C’est la préoccupation au cœur d’un atelier de contextualisation des Directives contre les mauvais placements, élaboré par SOS Villages d’enfants Tchad, tenu du 22 au 23 décembre 2020 au Cefod, en collaboration avec l’Union des associations de protection de l’enfance au Tchad (Uapet). Il a été placé sous le patronage du ministère de la Femme et de la petite enfance.
L’objectif global a été de contribuer à la prévention contre les mauvais placements ou placements fantaisistes et inadéquats des enfants dans les organisations de prise en charge au Tchad. Les parties prenantes à l’atelier (gouvernement, partenaires et institutions locales de prise en charge) reconnaissent que la meilleure place d’un enfant n’est nulle part ailleurs que dans sa famille biologique et tout placement en institution devrait se faire dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Le directeur national de SOS Villages d’Enfants Tchad a informé les participant que son institution est membre de la fédération SOS Villages d’Enfants International présente dans 135 pays, et qui a pour mission de donner une famille aux enfants en difficulté, les aider à bâtir leur propre avenir et participer au développement des communautés locales. SOS Villages d’Enfants assure la protection holistique de l’enfant par la prise en charge notamment la santé, l’éducation, l’alimentation, le logement et la protection ainsi que l’habillement. Sa vocation est de donner une sécurité sociale aux enfants qui en manquent. Face aux nombreux défis internes et externes auxquels elle est confrontée, SOS Villages d’Enfants international a amorcé une réforme de son système de prise en charge en se dotant d’une stratégie 2030 et d’une politique dénommée “Care promise” en 2018. C’est dans cette optique que SOS Villages d’Enfants international a élaboré en 2019, à l’échelle de la fédération, des directives contre les mauvais placements “Gatekeeping” pour la mise en œuvre de l’engagement 3 de SOS Care promise : “Nous favorisons le renforcement de la famille et la solidité de la prévention, et nous assurons la meilleure option de prise en charge à chaque enfant”. Ces directives de portée générale visent à promouvoir le renforcement des familles vulnérables et à n’envisager l’option de prise en charge de remplacement pour chaque enfant, qu’en cas de nécessité, et lorsque l’option de prise en charge de remplacement est adaptée à sa situation et dans son intérêt supérieur. Il s’agit pour SOS Village d’Enfants d’améliorer le processus d’admission, de prise en charge et de réintégration en famille d’origine des enfants qu’elle a pris en charge dans ses villages. SOS Villages d’Enfants international a recommandé à chaque association membre, dont SOS Villages d’Enfants Tchad, de mettre en œuvre ces directives à l’échelle nationale en 2020, en les adaptant au contexte du pays, notamment à la législation nationale relative à la protection de remplacement.
Six présentations ont permis à l’assistance de mieux comprendre les enjeux liés à la prise en charge de l’enfant. Il s’agit notamment de la prise en charge alternative des enfants privés du milieu parental par Mme Motoyam Nanitom, coordinatrice du sous Cluster de protection de l’enfant à l’Unicef ; la situation de la prise en charge des jeunes (structure, défis liés à la prise en charge des jeunes et perspectives), qu’est-ce que la prévention contre un mauvais placement des enfants? Pourquoi avons-nous besoin de ces directives pour la prévention contre un mauvais placement ? Les forces du système de prévention contre un mauvais placement, la prise en charge de qualité ; prise en charge alternative: Choix de la meilleure option de prise en charge pour chaque enfant (conditions d’accueil), l’état des lieux des acteurs locaux de prise en charge alternative, la situation des enfants en besoin de prise en charge au Tchad (estimation des effectifs), l’état des lieux du cadre juridique et institutionnel de la protection de remplacement au Tchad, les avancées, les défis, les perspectives et quels apports possibles de l’Etat dans la prise en charge alternative au Tchad par la directrice de l’enfance Zara Ratou, représentante de la ministre de la Femme et de la petite enfance, à la clôture. Zara Ratou s’est réjouie de cette initiative de SOS Villages d’Enfants Tchad qui vise à prévenir les mauvais placements des enfants dans les centres de prise en charge des enfants au Tchad.
Elle a reconnu que l’Etat consent des sacrifices nécessaires pour assurer une prise en charge aux enfants vulnérables conformément aux normes fixées par la CDE et ses lignes directrices. “Je voudrais porter à votre connaissance l’adoption des Lignes directrices nationales pour la prise en charge alternative au Tchad signée en octobre 2020. Cet instrument permet désormais aux organisations de prise en charge de travailler selon les règles officiellement établies. Pour ce faire, il serait important de procéder à une vulgarisation de ces directives. Ce travail ne sera effectif que grâce à la contribution indispensable de la presse dont je salue au passage sa participation de bout en bout à cet atelier”, a-t-elle conclue.
Des recommandations pertinentes émises
Les échanges ont conduit à l’élaboration des recommandations.
Au Gouvernement : élaborer une loi protégeant les structures d’accueil pour enfants en situation de vulnérabilité ; redynamiser la coordination des acteurs de la protection des enfants ; mettre en place des mesures de lutte contre l’impunité des auteurs et coauteurs de la traite, du viol, du mariage des mineurs, de l’exploitation et des trafics des enfants ; accélérer le processus de l’adoption du code de personnes et de la famille ; accélérer le processus de l’adoption du code de l’enfant ; élaborer et mettre en œuvre la politique et stratégie de protection de l’enfant ; vulgariser les Lignes directrices relatives à la prise en charge alternative des enfants dans les structures de prise en charge signée en octobre 2020 ; redynamiser et rendre opérationnel la Coordination nationale de protection de l’enfant ; actualiser l’analyse de la situation de l’enfant (Asde) au Tchad ; apporter un appui financier et matériel aux centres de prise en charge des enfants en situation difficile ; mettre en place une base de données nationales de la prise en charge alternative des enfants et adopter et vulgariser une loi régissant les familles d’accueil des enfants en vulnérabilité.
Aux partenaires techniques et financiers et ONGs, apporter un appui technique, matériel et financier aux organisations œuvrant pour la prise en charge alternative des enfants ; renforcer le réseau existant en impliquant d’autres acteurs intervenant dans le domaine ; harmoniser les textes des directives ratifiés par le Tchad avec ceux de la plateforme de la protection de l’enfance ; renforcer le mécanisme de suivi et d’accompagnement des enfants en placement.
Dans le contexte de Covid-19, apporter un appui financier et matériel conséquent pour la prise en charge des enfants vulnérables davantage fragilisés par la crise sanitaire y relative.
Roy Moussa