Les travers du maréchalat

Le président de la République a été intronisé ce 11 août, Maréchal du Tchad au Palais de la démocratie à Gassi. Un jour inoubliable pour lui et ses partisans mais cauchemardesque pour les activités commerciales.

Une heure avant le départ du désormais Maréchal du Tchad à l’Assemblée nationale, même une mouche n’est pas autorisée à survoler les avenues Mobutu, Pascal Yoadimnadji et Jacques Nadingar qui mènent au lieu de la célébration. Les curieux, venus s’aligner au bord de la voie pour suivre le passage du Maréchal du Tchad, sont déçus. Les forces de l’ordre les ont chassés à l’intérieur du quartier. Un habitant qui a étalé ses vêtements à sécher sur un immeuble à environ 50 m de la voie bitumée a été sommé de descendre. Seule la présence des forces de l’ordre au bord de la grande voie est autorisée. Mieux/pire encore, des armes lourdes sont placées dans les ruelles menant sur la grande voie. “On va vraiment introniser un maréchal de guerre”, ironise un conducteur de taxi-moto. “Qu’est-ce que nous, les pauvres et paisibles citoyens pouvons faire au maréchal. On vient avec des armes lourdes, on nous chasse  du bord de l’avenue. Nous ne sommes, en aucun cas, une menace pour le maréchal”, ajoute un autre.

“C’est une autre Covid-19”

En ce jour, les boutiques, les boucheries, les boulangeries, bref, toutes les activités ont cessé de fonctionner. Les boutiquiers de l’avenue Jacques Nadingar prient pour que la cérémonie prenne fin le plutôt possible. “Ce n’est pas la première fois. L’année passée aussi, le 8 août quand il allait poser la pierre du stade, on nous a demandé de fermer les boutiques jusqu’au soir. Aujourd’hui encore, c’est la même chose. Nous souhaitons que la cérémonie se passe le plus rapidement possible. Parce qu’en matière de commerce, même une heure sans activité, c’est beaucoup”, se plaint Youssouf, détenteur d’une boutique au quartier Artone.  Les fermetures des activités commerciales ne s’arrêtent pas seulement aux abords de la grande voie. Même les grands centres commerciaux comme les marchés Dembé, central ou à mil, etc. sont fermés. Chose que ne comprend pas un commerçant. “Notre activité n’a aucun rapport avec le Maréchalat. Ça veut dire quoi? Que ce jour les gens ne doivent pas manger parce que le président est en train de devenir maréchal? Avec la Covid-19, on a fermé nos boutiques. Maréchal, on ferme les boutiques encore. C’est vraiment une journée noire pour nous. Regarde ces boutiques, on dirait que coronavirus est revenu encore” (sic !) comme s’il était parti du Tchad, compare Alamine, vendeur des produits agroalimentaires au marché Dembé.

Lanka Daba Armel