Les intouchables

Ce dernier temps, la ville de N’Djaména fait face à un nombre croissant des agences de voyage, dont les destinations suivant un même axe, occasionnent des embouteillages et accidents de circulation. Ces pratiques se passent au vu et au su des forces de défense et sécurité, sensées réglementer la circulation pour éviter d’éventuel problème.

L’incivisme des conducteurs de véhicule prend de l’ampleur de jour en jour dans la capitale tchadienne. Il suffit juste de parcourir les grandes artères de la capitale, pour se rendre à l’évidence de cette pratique irresponsable, qui engendre souvent des accidents de circulation, des embouteillages et quelques fois des affrontements physiques en plein milieu de la chaussée.  Le cas le plus récurrent et désolant est celui des agences de voyage, dont les conducteurs, quelquefois, garent ou stationnent les véhicules en plein milieu de la voie, à la recherche de la clientèle.

Ce lundi 30 août 2021 au marché de Dembé, aux alentours des agences de voyage, les faits sont ahurissants. 8 h, plus de 10 véhicules appartenant aux agences de voyage sont stationnés aux abords de la grande voie bitumée, à la recherche des passagers à destination du sud du pays. Sous un ciel menaçant, les usagers de la route, pressés et fuyant la pluie ont du mal à négocier le passage, déjà obstrué par ces derniers. Coincé par devant et impossible de faire un demi tour, un vieux de troisième âge arrête subitement sa moto et tape sur le réservoir tout en grondant à haute voix le chauffeur du bus auteur de l’obstruction. Comme ci cela ne suffisait pas, certains chauffeurs de ces agences, calmes, l’air placide et tranquille, tentent d’appâter les éventuels passagers, en faisant mine de démarrer ou lancer le départ. Tous ces désordres se passent sous le regard indifférent des agents municipaux, en service autour des agences de voyage, et qui considèrent ces derniers comme des intouchables de la République. Ces chauffeurs ou leurs apprentis sont toujours près à s’en prendre aux paisibles citoyens, qui tentent de s’arrêter, à la suite des embouteillages provoqués par ces derniers.

Un autre phénomène s’observe encore, juste sur la ruelle attenante à l’agence Kingui Express voyage. Nous avons constaté que celle-ci gare l’ensemble de ses bus de transport et de convoyage des bagages sur cette ruelle. Ce qui oblige les habitants riverains, dont certains propriétaires de véhicules à quatre roues, à contourner, parcourant un grand détour avant d’accéder à la voie bitumée.

Ces mauvaises pratiques s’observent le long de la voie de contournement qui côtoie le marché de Dembé et débouche au Palais du 15 janvier. Les espaces riverains non occupés n’échappent pas à l’engorgement des bus.

Pourtant, récemment le maire de la ville de N’Djaména, Ali Haroun a pris une décision relative à ces agences de voyages et transports, qui garent les bus en dehors de leurs enceintes pour attendre les passagers. Sur le terrain, cette décision semble être la théorie du chien qui aboie et la caravane passe. Certains habitants aux alentours de ces agences, qui requièrent l’anonymat, laissent entendre qu’ils sont vraiment fatigués du comportement incivique des responsables des agences de voyage. Ils demandent à la mairie centrale et au gouvernement de trouver une solution définitive à ce phénomène qui n’a que trop duré et qui semble avoir encore de beaux jours devant lui.

Face à cette situation, il importe à l’Etat, de s’impliquer en prenant des décisions fermes, applicables et d’imposer à ces derniers, de s’approprier des terrains clôturés, afin de pouvoir garer les bus à l’intérieur des agences, et attendre les passagers comme cela se fait selon les règles de l’art, à l’exemple de certains pays de la sous-région. L’Etat pourrait éventuellement déconcentrer ces agences de voyage à travers les différentes communes de la capitale. Cela, pour alléger, non seulement la peine des populations vivant aux alentours de ces agences, mais aussi celle des autres citoyens qui empruntent les principales artères où sont garés les bus.

Ngarsounda Dounbé Narcisse, stagiaire