World Vision en difficulté avec la justice

Le directeur national de World vision, Evariste Habiyambéré, entouré de son staff et ses avocats, a fait un point de presse, relatif à une décision de justice rendue en leur défaveur.

Evariste Habiyambéré a tenu  à éclairer l’opinion nationale et internationale, sur l’affaire montée de toutes pièces en justice, dit-il, par Gody Tary Gassara, Moustapha Mahamat et un ancien employé de World vision nommé Dono Rimhoudal, contre World vision Tchad. Il regrette profondément la décision de la Cour d’appel de N’Djaména, d’entériner un jugement de première instance, qui tient financièrement responsable d’une fraude commise individuellement par un ancien membre du personnel de l’organisation, agissant clairement en dehors de son rôle au sein de l’institution. Il a fait appel devant la Cour suprême, parce que l’institution pense que la décision n’est pas fondée sur des principes juridiques.

Le directeur national de World vision Tchad a précisé que son institution n’a en aucun cas facilité ou encouragé l’activité frauduleuse de cet individu. L’identité légitime de l’agent autorisé à représenter World vision était bien connue et cette personne n’en fait pas partie. “Il n’était pas habilité à nous représenter, ni à produire les documents qu’il a produit, ni à conclure des contrats du type décrit par la police et les plaignants”, relève le directeur national. “Lorsque le crime a été révélé, nous avons collaboré avec la police dans ses enquêtes, et avons fourni des documents et déclarations pour la poursuite de l’individu dans cette affaire”, souligne-t-il. “La faute incombe à l’auteur du délit et à ceux qui ont fait confiance à ses représentations d’autorité sans confirmer cette autorité auprès de World vision. Toutes les mesures prises pour répondre à ces procédures judiciaires”, précise le directeur, “ont été menées conformément aux dispositions normales du système juridique, y compris la consultation des responsables à tous les niveaux concernant le processus et les recours appropriés”.

 

Une institution humanitaire  qui promeut le bien être des   populations

Le directeur national rappelle aux journalistes que World vision est active au Tchad depuis 1985, fournissant des vivres, de l’eau potable, des installations sanitaires, des soins de santé, de l’éducation, un soutien aux moyens de subsistance et une protection de l’enfance, à des centaines de milliers d’enfants dans certaines des communautés les plus démunies du pays. Les programmes techniques actuels se concentrent sur la nutrition, l’éducation et la protection des enfants.

Pour le directeur national de World vision-Tchad, les parrains et marraines des enfants et autres donateurs fournissent des ressources à son organisation, pour le bien-être des enfants les plus vulnérables du Tchad, et non pour enrichir le plaignant dans cette affaire contre un individu. Par conséquent, fait-il remarquer, “l’exécution d’un tel jugement de ce montant, remettra en question la possibilité de poursuivre nos programmes au Tchad”.

 

Faire confiance à la justice pour le recours

Pour le premier avocat de l’institution, Me Abdoulaye Adam Bahar, “nous sommes en face d’une décision de justice rendue mardi passé, qui confirme le jugement et condamne World vision à payer la somme de 978 809 375 francs CFA”. Il se réserve le droit de faire tout commentaire puisque l’affaire est pendante devant la justice. Néanmoins, Me Abdoulaye Adam Bahar tient à situer sur les faits. Au niveau de World vision, les sieurs Gody Tary Gassara, Moustapha Mahamat sont des inconnus. Jusqu’à preuve du contraire, aucun rapport n’a démontré le lien juridique entre les deux personnes et World vision, au point de se retrouver en justice. Il est étonné d’être traduit en justice, et condamné à payer presqu’un milliard de francs, sur la base d’un contrat, dit-il, qui aurait été signé par l’ancien directeur national de World vision. Ce dernier a quitté le Tchad en 2014 et le contrat présenté est signé en 2018. Sur le contrat, il est stipulé que le sieur Moustapha a eu un partenariat avec Gody, qui devait le financer pour exécuter un marché de construction, pour le compte de World vision. Le marché est-il financé, où, quand, comment ? Voilà les questions qui devraient intéresser le juge, fait-il observer. Demander un milliard sans qu’il n’y ait une traçabilité et faire l’objet d’une condamnation, offusque Me Abdoulaye, qui révèle par la même occasion qu’un pourvoi en cassation est formulé devant la Cour suprême. En attendant, estime-t-il, le même jugement qui a été suspendu par la Cour suprême pour défense à exécution, resurgit pour opérer une saisie des comptes de World vision. “Une affaire complexe où World vision n’est mêlée ni de près, ni de loin”, conclut-il.

Son confrère Dingamadji Nadjinabé complète, en relevant que cette décision est injuste, du fait que l’infraction réprimée par le juge, c’est la complicité d’escroquerie, de faux et usages de faux et complicité d’escroquerie. Il s’interroge en quoi World vision est complice. Quel est le document qui est argué de faux ? Le document dont la partie civile se prévalait, et dont le juge est entré en condamnation de l’institution, a été décelé et fourni par World vision elle-même, qui a trouvé que c’est un faux contrat. Qui World vision a-t-elle escroqué ? s’est-il interrogé à nouveau, puisque la partie civile n’a aucun lien à voir avec World vision. Dans ce faux contrat de partenariat entre Moustapha et Gody, il est question que les deux compères après exécution, se partagent le bénéfice à hauteur de 50%. World vision n’est jamais citée dans cet accord de partenariat. Curieusement, c’est ce montant qui se trouve dans le contrat que le juge a intégré dans sa décision, comme principal que World vision devrait payer. Il n’y a aucune décharge de ce montant, ni un témoignage. Il conclut que ce que l’institution réalise dans ce pays est énorme. Si cette institution est appelée à payer ce montant, il est certain qu’elle pliera bagages et nous auront sur les bras des millions d’enfants en difficulté. “Nous avons confiance en notre justice, puisque le socle du développement d’un pays, c’est l’appareil judiciaire”, plaide Me Dingamadji.

Affaire à suivre !

Roy Moussa