réalité, est une forme d’injustice sociale. Très peu de temps est accordé au “marketing politique” des femmes leaders à forte influence, qui pourraient briguer la magistrature suprême. La culture politique dans le milieu féminin est à cet effet moins soutenu par les médias, qui sous d’autres cieux, ont permis de pousser haut des figures politiques à l’instar de Ségolène Royale en France, de Hillary Clinton aux Etats Unis, de Angela Merkel en Allemagne et de Hélène Johnson Sirleaf au Liberia, pour ne citer que celles-là. Le Pilc veut, par le moyen d’information et de sensibilisation, susciter un changement durable des mentalités et des traditions, afin que la participation des femmes aux élections soit pleine et entière à tous les niveaux.
Roy Moussa