Libre Afrique Tchad forme des journalistes sur la dignité humaine

Le mercredi, 6 avril dernier à la Maison des médias du Tchad (Mmt), une trentaine de journalistes de médias confondus a été formée à la notion de qualité de traitement de l’information en lien avec la dignité humaine.

Eu égard au contexte sociopolitique trouble du pays, et à l’implication remarquée des médias audiovisuels, presse écrite et presse en ligne, blogueurs et jeunes de la société civile, l’association Libre Afrique Tchad initie une formation certifiante en vue d’un traitement d’informations qui respecte la dignité humaine. Désormais, les médias en général et les journalistes en particulier, sont à même de faire constamment preuve d’un professionnalisme accru, en intégrant la dimension humaine dans le traitement de leurs informations. Dispensée par Dr Ali Mahamat Mbodou, expert juriste-communicateur, responsable du département juridique de la Haute autorité des media audiovisuels (Hama), par ailleurs magistrat et président de l’Association pour la promotion des libertés fondamentales au Tchad (Aplft), la formation a démarré par le rappel des principes généraux des droits de l’homme.

“Le respect de la dignité humaine est une composante de l’ordre public et une question transversale”, informe l’expert, qui articule sa présentation autour des sources internationales et nationales. La Déclaration universelle des droits de l’homme (article 1er), le Pacte international relatif aux droits civils, politiques et économiques, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la constitution ou la Charte tchadienne de transition, entre autres. “Ces instruments juridiques internationaux et nationaux, enseigne Dr Ali Mahamat Mbodou, consacrent la sacralité de l’Homme”, dont la violation pourrait donner lieu à poursuites judiciaires et sanctions devant des juridictions dédiées, telles que la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour pénale internationale (Cpi) pour des infractions pénales les plus graves, notamment le crime contre l’humanité et le crime de guerre, qui sont d’ailleurs imprescriptibles.

Inscrite dans une dynamique interactive, la formation, quoique brève, a permis un échange fructueux et édifiant entre les journalistes et le formateur, qui insiste sur la stricte observance des principes fondamentaux qui doivent guider le journaliste dans le traitement et la production de l’information, au risque de tomber dans le piège de la complaisance, de l’exagération et de tout autre moyen inadéquat, susceptible de porter atteinte à la dignité humaine. “Vous devez faire preuve de retenu”, interpelle le formateur. Pour ce qui est de l’information ayant trait à la justice, Dr Ali recommande le respect du triptyque Mesure-Rigueur-Honnête dans le traitement des décisions de justice. “Pas de commentaire, pas d’analyse, qui soit maladroit, car, les prévenus, jusqu’à l’établissement de la preuve de leur culpabilité, bénéficient des principes généraux de la présomption d’innocence, du secret de l’instruction et du secret de la vie privée”, informe-t-il, avant de conclure, en énumérant les principes concourant à la dignité humaine que sont la justice, l’égalité entre les hommes, la juste répartition des ressources et le respect des lois et règlements, qui ont pour opposé, l’injustice, l’inégalité sociale, l’exclusion, l’accaparement des richesses, l’impunité et autres, qui conduisent à des crises sociales, et donc à l’extrémisme violent.

Thomas Reoukoubou