Le 11 décembre 2020, le ministre de l’Administration du territoire a suspendu le Parti réformiste (Pr) pour une durée de trois mois au motif d’avoir violé les dispositions de la Charte des partis politiques. Pour le président du Pr, cette suspension est un acharnement contre son parti qui dit toujours ce que le pouvoir tyrannique ne veut pas entendre.
Le 7 décembre, Yacine Abdérame Sakine, président du Parti réformiste a fait une sortie médiatique pour dénoncer l’abandon, le mépris et la négligence de la grande muette, malgré le rôle important qu’elle joue sur le plan national et international pour préserver la sécurité. “L’Armée tchadienne est prise en otage par une petite minorité des officiers qui contrôlent tout et profitent de tout (grades, postes et missions) et la majorité des militaires est marginalisée, manipulée et divisée pour que le régime corrompu du Mps puisse rester longtemps au pouvoir”, a relevé Yacine Sakine. Le Parti réformiste ne s’arrête pas là. Il exhorte le président de la République en tant que premier responsable de l’Armée à mettre fin “à l’injustice, au clanisme, au népotisme, au favoritisme, à la corruption, à la discrimination, bref au désordre qui s’installe au sein de l’armée”. Pour les réformistes, il est anormal qu’un commandant, un colonel et même certains généraux de l’armée se déplacent à moto ou à pied parce qu’ils n’ont pas de moyen alors qu’“on trouve des lieutenants, capitaines de la même armée se déplacer en voiture de valeur très élevée. Il est également anormal qu’un militaire fasse 10 ans ou 15 ans dans l’armée sans avoir un grade ou un poste de responsabilité, en même temps, on trouve un militaire de la même armée âgé de 30 ans ou 35 ans qui devient commandant, colonel et même général et il change de postes comme il veut”, renchérit-il.
Pour avoir demandé l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires afin qu’ils puissent remplir loyalement leur rôle, le président du Parti réformiste été convoqué par le directeur général du ministère de l’Administration du territoire pour lui donner des explications. Lors de cette convocation, Yacine Sakine relate que le directeur qualifie cette sortie d’incitation à la révolte. “Il m’a dit : si les militaires qui n’ont pas de moyens écoutent votre discours, ils vont en profiter pour créer de problème”, informe le réformiste. Le président du Parti réformiste se dit surpris que le 16 décembre une note de suspension de son parti lui tombe dessus.
Dans cet arrêté portant suspension du Parti réformiste, curieusement signé le 11 décembre, le ministre de l’Administration du territoire arrête que sur proposition de son Dg, le Parti réformiste est suspendu avec fermeture de ses locaux pour une durée de trois mois. Le motif évoqué est la violation des dispositions des articles 19 et 54 de la loi 032/PR/2019 du 22 juillet 2019, portant charte des partis politiques en République du Tchad. Les 19 et 54 articles dont le ministère se prévaut relève (article 19) que “Tous les partis politiques ou groupements de partis sont tenus d’élaborer et de présenter un projet de société conforme aux grands principes et idéaux définis par la constitution”. Le même article 19 stipule aussi avec une dizaine d’alinéas que tous les partis politiques doivent, par leurs objectifs, leurs programmes et leurs pratiques contribuer à la défense et à la consolidation de la souveraineté nationale. Et l’article 54 de mentionner que “les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité, à l’ordre public ainsi qu’aux droits et libertés individuelles collectives”.
Pour le président du Parti réformiste, son organisation politique n’a violé aucune disposition. “Nous considérons cette suspension comme un acharnement pur et simple contre notre parti parce qu’au niveau de la formation politique, nous disons ce que le pouvoir tyrannique ne veut pas entendre”, s’insurge-t-il.
Nadjindo Alex
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