L’apparition de la maladie à coronavirus dans le monde a ravivé l’esprit de quelques “génies guérisseurs”. Le Covid-organics malgache a fait des émules au Tchad.
“Salut! Voici le remède du Covid-19 qu’ils ont trouvé à Madagascar: Artémisia ce qu’on appelle (Chii) ici au Tchad + citron vert + ail + gingembre + feuille de papayer + feuille de neem. Bouillir pendant 30 min. Laisser refroidir et mettre dans une bouteille puis boire ¼ de verre chaque jour. Ne négligez pas s’il vous plaît. Faites circuler…”. Ce message circule depuis plus d’un mois sur les réseaux sociaux et se partage sur les téléphones.
Du coup, les ingrédients qui entrent dans la préparation de ce remède ont vu leurs prix augmenter. “Un coro de gingembre coûte actuellement 6000 francs CFA sur le marché. Avant, il se vendait 2000 francs CFA tout au plus. Le coro du citron vert a lui aussi grimpé de coût. Désormais, il se vend à 3000 francs CFA alors qu’avant c’était à 1500 francs CFA. Le “chii” (artemesia), cet ingrédient en vogue coûte 5000 francs CFA le coro alors qu’il coûtait à peine 1000 francs CFA, il y a peu”, renseigne une vendeuse qui se frotte visiblement les mains. Cette flambée de prix est due à l’apparition de la pandémie du coronavirus et sa fulgurante transmission. L’absence de remède ou du vaccin contre ce virus a créé une frénésie autour des potentiels remèdes à base d’ingrédients naturels, surtout après le coup d’éclat du remède malgache. Aujourd’hui, c’est presque chaque famille qui prépare sa solution pour la prévention ou le traitement du virus.
A côté de l’hôpital Mère et Enfant (Hme), de nombreuses vendeuses de ces produits-remèdes contre la Covid-19 occupent le trottoir de la voie qui mène au ministère des Affaires étrangères. Ces femmes étalent leurs marchandises très sollicitées, surtout aux heures de descente des services. Les usagers de toutes catégories sociales confondues s’y côtoient avec la même préoccupation: se procurer ces ingrédients pour préparer la solution qui va les préserver de la maladie ainsi que leur famille. Mais personne ne s’interroge sur les risques que représente la prise d’une telle décoction. “Face à une circonstance comme celle du Covid-19, il faut essayer ces choses, puisque les scientifiques sont incapables de trouver un remède à ce mal qui fait pourtant des milliers de morts. Nous devons croire à cette solution car nous les africains, nous avons nos racines qui peuvent soigner de telles maladies”, s’encourage un homme devant une vendeuse.
Un chef de famille renseigne que dans certaines familles, c’est la consommation du thé-remède qui remplace désormais le thé dans les thermos. C’est d’ailleurs ce remède qui est présenté premièrement aux visiteurs.
Chaque matin, certains parents administrent aux enfants ce remède. “La maman exagère depuis que je suis revenu du Cameroun. Il suffit que tu sortes devant la porte et tu reviens, elle te demande de boire, alors que c’est trop amer. Même si ça peut nous sauver la vie, il faut limiter sa consommation”, constate Fourida Adeline.
Adje Mberoua Carlos, stagiaire.