Les inondations fragilisent la cohabitation à N’Djaména

Les menaces d’inondation pendant les grosses pluies, poussent certains ménages à protéger leurs abris aux dépens de la bonne cohabitation avec le voisinage. Les bonnes relations cèdent souvent place aux querelles.

Les eaux de pluies déviées vers les concessions voisines ou sur la voie publique, les rues barricadées, etc. constituent, le plus souvent, l’origine des disputes récurrentes entre voisins pendant la saison pluvieuse.
“Les problèmes entre voisins sont très souvent liés à l’inondation des rues et ruelles de nos quartiers, à cause de l’absence des canaux d’évacuation. Chacun cherche à protéger son abri en déviant les eaux de façon non concertée. Ce qui crée des barrages et rend difficiles certains passages qui sont pourtant publics. On se retrouve quelquefois sans route dans notre quartier, pendant que certains d’entre nous barrent le passage devant leurs concessions. C’est méchant! Nous sommes entourés de deux marigots et lorsqu’il y a inondation, imaginez ce que cela peut donner”, déplore Adnely Josiane, habitante d’un quartier du 7ème arrondissement. Un autre observe que la saison des pluies est un facteur de mésentente pour les voisins. Dès qu’il y a inondation, des disputes surviennent de partout car chacun cherche à protéger sa concession et la maintenir bien en l’état.
Ces mésententes conduisent à une cohabitation fragile entre voisins, ce qui fait que beaucoup de locataires quittent les maisons difficiles d’accès. Les propriétaires en prennent des sacrés coups, comme ce bailleur du quartier Chagoua. “A chaque saison des pluies, nos locataires fuient à cause des inondations qui obstruent les rues et ruelles. Lorsqu’il pleut, nos concessions sont aussi inondées et il n’y a pas de passage. Il faut obligatoirement marcher dans l’eau pour aller au travail ou faire ses courses. Pour ces raisons, personne ne veut louer nos concessions et il nous est difficile de subvenir à nos besoins”, se plaint-il.
Les inondations affectent presque tous les quartiers de N’Djaména, notre “vitrine de l’Afrique”. La capitale tchadienne manque cruellement de voies bitumées ou simplement praticables en toute saison. Les canalisations pour drainer les eaux pluviales lui font également défaut. Conséquence, en saison des pluies, les n’djamanois éprouvent d’énormes difficultés à se mouvoir. En outre, ils craignent également que leurs habitations construites pour la plupart en de matériaux peu résistants ne s’affaissent. C’est la raison pour laquelle chacun se grouille à pouvoir préserver son toit. Pour éviter d’entrer dans l’eau, certains passants créent des petits passages, généralement à proximité des clôtures des maisons. D’autres n’hésitent pas à disposer des pierres pour empêcher ces passages de fortune qui longent leurs domiciles. Ils estiment ainsi éviter les dégâts que peut causer l’humidité du sol sur l’état de leur habitation. Il règne un climat de méfiance entre les voisins. Par ailleurs, c’est très rare que les voisins s’entendent pour engager des actions d’intérêt commun. C’est un moment propice aux voisins de regarder en chiens de faïence.
“Pour une meilleure entente entre les voisins pendant la saison pluvieuse, il faudrait que chacun réfléchisse à comment drainer l’eau vers les canaux d’évacuation, car notre santé en dépend. Surtout avec la crise sanitaire actuelle de la Covid-19, nous avons l’obligation de rendre propre notre environnement. Cette préoccupation ne nous concerne pas seulement. Les mairies de nos communes doivent également penser à la construction des canaux pour faciliter l’évacuation des eaux. Nous les interpellons à mener des contrôles saisonniers pour constater les améliorations, car la protection et la préservation de l’environnement doivent être l’affaire de tous les tchadiens sans distinction”, suggère un habitant du 7ème arrondissement.

Mbaïammadji A. Marlène, stagiaire