Les opérateurs économiques aux urnes

Les membres de l’assemblée générale de la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture, des mines et de l’artisanat (Cciama) ont été élus le dimanche 5 juillet.

A la mairie centrale, la salle réservée au déroulement des élections grouille de monde. On y trouve les membres du bureau, les candidats et le service de sécurité. Ici, ce sont les candidats de la section commerce, considérée comme la plus grande section, qui se retrouvent. Ils reçoivent des orientations, des consignes afin que les élections se passent dans la transparence. Puis, ils se retirent dans l’isoloir pour choisir un candidat avant d’introduire le bulletin dans l’urne.

A la commune du 1er arrondissement, déjà à 11 h, le bureau de vote a totalisé le nombre des votants inscrits sur la liste. Seul problème, le dépouillement doit se passer à 16 h, comme le prévoient les textes. Les membres du bureau, peu loquaces, appellent le coordonnateur pour obtenir son aval pour le dépouillement, mais il les somme d’attendre les instructions de la présidente de la commission électorale, Achta Djibrine Sy, la ministre du Commerce.

Au siège de la Cciama, c’est le calme absolu par rapport aux jours précédents (Ndlr: article publié sur le site ndjamenahebdo.net). Dans quelques bureaux ouverts, les membres de la commission essaient de gérer par téléphone les différends des bureaux de vote des provinces, à l’inverse, descendre directement sur le lieu, en ce qui concerne N’Djaména.

A la commune du 6ème arrondissement où se déroule le vote de la section profession libérale, la tension est perceptible pendant que le coordonnateur, Saad Chérif Ahmat,  tente de jouer la carte de l’accalmie. “Vous avez constaté comme moi que les élections se passent d’une manière apaisée et dans la sérénité sur tous les lieux de vote”, se réjouit-il. Avis non partagé par certains candidats.

Jansé Adoum Urbain, un opérateur économique de la sous-section communication, critique vertement ce processus électoral. “Je suis indigné et attristé parce qu’il y a trop d’irrégularités et trop de faux. A travers ces élections, nous voulons donner une bonne image à la Cciama et professionnaliser les secteurs, mais c’est dommage, vu le constat. D’abord au niveau de l’enrôlement, beaucoup se sont faits enrôler avec de faux documents ou n’ont pas de document, mais vont quand même voter. Ensuite, beaucoup ne sont pas en règle vis-à-vis de l’Etat. Ils ont des ardoises au niveau des impôts. Ils ne paient pas de cotisation au niveau de la Cnps. Nous voulons que cette assemblée ne soit pas comme la précédente, mais toutes ces irrégularités sont orchestrées par les mêmes gens qui ont volé la Chambre et qui veulent revenir à la charge”, vocifère-t-il. Il reste tout de même serein et motivé pour contrecarrer les mains invisibles.

La fin de la journée sera décisive pour les challengers. Sur les 150 candidats enregistrés sur le plan national, 130 délégués doivent constituer l’assemblée générale de la Cciama. Après la validation des résultats (dans un mois après les élections) par le ministère de Commerce, les délégués votés éliront à leur tour le nouveau bureau exécutif, instance suprême de la Cciama.

Une phase que Jansé trouve précoce. “C’est trop tôt d’élire le bureau exécutif, il faut d’abord mettre en place l’assemblée générale, revoir le règlement intérieur et consulter la conclusion d’un audit interne avant d’élire le nouveau bureau. Parce que l’actuel texte de la Chambre ne profite pas aux opérateurs économiques. Le cas propre de mon entreprise, je ne gagne rien alors que j’apporte ma contribution à la Chambre, je professionnalise mon secteur alors qu’elle ne me nourrit pas,mais par contre constitue plutôt un poids pour moi”, charge Jansé Adoum Urbain.

Les élus consulaires de la Cciama ont un rôle consultatif, un devoir de donner leurs avis sur toutes les lois qui peuvent intervenir dans leurs domaines avant son adoption.

Nadjindo Alex