martèle la plateforme républicaine de barrages au processus référendaire et anti-succession dynastique, tout en dévoilant, en conséquence, son plan d’action via un point de presse, le mercredi, 13 septembre dernier à N’Djaména.
Annoncé le 22 août dernier, le plan de blocage du processus électoral, notamment du référendum constitutionnel projeté au 17 décembre prochain, est dévoilé à la presse, le 13 septembre dernier. Afin de contrer un plan de succession dynastique et de sa pérennisation, qui se trame à travers la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (Conorec), “un organe de collusion, totalement inféodé à la junte au pouvoir”, la plateforme républicaine de barrages au processus référendaire et anti-succession dynastique oppose un contre plan. Déroulé en trois principaux axes stratégiques, ledit plan s’accompagne de moyens d’action détaillés. “Notre démarche qui se veut inclusive, ne peut convaincre que si elle apporte de réponses claires et précises à l’effet de permettre à chaque Tchadienne et chaque Tchadien de s’en approprier pour faire arrêter le processus inique en cours”, s’oblige Siddick Abdelkerim Haggar, Président de l’Union pour la refondation du Tchad (URT), l’un des portes paroles de la plateforme, dès l’entame de ses propos. En effet, la plateforme propose d’entraver la réalisation du référendum par des méthodes légales d’obstruction consistant, d’une part, en l’abstention systématique, qui sera concentrée sur des actions actives visant à obtenir une abstention massive à l’élection référendaire aux fins de l’affaiblir et d’autre part, d’arriver, in fine, à un résultat avec un taux de participation très en deçà de la majorité qualifiée pour valider une constitution, le but étant de le rendre irréalisable. Car, il ne faut laisser au gouvernement, aucune autre option que celle de l’abandon de ce projet de constitution qui porte les germes d’une dictature implacable. Étant donné qu’elle concentre tous les pouvoirs entre les mains du futur président de la République, qui n’est rien d’autre que l’actuel président de transition, Mahamat Idriss Déby, en passe d’être fait président de la République. Et ce, en dépit de la résolution du conseil Paix et Sécurité de l’Union africaine (Ua), qui postule que “toute personne ayant participé à un gouvernement de transition militaire, à quelques titres que ce soit, ne doit se présenter aux élections post-transition”. Par conséquent, “l’on doit s’y opposer par tous les moyens légaux et dans la limite des possibilités d’action”, excipe la plateforme.
Pour ce faire, trois axes stratégiques graduels seront mis en œuvre. D’abord, les campagnes d’information et d’explication durant lesquelles il sera fait une large diffusion d’information sur l’exclusivité du processus, notamment de son caractère irrégulier et illégitime, afin de décourager le maximum d’électeurs, les dissuadant d’un vote qui n’a pas d’importance et faisant ainsi valoir l’argument fondamental que tout le processus électoral en cours est biaisé, avec un résultat connu d’avance. Ensuite, le boycott organisé et la rupture des urnes où il sera question, pour l’un, d’encourager activement et, par tous les moyens légaux, les groupes et organisations à boycotter activement le référendum et à convaincre d’autres à se joindre à l’initiative. Et pour l’autre, à entreprendre des actions à même d’empêcher le maximum d’électeurs d’aller aux urnes le jour du scrutin et à en empêcher d’autres de s’y rendre, en organisant, de façon coordonnée et simultanée, de géantes manifestations pacifiques, de sit-in, etc., sur toute l’étendue du territoire nationale. Enfin, la plateforme inscrit aussi dans ses lignes stratégiques, l’organisation d’une contre-élection. Cette stratégie qui parait toute nouvelle au Tchad, visera la remise en cause et, le cas échéant, l’annulation de l’élection référendaire par la mise en œuvre des actions citoyennes d’envergure, dont le lancement d’une campagne en ligne, expliquant la dynamique de la confiscation du processus par le pouvoir de transition et de sa destination qui n’est rien d’autre que l’instauration de la dynastie ; l’organisation, le jour du référendum (théoriquement, le 17 décembre prochain), d’un vote simultané, en ligne et en présentiel (physique) de rejet du projet de constitution et de censure de la transition en cours. D’ores et déjà, la plateforme mise sur les médias, mais aussi sur les moyens technologiques de communication, forum libre en ligne ou en webinaire, message streaming (des lectures en continu, diffusion en flux, en circulaire), débats radiodiffusés et web radio, interviews directes, affiches explicatives, tractes, porte-à-porte, etc. pour atteindre son objectif. Celui d’empêcher le référendum en fournissant d’amples explications sur les enjeux de la constitution proposée et ses conséquences sociopolitiques, potentiellement dangereuses pour la cohésion et le vivre ensemble. Pour l’atteinte de son objectif, la plateforme ne laisse personne sur le carreau. Dans sa stratégie d’influences sociales et politiques, elle entend mettre à contribution, les leaders religieux, les organisations de la société civile, les partenaires techniques et financiers du Tchad, par le canal de publication de lettres simples et ouvertes, de messages circulaires de masse, entre autres. En rappel, la plateforme républicaine de barrages au processus référendaire et anti-dynastie est une émanation du Groupe des acteurs politiques (Gcap), renfermant des partis politiques ayant boycotté le dialogue national inclusif et souverain (Dnis) d’octobre 2022.
Thomas Reoukoubou