Le Syndicat des commerçants fournisseurs n’en peut plus

A l’issue d’un point de presse conjoint organisé le 19 octobre 2024 à la Maison des médias du Tchad, le Syndicat des commerçants fournisseurs tchadiens (le Bouclier) et le Syndicat national des commerçants du Tchad (Synacot) lancent un ultimatum au gouvernement pour payer ses impayés de dette intérieure, sinon, ils menacent de paralyser toutes les activités économiques dans tout le Tchad.

“Nous donnons deux semaines au ministère des Finances de nous verser l’intégralité du restant de la dette non payée. Car, passé ce délai, nous lancerons des actions de paralysie d’ensemble du pays où il n’y aura ni marchés, ni boutiques de quartiers, ni fournitures, ni importation de quelle nature que ce soit ; et nous rendrons publics, dans les semaines qui suivent, l’action de paralysie, un mémorandum sur le profil financier du Tchad et le risque d’écroulement des activités économiques”, annonce Mahamoud Adam Souleymane, président du Syndicat des commerçants fournisseurs tchadiens.

Pour lui, c’est après plusieurs années de silence et d’attente face à la mauvaise foi, à l’absence totale de la volonté sinon du mépris du ministre d’État, ministre des Finances, du budget, de l’économie et de la coopération que les commerçants décident d’informer l’opinion nationale et les partenaires techniques et financiers de cette situation en indiquant les actions décisives qu’ils entreprendront à l’effet de rentrer dans leurs droits. Car, insistent les commerçants, “sur les 1000 milliards de dette intérieure, le ministre des Finances, en 2020, avait pris un engagement d’apurer cette dette, avec pour condition un audit régulier”. Ils déclarent qu’il ressort de cet audit régulier, un montant de 385 milliards de francs CFA, validés en conseil des ministres dont seulement un paiement de 85 milliards a été effectué sur 110 milliards, soit un restant de 25 milliards. Et pour le reste de 615 milliards, le ministère des Finances devrait mettre en place une commission qui n’a malheureusement et sans raison, jamais eu lieu, obserevent-ils.

Alors que le ministre des Finances informe l’opinion nationale et les partenaires que la dette intérieure a été payée, les opérateurs économiques font noter paradoxalement qu’il y a quatre ans, aucun copeck ne leur a été payé ni sur 300 milliards restants du montant audité ni sur les 615 milliards. Ils relèvent que le ministre des Finances confond la restructuration de la dette vis-à-vis des créanciers bilatéraux au paiement de la dette intérieure, dans le seul but de manipuler l’opinion et les partenaires. Le président du syndicat des commerçants martèle qu’un pays responsable et fiable tient ses engagements vis-à-vis de ses partenaires.

Tout en précisant qu’un pays ne se gère pas par le mensonge et la roublardise de ses partenaires, les deux syndicats sollicitent l’implication personnelle du Président de la République pour décanter la situation qui perdure. “Nous ne sommes pas des astres morts. Nous sommes des êtres humains qui avons des familles et des enfants. Comment vouloir, non seulement tuer nos commerces et entreprises, mais aussi mettre en danger nos vies et celles de nos familles, en prenant tout ce que nous avons et refuser délibérément de nous payer”, interrogent-ils.

Si c’est déjà pour la deuxième fois consécutive que les commerçants convoquent sur un même sujet, “c’est justement parce que le problème de paiement de cette dette intérieure demeure depuis plus de trois ans, intact et entier”, lâche le président du syndicat des commerçants fournisseurs avant d’insister que les commerçants subissent de l’injustice pur et simple du fait qu’ils sont attributaires de plusieurs marchés.

Enfin, les commerçants déplorent qu’au-delà de ces non-paiements généralisés, l’accès au marché public pour les prestations relatives aux fournitures est soumis à un surplus d’acompte de 4% sans quittance en plus des 19,5% de taux initial de la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva), rajoutés au 3% d’enregistrement, soit une lourde charge de 26,5% sur le montant total à supporter par tout prestataire de services.

Toïdé Samson

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