“Les pilotes vont décoller à leurs risques et péril”

Alors que les autorités aéronautiques nationales s’activent à rouvrir les frontières aériennes le 1er août prochain, l’Inspection générale d’Etat (Ige) a suspendu tous les agents (162) des Activités aéronautiques nationales du Tchad (Aant) de leurs fonctions, le 22 juillet 2020.
Cette décision fait suite à une mission de contrôle diligentée début juillet par l’Ige au sein de cette unité aéronautique, dont la gestion a été officiellement transférée en novembre 2019 au gouvernement du Tchad par l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).
Lors de cette mission, après vérification des dossiers de chaque agent, l’Ige a constaté que 83 agents émargent sans aucun contrat de travail écrit avec la délégation de gestion. Aussi, 40 agents seraient recrutés sans le visa du contrôleur financier, et 31 autres sont recrutés sur la base de faux diplômes. L’Ige constate également que le ministre de l’Aviation civile et de la météorologie nationale a nommé un responsable de gestion des Aant alors que cette fonction ne figure ni dans l’organisation de l’Autorité de l’aviation civile (Adac) ni dans celui des Aant.
Que ce dernier nomme à son tour un payeur “en violation des textes transférant à l’Adac la gestion des Aant”.
Malgré les explications fournies par le responsable des Aant sur les différents points, l’Ige sort une note pour suspendre tous les agents des Aant en service dans différents aéroports à l’intérieur du pays. Même leur salaire du mois de juillet leur est refusé. La situation oblige les syndicats et délégués du personnel des activités aéronautiques du Tchad à demander aux agents de suspendre toutes activités dans tous les aéroports depuis le 23 juillet.
“Nous alertons les usagers de l’air, l’opinion nationale et internationale qu’à compter de cette date aucun service ne sera effectué dans les aéroports d’Abéché, Moundou, Faya, Amdjarass et les stations météorologiques de Fada, Biltine, Ati, Mao, Mongo, Am-Timan, Bokoro, Bongor, Bousso, Pala, Laï, Doba et certains services au sol à N’Djaména tels que le péril animalier, techniciens aérogare, techniciens affichage vol, service commercial, facturation, etc. Par conséquent, tout avion qui veut effectuer un vol vers ces aéroports le fera à ses risques et péril”, souligne les syndicats dans une note d’information.


Réunis en Assemblée générale hier, 29 juillet au siège des Aant à l’aéroport Hassan Djamous de N’Djaména, le personnel affiche sa détermination de se faire entendre dès la réouverture des vols prévue pour le 1er août prochain.
“Nos diplômes ne se vendent pas dans les marchés noirs de N’Djaména et, si l’Ige nous attaque malgré la nature spécifique de notre service, nous allons montrer nos forces. Les gens veulent juste renvoyer certains agents pour les remplacer par leurs frères et sœurs, mais qu’ils sachent que certains d’entre nous sont dans ce service depuis 30 ans et s’apprêtent même à aller en retraite”, fustige Mahamat Brahim Diko, porte-parole du collectif des syndicats du personnel des Aant.
Alors que le contentieux reste pendant, l’Autorité de l’aviation civile du Tchad (Adac) a lancé, le 23 juillet, un avis de recrutement des observateurs météorologiques, contrôleurs aériens, techniciens d’informations aéronautiques, plombiers d’aérodrome et autres catégories d’agents de maintenance, pour les déployer sur les sites précités.
Un avis déjà clos le 27 juillet 2020.

Alladoum Leh-Ngarhoulem G.