Les avocats de l’État montent au créneau

Les délits dont le détenu fait l’objet sont “diffamation, incitation du peuple tchadien à une guerre ou à des représailles et actes racistes et xénophobes”. Le collectif des avocats, par la voix de son porte-parole Me Mog-nan Kembétiade, rappelle que depuis plusieurs semaines, des messages sonores sous forme de fichier audio circule sur les réseaux sociaux, faisant état de 15 000 Toroboros dans les rangs des Forces de défense et de sécurité (Fds) au détriment des citoyens tchadiens. “Ces propos contenus dans ces audios sont celui d’Allamine Adoudou Abdallah, qui s’est reconnu formellement dans ses propos, à travers sa déposition à la police judiciaire”, admet Me Mog-nan. Pour lui, une telle situation qui incite à la xénophobie et jette le discrédit sur la vaillante et exemplaire armée tchadienne, dont les mérites ont été salués sur tout le continent et même en Europe, il est raisonnable que ces propos ont indigné toute l’armée tchadienne et provoqué la réaction légitime et légale du chef d’état-major général des armées (Cemga) Abakar Abdallah Abdelkader Daoud. C’est pourquoi le chef d’état-major a fait une dénonciation auprès du procureur de la République pour la mise en mouvement de l’action publique pour le compte de l’état.

Le parquet d’instance de N’Djaména étant saisi par voie de dénonciation du Cemga, a par une procédure régulière procédé à l’audition du mis en cause, Allamine Adoudou Abdallah, puis l’a placé sous mandat de dépôt le 19 juin 2023, pour les délits de diffamation, d’incitation du peuple tchadien à une guerre ou à des représailles et des actes racistes et xénophobes, conformément aux dispositions des articles 344, 346, 95, 448, 449 et 50 du code pénal tchadien. Qu’en voulant se livrer à l’exercice de la démocratie, Allamine Adoudou Abdallah a largement outrepassé la limite de la liberté d’expression telle que reconnue par les textes en vigueur. “Dans le contexte ou les hautes autorités de la transition s’évertuent à instaurer un état démocratique tant attendu par le peuple tchadien et les partenaires internationaux, il est hors de question voire inadmissible de saboter tous ces efforts par des propos haineux qui mettent en péril la cohésion sociale, gage de la liberté et de la démocratie a martelé”, martèle Me Mog-nan.

Aussi, le collectif informe-t-il l’opinion nationale et internationale que cette procédure n’est pas l’affaire personnelle du Cemga dont il est le conseil, comme le soutiennent maladroitement certains esprits malins, mais plutôt une affaire de l’Armée nationale réglée au plus haut niveau par l’état tchadien, partie prenante au procès.

Roy Moussa