Le silence de Géo hante les artistes

Le 27 novembre 2020, Géo Patalet, le ministre en charge de la culture, en visite à l’espace culturel Talino Manu, à la journée porte ouverte de la Conat, avait fait trois annonces parmi lesquelles l’octroie de 50 millions aux artistes pour compenser les effets des mesures sanitaires édictées par le gouvernement sur leurs activités. Il avait agité ce jour, le panier aux crabes.

Le 8 janvier dernier, le ministère a publié la liste de 1821 artistes bénéficiaires de ce fonds. Une liste remise à chaque corporation aux fins de vérifier et de s’assurer qu’il n’y ait pas d’erreurs er d’omissions. Les artistes dans la pratique, savent qui est artiste et qui ne l’est pas. Curieusement, il existe sur cette liste cette liste des inconnus. Sur ce point, les regards se tournent vers la direction des arts dont, depuis longtemps, une des activités phares consiste à délivrer tous azimuts des cartes d’artiste contre espèces sonnantes et trébuchantes. Une des difficultés aussi dans cet exercice, est que l’on retrouve le nom de certains artistes dans plusieurs corporations, parce que ces derniers ont pensés que le fait de pratiquer à la fois plusieurs disciplines pourrait donner le droit de gagner plus que les autres. Cela a suscité beaucoup de polémiques, et surtout irrite les artistes qui ne résistent pas à l’argent. Cela n’aurait pas dû se susciter tant de débats si, en 2018, le ministère avait rendu public la liste du recensement national physique effectué par la direction d’appui aux œuvres artistiques de l’Office national pour la promotion du tourisme, de l’artisanat et des arts (Onpta). Organisé en trois étapes, ce recensement a couvert la ville de N’Djaména (1047 artistes et groupes confondus recensés), ensuite la zone méridionale (462 artistes recensés) et la zone septentrionale (252 artistes et associations). Ce qui a donné un effectif total de 1761 artistes et groupes confondus recensés et catégorisés dans sept disciplines, notamment la musique, le théâtre, le cinéma, la littérature, la danse, les arts plastiques, et la sculpture. L’on se souviendra que certains artistes avaient refusé de se faire recenser, prétextant le manque de sérieux du ministère qui, le plus souvent, pose des actes sans résultats  probants.

Puisque le résultat d’un recensement n’est pas figé, et tenant compte des deux états, la différence de 60 artistes pourrait s’expliquer par des nouveaux venus ou des omis du secteur, si cela est prouvé. Comment la commission entend-elle se prendre pour les identifier et payer? Les artistes des provinces sont-ils pris en compte? Difficile de l’affirmer puisqu’à Sarh, le président de la coordination du suivi des activités artistiques au Moyen-Chari, Masra Stéphane Danyo, affirme qu’ils n’ont pas été contactés depuis qu’ils ont appris que le Maréchal a donné 50 millions aux artistes. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Géo Patalet paye ainsi le prix du silence de ces prédécesseurs et des contradictions internes des services de son ministère.

Les 50 millions FCFA représentent moins de 30.000 francs (28.392 francs sur la base de 1761 et 27.457 francs sur la base de 1821) par artiste, si des ponctions ne sont pas opérées par le ministère. Près de deux mille personnes, citoyens à part entière jouissant de leurs droits civiques et responsables de familles attendent cette cagnotte avec impatience. Tous se guettent, s’épient et spéculent sur la clé de répartition. Pendant que certains estiment que le montant à percevoir doit être le même et ne doit pas tenir compte de la catégorisation.

RM