L’engagement de l’Unicef aux côtés du gouvernement tchadien, pour le bien-être des populations (enfants, jeunes et femmes), est perceptible à travers ses interventions dans les provinces des deux Logone (occidental et oriental).
Une mission des journalistes du public et privé organisée par la Haute autorité des média et de l’audiovisuel (Hama) et conduite par le chef de département du développement des média au sein de l’instance de régulation des media, a eu lieu du 27 au 30 septembre 2021. Les journalistes ont visité Moundou et Bénoye (Logone occidental); Ribi/Larmanaye dans le Logone oriental. Cette visite leur a permis de s’imprégner des réalités de terrain et constater de visu les interventions avérées de l’Unicef. Les interventions de l’Unicef concernent la santé de la mère et de l’enfant (consultation prénatale et postnatale), le suivi de la vaccination, la promotion de l’allaitement maternel exclusif, la nutrition et le programme Wash, la protection de l’enfant (délivrance gratuite d’acte de naissance) et son suivi jusqu’à l’âge de 5 ans, le suivi et la prise en charge des mères, enfants, jeunes vivant avec le Vih/sida ainsi que le volet éducation. Les bénéficiaires, tout comme les responsables en charge de la mise en œuvre de ces différentes interventions témoignent de l’importance du rôle que joue l’Unicef auprès des populations concernées.
Zoom. Revitalisé en 2014, le centre de santé du quartier 15 ans de la ville de Moundou couvre 8 quartiers qui comptent une population estimée à 50 505 habitants en 2021. Il est rattaché au district sanitaire de Moundou. Son responsable, Diantar Evariste affirme que l’apport de l’Unicef est non négligeable. Mieux, il est salutaire pour la population cible. “Dans le cadre de la malnutrition, nous faisons une prise en charge ambulatoire, appuyée par l’Unicef qui nous fournit des intrants (plimplinuts, médicaments de traitement systématique : vaccin, vitamine A, fer acide folique et mébendazole. Ce sont des médicaments qui accompagnent le circuit de prise en charge nutritionnelle. De janvier à août 2021, nous avons enregistré 251 nouveaux enfants en admission, dont 150 ont été guéris, soit 75,1%”, témoigne-t-il. Ce n’est pas tout. “L’Unicef nous appuie également dans le cadre du programme Wash, avec des intrants d’hygiène (savon et eau de javel). Chaque enfant admis nouvellement dans le programme de prise en charge nutritionnelle les reçoit. Nous sommes également appuyés dans le renforcement des capacités. Trois de nos agents ont été formés à la prise en charge nutritionnelle, deux en allaitement du nourrisson et du jeune enfant, ainsi que quatre relais communautaires formés dans les actions essentiels en nutrition. En outre, nous reconnaissons l’appui de l’Unicef dans les supervisions formatives. Les consultants et points focaux de l’Unicef passent régulièrement nous visiter”. Pour illustrer ses propos, le responsable du centre montre deux femmes relais communautaires dans la cour en pleine activité sous un hangar qui tient lieu de salle de consultation. Celles-ci sensibilisent aux bienfaits de l’allaitement maternel exclusif, un parterre de leurs sœurs mamans, portant dans les bras des nourrissons. Mme Bonodji Hortense, 4ème enfant au dos, est là ce matin pour ses visites post natales. Elle confirme sa fréquentation régulière du centre. “J’ai accouché mes quatre enfants dans ce centre. Il y a ici une très bonne prise en charge et un suivi de la santé de la mère, de l’enfant. Et, le coût des médicaments est aussi abordable”. A chaque accouchement, elle bénéficie des soins appropriés ainsi que d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide, se réjouit-elle.
Centre Djénandoum Nasson (Cdn). Créé en 2005, sa mission est d’améliorer le suivi et la qualité de vie des personnes vivant avec le Vih/sida, aux différents stades de la maladie, en minimisant ses effets néfastes. Son directeur exécutif, Modobé Kari apprécie favorablement l’appui du partenaire Unicef, dans le cadre du projet prévention et prise en charge du Vih de 2011 à 2015. “L’appui de l’Unicef a permis de renforcer les activités de la prise en charge des enfants exposés et infectés par le Vih d’une part, et d’assurer les activités de prévention d’autre part”, souligne-t-il. Une bénéficiaire des soins du centre, Mme A. G. témoigne qu’en 2006 lorsqu’elle ne se sentait pas bien, elle est allée faire des examens et a été dépistée séropositive. Après s’être renseignée, elle a été orientée au Cdn, poursuit-elle. Depuis, elle prend régulièrement ses médicaments et vit normalement avec sa séropositivité. “Quand il n’y a pas de médicament, le centre me conseille d’aller en chercher au quartier”. Tel est le cas actuellement où la plupart des rayons de la pharmacie du Cdn sont vides à cause de la rupture des Arv et d’autres médicaments contre les infections opportunistes. Préoccupation partagée par la responsable du suivi des enfants infectés et exposés, Mme Bénédicte Ballet. Ces enfants sont pris en charge dès la naissance et prennent régulièrement leur médicament au centre. 153 enfants dont 6 sont sortis de la file active pour le stade adulte et un perdu de vue sont enregistrés au centre en fin août 2021. A l’heure où nous mettons sous presse, le Cdn dénombre 147 enfants dont certains ont 20 ans révolus; la doyenne d’âge en a 26. Malheureusement, admet Bénédicte, “nous éprouvons ces derniers temps des difficultés, faute de moyens conséquents, pour la prise en charge scolaire, médicale et nutritionnelle pour tous”. Conséquences, le centre opère une sélection en priorisant les enfants orphelins de père et de mère, justifie-t-elle.
A la Maison de la culture Maoundoé Naïndouba, l’Unicef a également installé un centre de dépistage volontaire des jeunes. Ici, un travail d’éducation et de sensibilisation par les pairs éducateurs formés à cet effet s’effectue dans toute sa rigueur. Nénodji Erika, 18 ans, élève en classe de terminale fait partie des pairs éducateurs. “Nous sensibilisons les jeunes des quartiers Mbomian, Guelkoura et Guelkol, puis les orientons vers le centre pour le dépistage volontaire. Sur les 10 jeunes que j’ai orientés, deux ont été dépistés séropositifs et sont pris en charge par le Cdn”, précise-t-elle. Le conseiller psychosocial et responsable du centre, Mbaïgoloum Germain, informe que la moyenne de dépistage est de 20 personnes par jour. Du 9 juin au 31 décembre 2020, un bilan établi fait état de 530 jeunes dépistés (241 filles et 309 garçons), dont 44 séropositifs (28 filles et 16 garçons). Tous sont orientés au Cdn pour la prise en charge. “L’Unicef assure mes indemnités et fournit également des intrants pour le dépistage au centre”, reconnaît Mbaïgoloum Germain.
L’Unicef promeut un concept innovant
A Bénoye, chef-lieu du département de Ngourkosso, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Moundou, les journalistes découvrent une initiative innovante. Depuis novembre 2020, celle-ci est en phase d’expérimentation pour servir de projet pilote. Elle se nomme: “Communautés amies des enfants”. C’est une approche d’intervention multisectorielle, qui englobe le volet santé, l’enregistrement des naissances, la délivrance de l’acte de naissance, la protection de l’enfant, la nutrition, le dépistage des malnutris aigus et le suivi de la croissance. Elle est mise en œuvre dans deux localités de la province du Logone occidental: dans la zone de responsabilité sanitaire de Krim-Krim et celle de responsabilité sanitaire urbaine de Bénoye. Par ses interventions très remarquées dont les impacts sont visibles sur le terrain, car basées sur deux piliers que sont les plateformes communautaires et les relais communautaires, cette approche qui promet à de fortes possibilités de s’étendre à d’autres districts.
Des relais communautaires, formés à l’utilisation des registres électroniques, font le suivi en temps réel des enfants, des mères et des filles en âge de procréer, ainsi que le suivi individuel personnalisé de tous les enfants. C’est une politique de lutte contre les épidémies et les réductions de mortalité maternelle infantile, qui sous-tend l’initiative.
Pour le mobilisateur communautaire, Minguedi Modjidibaye Prosper, “les enfants pris en charge sont de 0 à 5 ans. La tablette enregistre et programme automatiquement les dates pour les vaccinations. Les agents de santé communautaires formés informent les mamans d’amener leurs enfants au centre de santé. De retour, le carnet est enregistré dans le système à la date, ce qui fait que le statut de l’enfant change au fur et à mesure. L’appareil signale à chaque fois que l’enfant doit aller à la vaccination ou que la maman doit se rendre en visite prénatale. Cela pousse les mères à se plier aux services attendus de l’enfant. Au vu du carnet, les agents de santé vont à la mairie faire établir gratuitement l’acte de naissance. Tout enfant, né nouvellement dans un centre de santé, obtient gratuitement une moustiquaire et un carnet de vaccination. Pour les femmes enceintes, c’est le même processus. Dès les dernières règles, l’appareil programme automatiquement les dates des visites prénatales. Les agents passent dans les ménages pour informer les mamans à la veille de leur tour de visite prénatale. Dès que l’enfant naît, il devient un service et l’appareil permet de faire un suivi en temps réel jusqu’à l’âge de 5 ans où il sort du programme”.
L’exemple de Miladeur, …
Quatre agents de santé communautaires (Asc) formés (deux femmes et deux hommes), équipés des tablettes électroniques, guident la visite des journalistes à Miladeur pour leur permettre de vivre les réalités. L’un d’eux, Djéringua Koundalaou Martin (56 ans) déclare avoir réalisé un recensement de 96 ménages depuis novembre 2020. Il explique que Miladeur est une grande communauté, subdivisée en quatre zones avec 4 Asc. Parmi les ménages visités, il y la famille de Ndoubahidi Valentin (couturier), père de 5 enfants dont 4 vivants. Les données confirment que le dernier né de son épouse Némbaye Solange (28 ans), est un garçon né le 14 septembre 2021. Il figure sur la base des données. Idem dans la famille Kalndaye Désiré (36 ans) cultivateur, dont l’épouse Nodjimgoto Bernadette (35ans), mère de sept enfants est enregistrée, ainsi que la dernière (Chrystelle), née le 12 septembre 2021. Bernadette témoigne que “nous sommes mieux informées sur notre propre état de santé et nous recevons également des médicaments et des moustiquaires. Nos enfants aussi sont régulièrement vaccinés et reçoivent gratuitement des actes de naissance. Nous suivons régulièrement le calendrier vaccinal et sommes contentes de cette attention qui nous est accordée”.
“C’est une très bonne initiative qui est mise en place”, soutient le chef de la communauté de Miladeur, Mbaïnaissem Djedel. “Aujourd’hui, cette approche de l’Unicef a amené la population à prendre conscience de ses réalités. Avec le temps, on arrivera à inculquer aux populations qu’aller en consultation prénatale ou se faire établir un acte de naissance sont indispensables et relèvent de l’engagement citoyen”.
Le président de la plateforme communautaire du quartier Miladeur, Matelbeye Akila, partage cet avis. “Nous remercions l’Unicef pour cette initiative qui nous aide à assurer la santé de notre population. Surtout pour le suivi des femmes enceintes jusqu’à l’accouchement, ensuite le suivi des nouveau-nés jusqu’à l’âge de 5 ans”. L’agent de santé communautaire, Djéringa Koundalaou Martin, se dit reconnaissant à l’endroit de l’Unicef. “Nous avons été formé dans le but d’aider nos enfants, nos sœurs et épouses. L’Unicef a mis à notre disposition, des téléphones et tablettes pour enregistrer les ménages et orienter les femmes enceintes vers le centre de santé pour les consultations prénatales, faire vacciner les enfants et suivre le calendrier vaccinal. Voilà les services que nous faisons et rendons à notre communauté”. Aujourd’hui, s’accorde-ton à affirmer à Miladeur, les femmes elles-mêmes sollicitent la présence des agents de santé communautaires. Elles expriment les besoins de formations et de renforcement des connaissances, pour mieux suivre et contrôler les agents de santé. Elles ne perdent pas de vue la question des moyens de déplacement des Asc et de leur motivation afin de les inciter à mieux faire.
L’éducation au cœur des interventions à la Ribi/Larmanaye
Dans le département de Mont de Lam, notamment dans la sous préfecture de la Ribi/Larmanaye (Logone oriental), l’inspecteur pédagogique de l’enseignement primaire, Gamalar Gédeon plaide, pour voir l’appui de l’Unicef, se décliner en renforcement des capacités pour un enseignement de qualité, afin de relever le niveau scolaire.
Le directeur de l’école du centre, Bourtchakbé Passiri, ne tarit pas déloges à l’endroit de l’Unicef, la bienfaitrice, pour la dotation des manuels scolaires. Il a reçu de l’Unicef, 839 livres de calcul, mathématiques et français niveau Cp1 jusqu’au Cm2, qu’il juge insuffisants tout en demandant plus.
A Ribi, l’une des grandes difficultés à quoi se confronte le personnel enseignant c’est la scolarisation des filles et leur maintien dans le système scolaire en milieu rural. A cet effet, il a été mis en place cette année, en plus de l’Association des parents d’élèves (Ape), une Association mères des élèves (Ame). Cette dernière a pour rôle le suivi de la scolarisation des filles et leur maintien à l’école. Un coup de cœur est lancé à l’Unicef : contribuer à la formation et au renforcement des capacités des membres de l’Ame.
Roy Moussa, envoyé spécial
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