Le projet “Tchad en scène” a clos sa première édition le 15 mars 2024, par un grand concert de restitution issu de la résidence de création, dans le jardin de l’Institut français du Tchad (Ift), précédé de la remise des attestations aux participants.
Initiée par l’Association culturelle Miti Nga, que dirige l’artiste musicienne Matibeye Geneviève, alias Genzy, le Tchad en scène a, pendant trois jours (du 13 au 15 mars), déroulé un contenu jugé pertinent par les observateurs qui l’ont suivi. Les matinées ont été consacrées aux conférences thématiques et ateliers, qui ont été très bénéfiques pour la cinquantaine de participants. Des participants aux profils divers allant des artistes musiciens, aux rappeurs, animateurs de spectacles, Dj, administrateurs et producteurs, …, pour la plupart des acteurs en herbe, tous jeunes. Ces ateliers ont été animés par un panel d’intervenants de référence, évoluant dans le milieu culturel à divers niveaux, et des personnes ressources, tous mobilisés à cet effet. Il s’agit des directeurs du festival Ndjamvi (Nguinambaye Manassé), Robo Gosso (Nétoua Ernestine), des managers Rim Christiano et Drick Yannick, du producteur Maoundoé Célestin, du directeur artistique Razolo Djimbaye, de l’administrateur Jean Gozo, du slameur Croquemort aujourd’hui conseiller à la Primature, Me Maxime Mbassein avocat au barreau du Tchad, du directeur délégué de l’Ift Pierre-Hubert Touchard, l’infographiste et designer Paulin Preston, etc. Autant de noms de référence dans le milieu artistique et culturel tchadien, qui continuent d’impulser une dynamique aux fins de développer le secteur culturel. Cela, aux regards des thématiques développées qui ont ratissé large. Notamment, “Explorer les politiques visant à promouvoir la culture tchadienne ; la gestion d’évènements culturels : apprendre à organiser et gérer les activités culturelles ; vivre économiquement de son art : mythe ou réalité ; exportation de la musique tchadienne : problématiques, défis et solutions ; l’artiste et l’identité visuelle : comment constituer son dossier de presse /portfolio ; industrie culturelle face aux défis de la digitalisation, comprendre son environnement juridique et économique, c’est construire une carrière artistique réunie”.
“Se projeter avec une nouvelle vague d’acteurs et intervenants culturels”
Tel est l’objectif et la vision de “Tchad en scène”, qui veut s’atteler au renouvellement des acteurs du secteur, dans l’optique de contribuer au développement du secteur culturel pour un meilleur ancrage des industries culturelles. Il vaut mieux demain avoir affaire à des promoteurs et producteurs outillés, formés et informés, capables de défendre le secteur et assurer la visibilité de la culture tchadienne. Que d’avoir affaire à des opportunistes ou pseudos producteurs ou promoteurs qui ne sont rien d’autres que des démarcheurs dans le secteur culturel. Voilà un axe de travail basé sur la transmission, l’information, la formation, les échanges d’expériences vécus par les intervenants, en national et à l’international, qui a permis d’outiller les participants. Etant assidus et après avoir posé beaucoup de questions, les participants ont montré qu’ils étaient véritablement assoiffés de savoirs et en quête de connaissances, afin de mieux s’exprimer et exercer leurs futurs métiers. Ce qui va certes contribuer à recadrer leurs ambitions, en les mettant sur le chemin approprié pour aller vers les métiers divers du secteur culturel. C’est ce qui a traduit le thème de l’édition, qui est “un artiste, une industrie à construire”.
Contribuer à l’essor de l’industrie culturelle et créative
Une initiative qui a réjoui Genzy et son équipe d’organisation, ainsi que les partenaires. “Pour cette première édition, tout s’est très bien passé. Nous avons été surpris par l’engouement et la motivation des jeunes participants. Nous avions tablé sur une quarantaine de participants, mais dès le premier jour, nous avons enregistré une soixantaine de participants qui ont tenu durant les trois jours d’atelier. Ce désir des jeunes de vouloir à tout prix apprendre, nous donne satisfaction et nous motive à aller de l’avant, pour leur permettre de mieux s’organiser dans leurs activités culturelles et artistiques. Ce qui est une satisfaction pour toute l’équipe de Miti Nga. Mais il faut reconnaître que cela n’a pas été du tout facile, puisque la plupart de nos demandes de partenariats et sponsors n’ont pas reçu des suites favorables. Heureusement, quelques partenaires qui accompagnent déjà à l’exemple de l’Ift et “Création Africa Tchad” nous ont appuyés, ainsi que l’Espace Talino Manu et la Maison de quartier de Chagoua. Nous nous sommes battus pour arriver à ce résultat qui est celui de lire la satisfaction sur le visage des participants. Ce qui est une réussite pour “Tchad en scène”. Elle espère que les éditions suivantes seront meilleures.
Satisfaction également partagée par le directeur délégué de l’Ift, Pierre-Hubert Touchard, qui relève deux choses par rapport aux ateliers. C’est d’abord le nombre élevé des participants qui est quelque chose de très important, dit-il, ensuite sur les thématiques proposées à l’exemple de celle de l’exportation, qui est une thématique sur laquelle l’Ift agit depuis des années, pour accompagner les artistes tchadiens dans leur travail de présentation de la culture tchadienne. Ainsi que le programme de création “Africa Tchad” en cours, qui répond à cette nécessité d’être mieux représenté et d’aller sur tous les évènements prescripteurs. “C’est une étape très importante qui permet de mobiliser des artistes promoteurs et entrepreneurs autour des questions essentielles, sur l’avenir de l’industrie culturelle et créative au Tchad, qui doit être pris en charge par des tchadiens eux-mêmes. Le concept Tchad en scène, nous le soutenons fortement, nous sommes tout à fait en accord avec les objectifs qui sont fixés”, relève Pierre-Hubert.
Ernest Garandi, participant, animateur, présentateur et promoteur culturel, plaide, lui, pour la duplication de telles initiatives. “Ce sont des initiatives qui sont non seulement à encourager, mais à multiplier surtout. Il ne faut pas seulement se réunir pour exposer les problèmes rencontrés, mais également sortir avec des recommandations à mettre en œuvre et à suivre”, souhaite-t-il.
Roy Moussa